Vous connaissez peut-être son blog “Patate & Cornichon” sur lequel elle répand ses recettes véganes “simples et rapides”. Depuis deux ans, Eline Bonnin, 25 ans, est aussi la chef du joli Café Tuyo (à tendance zéro déchet) au 370 rue Marie-Anne. Rencontre aux petits oignons.
C’est un emploi sur mesure que cette Nantaise d’origine s’est créé en prenant les rênes de la cuisine du Café. “Je leur ai simplement proposé de tout faire moi-même sur place. Ça a plu ! Petit à petit, on a fini par abandonner les fournisseurs qui apportaient les pâtisseries et autres viennoiseries tous les jours”, raconte la Française, diplômée d’un lycée hôtelier qui a longtemps travaillé dans l’univers de la cuisine traditionnelle en France.
Devenue végane par amour (son conjoint est végane depuis plus longtemps qu’elle) et par conviction, elle a commencé à donner des cours de cuisine végétale à Lyon en 2015. “C’était hyper intimiste, on était 4 ou 5 chez moi le soir”, se souvient Eline Bonnin qui reconnait que la cuisine végane a été un réel défi au début. Mais elle n’a jamais baissé les bras et a décidé de prendre le taureau par les cornes.
“J’ai lu, j’ai réfléchi longuement sur le véganisme… Et au bout de quelques mois, tout faisait du sens”. C’est surtout après avoir lu l’essai du Québécois Martin Gibert, Voir son steak comme un animal mort, que le déclic a opéré. “C’est un petit livre clair et efficace qui fait un grand effet. J’adore l’approche de l’auteur qui a une réflexion rationnelle qui tient en une phrase : on sait que c’est cruel, on sait qu’on n’en n’a pas besoin, donc on arrête. C’est une réflexion universelle”, résume Eline Bonnin avant de rappeler que les animaux ne sont pas des marchandises.
Désormais installée au Canada pour donner vie à son rêve d’enfant et à son projet de couple, elle ne regrette pas son choix. Loin de là. “C’est nettement plus facile d’être végane ici qu’en France ! Surtout à Montréal“, lance la chef qui estime qu’à Québec, ce n’est pas aussi simple. “C’est un peu comme à Lyon ou à Toulouse, par exemple : ce sont des villes où la gastronomie est tellement présente que le véganisme n’a pas sa place. Pas pour le moment, en tout cas”, raconte celle qui considère que l’attrait pour le véganisme est intimement lié à une certaine ouverture d’esprit propre aux métropoles multiculturelles.
“Je ne suis pas devenue végane parce que ça m’amusait de manger du tofu”
Qu’est-ce qu’on mange au Café Tuyo ? Des plats du jour santé comme un bol méditerranéen avec des boulettes d’aubergines, du tzatzíki et des concombres. “C’est assez différent des recettes que je propose en ligne ou dans mon livre (NDLR : “Les bonnes choses” qui sortira le 28 août au Québec)”.
Son conseil à celles et ceux qui aimeraient tendre vers le véganisme ? “Il faut essayer de reproduire les recettes préférées de nos parents en remplaçant certains ingrédients. Par exemple, la crème de vache est très facile à remplacer par de la crème végétale et ça ne change rien niveau goût ! Petit à petit, notre manière de cuisiner va se transformer mais le plaisir de bien manger va perdurer”, rassure la Française, consciente du défi que cela représente.
“Je ne suis pas devenue végane parce que ça m’amusait de manger du tofu”, répond parfois Eline Bonnin à ses éventuel détracteurs, peu nombreux à Montréal, selon elle. “On devient végane pour des choses extérieures à nous, c’est une question de justice sociale fondamentale. Il faut se décentrer un minimum pour comprendre le véganisme”.
D’ici l’année prochaine, elle prévoit d’ouvrir son propre établissement végane à Montréal. “Ce sera un café/restaurant avec une carte bien étoffée et de la bouffe végane réconfortante. Ce sera gourmand !”, promet la Nantaise, fan de lasagnes, d’enchiladas et de frites. “Ça me soule quand c’est trop santé”. On a hâte de goûter…