Tété ne fait pas ses premiers pas à Montréal. Pendant quelques années, il y faisait régulièrement des aller-retours de Paris. “C’est excitant, c’est une ville où j’ai voulu vivre à un moment. Cette tournée, c’est une deuxième chance,” explique Tété, installé dans le train qui l’amène de Toronto.
En 2001 puis en 2004, il se faisait connaître à Montréal avec des passages aux Francofolies. Après 14 ans d’absence, il renoue avec son public canadien ce jeudi 13 juillet 2017 à l’occasion du Festival des Nuits d’Afrique, après un passage au Festival d’été de Québec et un autre en Ontario. “Pour avoir passé pas mal de temps ici, le public est très ouvert mais avisé, exigeant.”
Mais pour lui, la magie d’un concert réside dans l’énergie qu’il y met, les vibrations de la salle ce soir-là, et le mélange de personnes qui s’y rendra. Il est conscient que le marché pour son genre de musique –un mix de blues et folk– est déjà saturé en Amérique du Nord, où personne n’a besoin d’un énième guitariste, “de plus est qui ne vient pas d’ici.” Il l’approche donc avec humilité, curiosité et plaisir. “En jouant à l’international, on repart à zéro, et si ça se passe bien, c’est toujours une bonne surprise.”
Tété se prépare pour un concert en délaissant toutes attentes et idées préconçues, et refuse de surinvestir l’enjeu sur une date. Il préfère valoriser la magie du moment en se taisant et en restant à l’écoute du public pour nourrir sa prestation. “C’est comme prendre un café avec quelqu’un, si on y pense trop, c’est décevant, on n’est pas dans la légèreté de l’instant.”
Cette logique se retrouve dans ses racines musicales puisque Tété a débuté en écumant les terrasses parisiennes. Des milliers de concerts plus tard, l’itinérance du métier l’attire toujours autant, et après une série d’albums plus bavards, plus arrangés, plus fournis le long du chemin, des tournées au Japon et à Tahiti, il lui est permis de redécouvrir l’évidence de la simplicité de la scène. Il avait donc à coeur de produire un album où la guitare et la voix seraient au centre du processus créatif, ce qu’il a fait avec Chronique de Pierrot Lunaire, un album plus acoustique et intimiste.
Né au Sénégal, d’un père sénégalais et guinéen, d’une mère martiniquaise, il est arrivé en France à l’âge de deux ans. Le français est sa langue maternelle et la langue dans laquelle il élève ses enfants. “C’est une langue qui offre plein de nuances pour reformuler le réel, ce qui est au coeur de mon métier d’auteur,” ajoute-t-il. Tété s’honore de la “tâche noble, qui lui tient à coeur” qu’on lui confie de promouvoir la francophonie à l’international.
Son public en France le suit et lui permet d’avoir le luxe de se livrer à sa passion. “J’ai conscience de ma responsabilité vis-à-vis de ce public à qui je dois tant et je ne veux pas casser ce lien là,” nous dit-il. “Mais à l’étranger, m’affranchir de la spécificité linguistique me permet de me concentrer sur l’énergie, la mélodie et les riffs de mes chansons. Je laisse la musicalité s’exprimer par son universalité.”
C’est pour cette raison que Tété, voyageur itinérant, préfère faire tournée seul. “Plus on voyage léger, plus on peut voyager loin. Dans tous les voyages en groupe, on est replié sur soi. Mais en arrivant seul, le voyage est plus initiatique et permet de l’espace pour être à l’écoute de soi.” Il se résume en pêcheur de sourires, voyageant à travers le monde pour récolter les réserves de sourires au sein son public.
Tété jouera donc ce soir, jeudi 13 juillet, au Club Balattou (4372 boul St-Laurent) à l’occasion des Nuits d’Afrique.