Depuis que vous êtes au Québec, vous avez dû vous familiariser avec l’inséparable duo “laveuse-sécheuse”, souvent l’une sur l’autre. Si vous habitez un “condo”, il se peut même que votre propriétaire vous interdise de posséder ces électroménagers, vous obligeant à laver votre linge dans les parties communes dédiées à cet usage. Explications.
Pour certains, comme Gabriel Césaire, Français mais Montréalais depuis 18 ans, l’interdiction d’avoir son duo laveuse/sécheuse dans l’appartement est rédhibitoire dans sa recherche d’appartement. “Je déteste devoir descendre en pyjama pour faire ma lessive”, confie ce professionnel du marketing.
Pourquoi ne peut-on donc pas laver son linge sale en famille ? Josée Charlebois, de l’Association des syndicats de copropriété du Québec, commence par préciser qu’il n’y a pas de “condo” dans la loi québécoise. Le terme serait une appellation populaire pour désigner soit une partie privative, ou l’édifice divisé lui-même en fractions.
Cette précision faite, s’il est interdit d’avoir un appareil de lavage dans la partie privative, c’est parce que le système de distribution et de récupération des eaux utilisés n’est pas adapté. “Par contre, ces immeubles souvent bâtis à l’époque où ces appareils n’existaient pas, ont intégré un centre de buanderie commun”, nuance Josée Charlebois. Quant à la sécheuse, c’est le système électrique qui est en cause. Souvent, les édifices n’ont pas été conçus pour recevoir les tuyaux d’évacuation de l’air (tuyaux de sécheuse). En particulier les bâtiments anciens, ou ceux qui grattent le ciel à 200 mètres et plus.
Pour Josée Charlebois, il faut aussi prendre en compte la configuration des lieux. “Une partie privative de 50 mètres carrés ne permet pas d’inclure un espace pour ces appareils, ou si le promoteur le fait, vous aurez une micro cuisine, mini salle de douche”. Une préoccupation bien éloignée de celles des bailleurs parisiens…
De son côté, le gouvernement canadien met en garde contre les moisissures et ses effets néfastes sur la santé, en recommandant l’utilisation d’une sécheuse.
Camille Poirier, PVTiste française de 26 ans, raconte que le propriétaire de son appartement de Rosemont lui a interdit d’étendre son linge. Pourtant, Josée Charlebois est formelle : “Les interdictions d’étendre le linge à l’intérieur de la partie privative, nous n’avons jamais vu cela !” Si à l’extérieur, l’esthétisme entre parfois en jeu, surtout “dans les agglomérations à haute densité de population et là où le linge risque de s’envoler”, il n’y a aucune loi provinciale interdisant les laveuses, sécheuses ou cordes à linge dans quelque bâtiment que ce soit. Seules les importantes municipalités ont ce genre de règlement. Dans sa loi provinciale réformée de l’an 2000, l’Ontario interdisait par exemple totalement le séchage extérieur sur corde. Une mini-révolution a forcé le gouvernement à modifier sa loi pour permettre “l’étendage de linge” aux habitations du premier plancher…
Si vous pensiez être un rebelle avec votre étendoir caché dans un coin de votre salle de bain, soyez tranquilles. Mais sans sécheuse, avec le froid humide de l’hiver québécois, vous êtes dans de beaux draps !