Du 6 juin au 13 octobre, le musée Pointe-à-Caillère célèbre les arts de la table et la gastronomie française. Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l”humanité par l’UNESCO depuis 2010, le repas français est issu d’une longue tradition de convivialité. Des banquets moyen-âgeux à la créativité des chefs étoilés d’aujourd’hui, (re)découvrez l’histoire des arts de la table.
Pour les Français, le sacro-saint repas est un moment important de la journée. Et cette tradition remonte loin, même si l’art de la table a évolué au fil du temps.
Au Moyen-Age, pas de couverts ou d’assiettes. Lors des réceptions, on dressait quelques tréteaux et une planche pour créer de longues tables. Une épaisse tranche de pain faisait office d’assiette pour les convives. Et jusque sous Louis XIV, on mangeait avec les mains. ‘‘Utiliser des couverts paraissait trop guindé’’, explique Francine Lelièvre, directrice générale de l’exposition. Le verre individuel ne fait quant à lui son apparition que dans la deuxième moitié du XVIII ème siècle.
Le service à la française consiste à mettre à disposition, ‘‘directement sur la table’’, une vingtaine de plats, détaille Francine Lelièvre. À l’origine, le repas à la cour est une sorte de ‘‘buffet’’, où chacun se sert de ce qu’il veut. Chaque service, composé de plusieurs plats, ne reste qu’une vingtaine de minutes sur la table, avant que le prochain ne soit apporté. Cette tradition expliquerait qu’en France, il est impoli de ne pas finir son assiette, “puisque vous vous êtes servi vous-même“.
Ce n’est qu’au XIXème siècle que le service à la russe prend le relais. Désormais, chaque plat est servi à son tour, à l’assiette, et les convives n’ont plus le choix entre plusieurs mets.
Le repas gastronomique français comporte au moins quatre services, explique Francine Lelièvre : entrée, poisson ou viande, fromage et dessert. ‘‘Le vin est tout aussi important : il doit s’accorder aux différents mets.’’ Pas question non plus d’utiliser des produits de basse qualité, estime la directrice de l’exposition. Mieux vaut privilégier les produits frais et locaux.
Pendant un repas gastronomique français, la conversation est une composante essentielle. ‘‘Vous devez parler des plats et de la qualité de la nourriture servie’’, continue-t-elle. Ainsi, discuter des arts de la table serait une condition sine qua none pour un repas à la française réussi. Fin XIXème, des ‘Biscuits, figurines en porcelaine (représentant des personnages), étaient disposées sur la table. Leur but ? Alimenter la conversation. Si vous ne saviez que dire à votre voisin, il vous suffisait de débattre sur la figurine placée devant vous !
Selon Francine Lelièvre, ‘‘les Québécois ont une véritable culture du repas’’, héritage du repas à la française. Au Québec, on resterait en effet plus longtemps à table que dans le reste du Canada. Le nombre de restaurants y est également plus élevé que dans les autres provinces.
Alors bon appétit !