Au Québec ou ailleurs, la réussite d’une nouvelle vie dépend de nombreux facteurs. Une fois qu’on a pris ses marques en trouvant du travail, même si ce n’est pas encore le poste de nos rêves, vient la question sensible de l’intégration sociale (voire affective) où l’amitié y tient un rôle primordial.
Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une activité professionnelle qui permette de rencontrer des personnes “intéressantes”, ou du moins qui nous intéressent nous ! Alors comment faire ? Voici quelques pistes de réflexion pour lutter contre l’isolement et pour se construire un tissu amical qui saura nourrir notre besoin de connexions, de partages et de stimulation.
Il en va de l’amitié, comme il en va de tous les rapports avec nos congénères : les codes culturels font partie de l’équation…
À chacun ses tribus
« J’ai déjà beaucoup d’amis et pas assez de temps ». C’est peut-être ce que la majorité des Québécois répondraient à un·e Français·e en quête d’amitié. Si certains nouveaux arrivants peuvent être un peu déroutés par un premier abord relationnel direct et même chaleureux des Québécois, cela peut parfois se gâter et ne déboucher sur… rien du tout. Toute est une question de perspective !
Les codes culturels relationnels français et québécois sont bien différents. L’accessibilité, le tutoiement, le sourire généreux peuvent être une source de malentendus. Et ce n’est pas parce qu’on a discuté pendant une soirée avec un natif que vous le reverrez forcément un jour ! Faites-vous une raison. Il ne s’agissait peut-être, pour cette personne, que d’un moment privilégié de qualité. Cela ne retire rien de la valeur de l’échange mais n’implique pas forcément un suivi, voire un approfondissement dans le temps auquel pourrait aspirer le Français néo-québécois. Dans une vie organisée et souvent très optimisée, il y a peu d’espace pour l’aventure amicale au Québec.
Une Française – on l’appellera Sylvie – partageait sa surprise, lors d’un événement de femmes d’affaires, de constater que des jeunes femmes à sa table pouvaient échanger, sans se connaître, sur des sujets qui, pour elle, relevaient de l’intimité (argent, relations de couple, etc).
Coco ou pêche, des fruits à saveurs bien distinctes
C’est une image parfois galvaudée, mais elle illustre bien une réalité culturelle. Les Français seraient plutôt “noix de coco” : il est difficile, de prime abord, de rentrer en contact avec eux mais une fois que la confiance est établie, on rentre dans le cœur du fruit en douceur. Contrairement aux Québécois qui seraient plutôt “pêche” : d’un abord chaleureux et souriant, mais leur intimité est un noyau difficile à percer !
En se questionnant sur nos amitiés passées, on pourrait retrouver la dynamique qui nous a permis de les construire en France. Souvent, c’est le partage d’une activité qui s’inscrit dans le temps (études, sport, hobby, proximité géographique), un centre d’intérêt partagé qui a permis de bâtir la confiance et un vécu commun.
Laisser le temps au temps
Se faire de nouveaux amis demande surtout de sortir de sa zone de confort, c’est exigeant mais ô combien valorisant. Le plus important : construire de multiples ancrages, dans différentes sphères de notre vie. En étant dans la démarche axée sur l’activité ou le centre d’intérêt, on peut échapper à l’écueil de l’immigrant s’orientant systématiquement vers ses compatriotes, par facilité ! On s’offre ainsi la chance de rencontrer différentes communautés, de la Québécoise de Chicoutimi au Brésilien, de l’anglophone de l’Ontario à la Béninoise, etc. Bref, le Québec comme on l’aime.
Quelques pistes concrètes…
–Faites du bénévolat dans un milieu qui vous inspire (sport, humanitaire, artistique, les activités de votre quartier, tout est possible). Vous y vivrez des expériences concrètes, votre réseau se développera avec des personnes de différents horizons géographiques qui partagent cependant des centres d’intérêt avec vous.
-Engagez-vous dans une activité de groupe à moyen terme (troupe de théâtre, équipe de sport collectif, etc), cela vous permettra de découvrir vos coéquipiers sur la durée et vous serez moins tenté de lâcher en cours de route. La complicité se nourrit de pérennité !
–Si vous êtes parents, vous allez découvrir un monde insoupçonné des non-parents : les activités autour de la vie des enfants ! Des cours prénataux, aux bébés nageurs, de la gym au ballet, des équipes de hockey à la participation au parascolaire, de l’engagement des parents au conseil d’établissement en passant par les tournois de soccer (dans tout le pays si votre héritier·e est doué·e, voire même à l’international). Bref, des années de plaisir où vous deviendrez amis avec certains parents à force de les côtoyer !
-Suivez toujours votre cœur : si vous aimez la permaculture, le codage ou l’escalade, pourquoi ne pas vous inscrire à un club qui offre aussi des sorties ? Si ce sont les arts qui vous tentent, choisissez un milieu propice au partage (stages, week-end de formation). S’engager dans une activité de votre quartier (reverdissement des ruelles, festivals culturels) offre un ancrage de proximité. Rien ne vaut le vivre ensemble pour développer des liens.
Enfin, il ne faut pas oublier que l’amitié nous enjoint à la patience, à l’engagement et au changement de paradigmes. Avec le temps, des relations profondes, des amitiés fidèles et solides peuvent se développer : elles participent à la richesse de notre vie, avec des amis d’ici ou d’ailleurs !