Il a la tête sur les épaules et son cellulaire à portée de main. Tom Moyal, 20 ans, est arrivé à Montréal pour ses études en 2015. S’il a d’abord été orienté par erreur au Cégep (alors qu’il avait déjà son bac), le jeune homme a réussi à transformer l’essai. “J’avais une folle envie de faire du design”, se souvient celui qu’on appelle désormais Mr Snapchat et qui a fini par intégrer un programme en design web. La suite ? Elle s’appelle Filters Event.
“J’ai toujours aimé l’Amérique du Nord et New-York en particulier mais mon niveau d’anglais étant ce qu’il est, j’ai opté pour la facilité : Montréal”, raconte le jeune homme, entouré de ses deux caméramans durant l’entrevue (vlog oblige). Sur les réseaux sociaux, Tom navigue comme un poisson dans l’eau, surtout sur Snapchat et très peu sur Facebook. “Avant je prenais des photos avec mon téléphone, maintenant je n’utilise que Snapchat ! C’est un outil marketing précieux surtout auprès des 14-28 ans”, raconte le passionné, calé sur le sujet.
Son premier filtre Snapchat ? C’est pour son anniversaire qu’il l’a fait, le 4 octobre 2016. “J’avais fait un petit design avec un cartoon de moi-même en insérant “Happy Birthday Tom” et en localisant le filtre dans le club où j’étais sur St-Laurent”, raconte simplement le féru d’art et de nouvelles technologies. Résultat : toutes les personnes présentes dans l’établissement étaient au courant que c’était son anniversaire. “Il y a même des inconnus qui m’ont reconnu grâce à mon filtre Snapchat et qui sont venus me voir ! C’était fou”, se souvient Tom qui a compris qu’il venait d’ajouter un petit plus à une grosse appli.
La semaine d’après, rebelote, pour l’anniversaire d’un ami. De fil en aiguille, il se rend compte qu’il y a un filon à exploiter. Son concept ? Des filtres Snapchat localisés et personnalisés accessibles à toutes les personnes qui y sont présentes à un moment donné. Les utilisateurs de Snapchat peuvent ensuite choisir d’ajouter un graphique à leurs photos ou vidéos avant de les publier auprès de leurs amis. “L’avantage avec mon produit c’est que j’ai des statistiques : je sais qui voit et/ou utilise le filtre. Les utilisateurs de Snapchat utilisent des filtres pour se vanter d’être à un événement particulier, mais le potentiel publicitaire est bien plus grand. (…) Actuellement, il n’y a pas de meilleur moyen de diffuser un message organiquement”, lance l’artiste-geek qui considère le filtre Snapchat comme un fond d’écran “qu’on gomme un peu”. “La base d’un filtre c’est que ce soit ajouté sur une image ou une photo mais qu’on continue à voir cette image ou cette photo. J’essaie de rendre ça beau !”. Et ça marche.
La preuve que son concept fonctionne ? Le concert du rappeur français très connu. “En plein show, il a utilisé un filtre que j’avais créé pour l’occasion : ça lui a permis d’atteindre 600 000 personnes contre 20 000 espérées initialement”, confie le fan de Drake.
Autre coup de maître : des demandes de filtres localisés et personnalisés de la part de mannequins qui participaient à la Fashion Week à Milan et Paris. Sans parler des entreprises qui le contactent maintenant directement pour adapter leur flyer à leur filtre Snapchat personnalisé. “Elles recherchent une identité visuelle harmonieuse ! D’autres découvrent qu’elles peuvent utiliser les filtres pour marquer leurs événements, organiser des concours, promouvoir des offres sur leurs produits, cibler les emplacements de leurs concurrents, etc”, rapporte le jeune entrepreneur qui reconnaît qu’il doit beaucoup à Montréal dans sa réussite.
“Si j’étais resté en France, je suis sûr que je serais resté dans mon quotidien un peu banal. J’aurais peut-être fait un BTS mais je n’aurais pas eu la même ouverture d’esprit et surtout je n’aurais pas fait les mêmes rencontres”, explique Tom qui a compris très tôt qu’il ne pouvait rien faire seul. Il travaille maintenant avec une équipe de photographes et de vidéastes mais aussi avec un partenaire pour développer son business à Montréal et des commerciaux en France.
Sa cible actuelle ? Les artistes français encore peu connus une fois l’Atlantique traversé. “Ils sont accessibles et ouverts quand ils débarquent ici ! Ils cherchent à se faire connaître et pour ça je peux les aider”. Son but ultime : travailler avec les Américains, d’ici deux ans peut-être. Chaque chose en son temps.
D’ici la fin de l’année, il prévoit déjà de lancer sa compagnie qui regrouperait l’ensemble de ses compétences en une seule et même entité : conception vidéo, photos, création de logos et de sites web, gestion de réseaux sociaux, entre autres. “Certaines entreprises pourraient gagner facilement 10 000 followers sur Instagram mais ne le savent pas encore ! On pourra leur expliquer tout ça et les aider”, confie Tom qui ne s’imagine pas rentrer en France. “J’ai eu un avant et un après Montréal : mes grands moments de vie sont ici.” En attendant, swipons…