Théo Le Vigoureux alias Fakear, le DJ venu de Normandie, s’est déjà fait un nom en Amérique du Nord grâce à une tournée mondiale. L’artiste atypique, au départ plus intéressé par le rock que par l’électro, était de passage à Montréal au Théâtre Corona ce 9 août 2018. On en a profité pour discuter avec lui de Geoffroy mais aussi de Kaytranada et même de Montréal, pour laquelle il avoue avoir le béguin.
Il aura fallu moins de cinq ans à Fakear pour s’imposer comme l’un des leaders de la scène électronique actuelle, réel fer de lance de beatmakers français comme Møme (qu’on a interviewé ici) ou Petit Biscuit (qu’on espère bientôt interviewer).
La raison de son succès, en Amérique du Nord notamment ? Il l’ignore encore. Mais comprend davantage l’engouement que suscitent DJ Snake ou Petit Biscuit, par exemple. “DJ Snake c’est un peu le patron en ce moment, il domine son game, il a bossé avec Diplo, entre autres. Il est presque plus américain que français lui ! Petit Biscuit aussi il a un son très américain, je trouve, très Odesza avec les canons à confettis, etc. C’est chanmé, il a l’air de s’éclater ! Moi je pense que mon label (NDLR : Counter Records) fait très bien son boulot et me programme sur les bonnes premières parties”, raconte Fakear, trop modeste, qui estime avoir construit son image en faisant les bonnes tournées. “Aux États-Unis, j’imagine que je vais peut-être chercher un peu le même public que Bonobo. Je ne sais pas trop en fait !”.
De son concert montréalais au Corona, il retient une configuration de salle surprenante, à savoir un format salle de concert, qui l’a d’abord un peu déconcerté. “J’étais tout seul en mode DJ : je m’attendais à ce que ce soit un peu bizarre et à ce que je me sente nu sur scène, et au final pas du tout”, raconte l’artiste, encore agréablement surpris par l’enthousiasme et le côté “bon enfant” de son public nord-américain.
L’artiste de 27 ans se réjouit aussi de pouvoir toujours compter sur la présence de ses compatriotes qui, même à 7000 kilomètres de leur douce France, répondent à l’appel de ses concerts. “Les Français qui vivent à Montréal et qui viennent me voir en concert ont clairement envie de faire la fête très fort : ça se ressent beaucoup ! En France, je ressens peut-être un peu moins d’interactions avec mon public. Ici, les gens se donnent”.
Il comprend d’ailleurs que les Français·es soient de plus en plus nombreux dans la métropole. Et pour cause, il est lui-aussi tombé en amour avec Montréal et sa scène électro hyper active. “Cette ville fait partie de mes projets de vie assez sérieux. J’envisage de venir vivre à Montréal : c’est une ville très agréable, hyper en avance sur son temps et super verte. On ne retrouve pas souvent ça dans les vieilles villes françaises où tout est très tassé, en général”, raconte Fakear qui ne s’imagine pas vivre à Paris. “Il y a trop de gens là-bas, même en plein mois d’août, les métros sont encore blindés.”
Bientôt un duo avec Geoffroy
Ses sources d’inspiration canadiennes ? Kaytranada, sans hésiter. Si vous ne le connaissez pas encore, on vous invite à le découvrir :
Il cite aussi Geoffroy (évidemment), l’auteur-compositeur et multi-instrumentiste montréalais, qui a fait plusieurs de ses premières parties. “On va travailler ensemble c’est sûr, je l’adore ! C’est devenu un super pote.”
D’ici 2019, il espère mener les bonnes batailles et ne pas se perdre là où il ne s’y retrouverait pas. “Je fais carrément référence à mon dernier album (NDLR : “All Glows”) : j’ai l’impression de m’être lancé dans un truc plus ouvert, plus pop, plus mainstream mais avec le recul, (…) j’ai réalisé que je perdais un peu de mon identité (…) Le pop n’est pas ma bataille, Diplo le fera toujours mieux.”