On vous en parlait l’année dernière. Dylan Auguste, un ambulancier bordelais, a décidé de s’installer à Vancouver en s’y rendant à pied depuis Montréal… en plein hiver. Contre vents et tempêtes de neige, donc. Depuis son départ mi-janvier, nous le suivons à la trace sur Instagram. Il nous a accordé quelques minutes par téléphone pour nous donner des nouvelles du front.
“Je suis un peu fatigué mais ça va”, nous a confié Dylan mardi matin, qui profitait de l’hospitalité “incroyable” de ses hôtes d’un jour (Christine et Marc) installés à Mattawa, en Ontario, pour reprendre des forces. “Je n’étais pas au top ces derniers temps, j’ai eu de grosses douleurs de tendinites et mes genoux souffrent beaucoup avec le poids de mon sac”, raconte le Français qui avoue “en avoir parfois marre” sans pour autant vouloir jeter l’éponge. “Ça fait un mois que je me fais défoncer par le froid, c’est épuisant mais je sais que ça va s’arrêter. L’hiver est rude ici, ça faisait partie du challenge”.
Ce qui le démoralise le plus ? Se réveiller le matin et voir que tout est gelé dans sa tente, y compris ses vêtements. “Ça fout un petit coup au moral, c’est sûr”, confie le jeune homme très soutenu par sa petite-amie par téléphone. “Elle est incroyable, elle m’aide à ne pas lâcher. Tout comme certaines personnes que je rencontre au hasard de mon périple : je pense notamment à Harrisson, un Canadien qui a partagé mon histoire sur ses réseaux. Grâce à lui, j’ai reçu énormément de messages de soutien et d’encouragements. Ça me fait sentir moins seul, ça fait du bien”, raconte le Français qui a besoin de “bonnes ondes” pour redémarrer et ne pas se laisser happer par la solitude. “Quoiqu’il arrive, je savais que traverser le Canada en plein hiver, ça n’allait pas être une randonnée tranquille comme sur le Bassin d’Arcachon !”
Mordu par le froid
S’il souffre du froid, l’ambulancier lutte aussi contre une certaine monotonie puisqu’il passe la majeure partie de son temps à marcher le long des autoroutes. “Je marche en ligne droite et autour de moi, c’est toujours le même paysage : des arbres et de la neige à répétition”, rapporte le sportif, maintenant habitué aux températures glaciales mais aussi à l’impact du vent sur son rythme de marche. “Un jour, c’est descendu jusqu’à -40° : j’avoue que c’est très surprenant pour l’organisme. C’est comme se faire mordre par le froid, littéralement. (…) Mais c’est le vent qui me fatigue le plus, surtout par -25 ou -30°, ça te tétanise“.
Pour se nourrir, le Bordelais trouve toujours de quoi se remplir l’estomac sur son chemin : des petits supermarchés en passant par les fameux Tim Hortons. “Je ne mange pas comme un prince, c’est sûr, mais ça aussi c’était prévu !”, raconte Dylan qui se contente de barres de céréales, de burgers et de pizzas, entre autre malbouffe. Malgré les imprévus (son réchaud a cassé au bout d’une semaine, par exemple), il reste philosophe. “J’apprends à faire preuve de plus de patience et de discipline”, confie le baroudeur dont les sentiments partagés se mélangent. “À la fois, j’ai envie de courir pour aller plus vite et en même temps j’ai envie de profiter du moment même si c’est difficile. J’essaie de trouver un équilibre.”
Et s’il n’a encore croisé aucun orignal ni loup ni ours sur son chemin, il ne perd pas espoir. “J’ai trouvé une biche morte sur ma route ! C’est le seul animal un peu exotique que j’ai vu pour le moment”, ironise le solitaire qui prévoit d’arriver à Vancouver en juillet après un “break” de deux semaines en compagnie de sa dulcinée à Winnipeg. “Elle va venir récupérer mon sac d’hiver et me donner mon sac d’été, je vais me sentir plus léger”. Bon vent !