En famille, seuls, ou entre amis, ils pénètrent au compte-goutte dans l’enceinte du Collège Stanislas à Outremont. Samedi 25 mai, les ressortissants français inscrits sur les listes consulaires ont jusqu’à 18h pour voter pour les élections européennes 2019.
Les 17 bureaux de vote pour les électeurs inscrits sur la liste de Montréal se trouvent au Collège Stanislas, « un établissement scolaire français emblématique, qui possèdent les infrastructures nécessaires », nous explique-t-on au Consulat. Un dix-huitième bureau est lui situé dans les locaux de l’Ambassade de France à Ottawa, pour les électeurs du secteur Gatineau. « Les autorités canadiennes préfèrent que tous les bureaux soient regroupés au même endroit, c’est plus facile pour sécuriser le périmètre », nous indique la sécurité. Quant à l’accessibilité, tout est prévu : trois entrées, dont une pour les familles avec poussettes, et une autre pour les personnes à mobilité réduite.
Si les élections européennes mobilisent habituellement assez peu les Français de l’étranger – moins de 10% de participation à Montréal lors des dernières élections de 2014 – le dispositif est le même que pour les autres élections : « à 100% ». Les scrutateurs, eux, seront minimum huit par bureaux, soit près de 150 bénévoles.
« Toutes les élections se déroulent habituellement au Collège Stanislas ou à Marie de France », précise la Consule de France, Catherine Feuillet. « Mais pour faire face à la participation massive aux élections législatives de 2017, nous avons pu installer des bureaux de vote dans les deux établissements en même temps », précise-t-elle.
Hugo Xavier, avocat franco-québécois, se souvient encore de ces élections présidentielles de 2017, « où il fallait attendre plus de deux heure pour pouvoir voter ». « C’est loin d’être le cas aujourd’hui ! », constate-t-il. Pourtant, le trentenaire s’est déplacé pour exprimer son mécontentement quant à la direction que prend la politique de l’Union Européenne. « J’étais pro-européen, mais depuis trois ou quatre ans, je suis déçu de cette Europe des lobbies et des nouveaux traités de libre-échange », explique-t-il. « Je voudrais une Europe à construire tous ensemble, entre européens, pas qu’on devienne des Américains d’Europe », lance-t-il. Alors, pour « avoir un sentiment de contrôle sur l’Europe même en étant à l’extérieur », il est parti voter en famille. Sa conjointe québécoise l’attend à l’extérieur, faute de pouvoir entrée. « C’est mon devoir de maudit Français ! », plaisante-t-il.
Du côté de la sécurité, on nous confie que les derniers combattants du devoir civique arrivent par vague, depuis 8h du matin. « À chaque métro ou bus, on voit des groupes arriver ». Certains attendaient même avant l’ouverture, dès 7h30.
Pour éviter les problèmes de stationnement, le Consulat a vivement incité les votants à venir en transport en commun. Alors, comme Julie Lagrois, étudiante, beaucoup sont venus entre amis, et comptent bien aller bruncher après. « En plus, il fait enfin beau, alors ça nous fait une sortie ! », explique cette citoyenne pragmatique. Ou alors, comme Jeanne Martin, la soixantaine – dont 40 ans au Québec – d’autres viennent accompagner un proche. « Moi, je ne vote pas, car ça ne sert à rien, ce sont tous les mêmes ! », clame-t-elle. « Mais je dois accompagner ma mère. Pour elle, c’est important ». On croise en effet toutes les générations dans le grand gymnase du Collège Stanislas, où sont installés les bureaux de vote. « Les votants sont un échantillon très représentatif de la communauté des Français à Montréal », note la Consule générale de France.
Deux changements majeurs sont intervenus cette année concernant les modalités de vote à l’étranger, rappelle Catherine Feuillet. En effet, depuis 2019, il n’est plus possible pour les Français de l’étranger d’être inscrits à la fois sur une liste électorale consulaire et de leur commune d’origine en France. L’inscription sur l’une des listes vaut radiation automatique sur l’autre.
Alors, naturellement, le nombre d’inscrits sur la liste à Montréal a diminué, certains ressortissants préférant voter en France. Ou d’autres, comme Sabrina Baret, vendeuse en PVT, ont tout simplement « oublié » de s’inscrire sur les listes électorales. Pourtant, le deuxième changement administratif cet année était favorable aux retardataires tête-en-l’air. « Désormais, les ressortissants français ont jusqu’à six semaines avant le vote pour s’inscrire sur les listes électorales consulaires, en ligne ou en personne au consulat. Avant, c’était jusqu’au 31 décembre N-1 », rappelle la Consule générale.
« Pour ces élections, on compte 51 000 électeurs potentiels, sur 61 000 inscrits sur les listes consulaires », explique Catherine Feuillet. Si l’on considère que plus 120 000 Français vivent à Montréal, une personne sur deux serait passée à côté de cette formalité. « Ce n’est pas obligatoire, mais s’inscrire permet de poursuivre le lien citoyen même à l’étranger », rappelle la Consule.
Reste aussi la procuration – « environ 400 faites par les Français de Montréal »- que l’on peut demander à un proche resté en France, inscrit sur la liste électorale de sa commune de rattachement. Une démarche à réaliser auprès du Consulat.
Si vous êtes inscrits sur les listes, et voulez faire un acte citoyen, n’oubliez pas une pièce d’identité officielle française, et rendez-vous au 780 Bd Dollard (accès unique par la rue Dollard/croisement Van Horne) avant 18h !