Du sirop d’érable, des figurines des cônes orange de Montréal, des porte-clefs caribous, des casquettes, etc : pas facile de trouver des cadeaux-souvenirs originaux. Et si vous rameniez un bout de Montréal à vos proches ? C’est le projet fou de Rachid Idjedaini et Fred Estimbre (Byebye Bambi c’est lui), deux Français de Montréal en amour avec la pierre grise qui a bâti la ville. Caÿul est lancé.
“Ca” pour Canada, “yul” pour l’aéroport et le tréma sur le y pour le côté humain et fun, avec le petit smiley qui se dessine sous nos yeux (ébahis). “Tout est parti d’une joke ! Un jour, Fred m’a raconté qu’au Canada, ils avaient découvert les plus anciennes roches au monde et il m’a juste dit : ce serait sympa si on pouvait en vendre”, se souvient Rachid qui, comme son acolyte, a passé une vingtaine d’années à travailler dans le milieu de la communication. “C’est la première fois qu’on lance un truc low-tech! Même s’il faut un peu de haute technologie quand même pour graver “MTL” sur nos petites roches”, lance le duo en riant.
Si leur projet peut faire sourire, la cause est noble et très symbolique. “On a voulu essayer de créer des produits simples, surprenants mais chargés de sens. On pourrait se dire que ce n’est qu’une petite pierre mais c’est plus que ça, c’est un retour aux sources”, racontent les deux associés tous deux âgés de 43 ans.
Et d’après eux, rien n’est plus montréalais que cette roche sédimentaire qui a bâti la ville et ses bâtiments patrimoniaux. “Qu’est-ce qu’il y a de plus montréalais que cette pierre grise qui est dans le sol depuis des milliers d’années? Sans elle, Montréal n’aurait pas ce look à l’heure actuelle.”
Si les carrières de l’île de Montréal sont maintenant fermées et transformées en Parc Laurier ou Parc Père-Marquette (un peu comme les Buttes Chaumont à Paris), il existe une carrière ouverte qui exploite le même filon : à Saint-Jacques-le-Mineur. “C’est la seule qui peut fournir cette pierre là. On leur a montré le projet et ils étaient super emballés ! Ils ont compris qu’on allait valoriser le patrimoine et les faire connaître, on est en partenariat avec eux aujourd’hui”, confie Fred qui, petit, rêvait aussi d’être archéologue.
Ce qui rend le projet encore plus fou ? Chaque pierre est unique car choisie à la main. “Ça parait lunaire aujourd’hui, surtout pour nous qui avons l’habitude de travailler derrière des ordinateurs toute la journée !”, raconte les deux passionnés qui n’hésitent pas à aller dans la carrière équipés de la tête aux pieds pour dénicher la perle (roche) rare. “C’est un processus impossible à industrialiser puisqu’il faut que chaque pierre puisse se poser convenablement avec un bel angle, pas trop grand pour que ça rentre dans notre boîte, etc. Faut que ça nous plaise!”
Caÿul c’est aussi une jolie manière, quasi enfantine (que celui ou celle qui n’a jamais collectionné des cailloux me jette la première pierre), de prendre le contre-pied de l’air du temps, de toutes ces choses dont on pourrait se passer. Les petits porte-clefs Tour Eiffel ? Par exemple. “Paris aussi, comme Montréal, avait sa propre carrière. Elles sont rares ces villes-là”, souligne encore Fred selon qui, il est important d’avoir des objets chargés d’Histoires/histoires, à mille lieues des matières plastiques.
En plus de la petite pierre grise, un disque de bois d’érable canadien trône fièrement dans la petite boîte en carton (produite à Québec). “À terme, notre idée c’est de récupérer du frêne abattu à Montréal dans lequel on va venir découper le disque et graver le support”, confie le duo, jamais à court d’idées.
Par amour pour Montréal
“J’ai beaucoup voyagé et par accident, j’ai visité le Québec. Dès que je suis arrivé, j’ai vécu un phénomène très spécial : pour la première fois, je me suis senti chez moi”, se souvient Rachid, très attaché à Montréal, ravi de pouvoir en offrir un bout grâce à sa pierre grise vendue 16,99$ en guise de souvenir.
D’après les deux associés, leurs “cailloux” ressemblent trait pour trait à Montréal : c’est à la fois raffiné et rough. “T’as des bâtiments qui datent du 19e et d’un seul coup tu aperçois un parking puis une tour, etc. Il y a un peu de ça dans Montréal, ce côté caillou brut avec une touche de raffinement avec ce côté multiculturel, sa grosse culture artistique, etc”, raconte Fred, encore sous le charme.
Quant aux éventuelles vertus thérapeutiques de la pierre grise, ne cherchez pas : elle n’en possède aucune ! Mais… “Elle est chargée de matières organiques, donc il peut y avoir des fossiles cachés”, précise Fred. “Elle est aussi très résistante au froid et au feu”, ajoute Rachid avant de préciser qu’il faut éviter de la jeter sur quelqu’un. “Ça peut faire mal!”, prévient le duo qui vous recommande d’en acheter plusieurs à la fois. “Il ne faut surtout pas laisser sa pierre seule, elles vivent par deux. Et puis c’est un cadeau impérissable qui convient même aux véganes.”
Pour en savoir encore plus, on vous laisse le soin de jeter un oeil à la notice bilingue qui accompagne ces petites pierres. On parie qu’elles deviendront précieuses aux yeux de tous les Montréalais.es de coeur, d’ici et d’ailleurs.