Frédéric Léotar, conférencier et professeur, a également cofondé en 2017 le Centre des Musiciens du Monde dont il est depuis le directeur général. Le 26 mai, il présente « Odyssée », un voyage à travers le continent asiatique, dans le cadre du Festival Accès Asie. Rencontre avec cet ultra-spécialiste passionné.
Il est anthropologue spécialisé dans les cultures musicales d’Asie centrale. Chargé de cours à l’Université de Montréal et à l’UQAM, Frédéric Léotar initie les étudiants à l’ethnomusicologie, cette curieuse science qui propose d’étudier les sociétés sous l’angle de leurs traditions musicales. « Chez nous, les traditions musicales paraissent logiques, mais dans d’autres cultures, elles représentent souvent des valeurs qui diffèrent des nôtres », explique le chercheur.
Universitaire mais aussi entrepreneur : Frédéric Léotar a cofondé le Centre des Musiciens du Monde en 2017, un OBNL dont il a pris la direction. L’établissement a pour mission d’accueillir des artistes en résidence (environ quatre par an, en carte blanche). Mais aussi une mission sociale de diffusion des œuvres auprès du grand public, avec par exemple des ateliers d’éveil musical pour les enfants.
Dimanche 26 mai, le Centre des Musiciens du Monde ouvre donc ses portes pour accueillir l’un des événements du Festival Accès Asie, qui fait vibrer Montréal aux sonorités d’Extrême-Orient et d’Asie. Odyssée se veut un voyage à travers le continent asiatique. Au programme, les danseuses de l’ensemble de musique Giri Kedaton présenteront leur répertoire de danses balinaises de 14 à 16h. Frédéric Léotar accueillera le public pour cet événement à entrée libre, pour un voyage culturel sans bouger de Montréal. En effet, il proposera de découvrir des traditions musicales encore vivantes et très variées en provenance des espaces nomades d’Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan et du Karakalpakstan (une république autonome de l’Ouzbékistan).
Le centre organise également la deuxième édition du Festival des Musiciens du Monde du 31 mai au 2 juin. « Une bonne occasion pour découvrir les œuvres de nos artistes en résidence, et de rencontrer nos musiciens », suggère le conférencier. De nombreuses activités gratuites pour tous auront lieu dans le Parc Lahaie.
Car la mission de Frédéric Léotar, c’est de sensibiliser à l’interculturalité à travers la musique. La première fois qu’il a entendu un répertoire de musique de Sibérie méridionale étant étudiant, en 1990, Frédéric Léotar a été « sonné ». Un vrai « coup de cœur », notamment pour le « chant diphonique », cette capacité pour un musicien d’émettre plusieurs sons en même temps avec sa gorge, qui pousse le jeune homme à se spécialiser dans ces traditions musicales. En 1994, il réalise son rêve, et se rend chez les Touvas en Asie centrale, à la rencontre des traditions musicales orales. Une première rencontre marquante, qui ouvrira la voix à des années de terrain.
D’abord, étudiant en ethnomusicologie à l’Université Paris X Nanterre, Frédéric Léotar poursuit avec un doctorat en cotutelle avec l’Université de Montréal. Après avoir soutenu sa thèse en 2004, il s’engage dans un post-doctorat, direction l’Alberta. Ses nombreux voyages d’exploration du terrain et son expertise l’ont amené à participer à des projets d’inventaire patrimonial et de numérisation d’archives sonores rares. « J’y suis allé d’abord seul pour enregistrer des chants transmis par tradition orale par des mamans ou des grands-mères par exemple. Puis, j’y suis retourné avec l’UNESCO en 2011 pour les aider à documenter ces chants. »
Les quinze ans de recherches de Frédéric Léotar sur les traditions musicales d’Asie Centrale et de Sibérie méridionale sont synthétisées dans « La Steppe musicienne », parue aux éditions Vrin en 2014. Un ouvrage qui a été récompensé par le Prix Opus du livre sur la musique, décerné par le Conseil québécois de la musique.
Yaxshi namoyishlar !