Lorsque l’on entre dans le restaurant aux tons pastel de Pointe-Saint-Charles, on est tout de suite mis au parfum : c’est une histoire de famille ! Les photos affichées à l’entrée montrent la grand-mère et les parents de la propriétaire, Lise Dang. De Marseille à Montréal, ces deux générations de restaurateurs lui ont ouvert la voie. Portrait d’une passionnée de cuisine qui a lancé une version moderne du restaurant vietnamien dans ses deux établissements montréalais et son kiosque installé à la belle saison au marché Atwater.
S’il y a bien une chose avec laquelle on ne plaisante pas dans la famille de Lise Dang, c’est la cuisine ! C’est d’ailleurs sa maman, propriétaire du restaurant Sao Sao à Brossard, qui confectionne les rouleaux impériaux et nems servis dans les deux restaurants Le Petit Sao de Pointe-Saint-Charles et de l’Île-des-Soeurs. Des recettes traditionnelles qui s’insèrent dans un menu vietnamien revisité.
Ce que l’on vient chercher au Petit Sao ? De bons petits plats “sans chichi” dans un cadre acidulé, avec un service aussi attentionné que rapide. “Je voulais rendre populaire les rouleaux printaniers (…), nous confie Lise Dang. Ma mission était de démocratiser la cuisine vietnamienne, ma cuisine de coeur. Je trouvais ça dommage que les Japonais aient leurs restos tendance et populaires et que les restaurants vietnamiens soient toujours traditionnels, familiaux, classiques… un peu vieille école. J’ai pensé qu’il fallait un nouveau souffle“.
Le menu de soupes, bols, salades, sandwichs et rouleaux, inclut de nombreuses créations végétariennes et véganes. Une nourriture maison, saine et peu onéreuse appréciée notamment par les travailleurs des bureaux voisins pour le lunch.
L’aventure culinaire de la famille a commencé à Marseille où la grand-mère paternelle de Lise Dang a ouvert le premier restaurant vietnamien, Le Lotus d’Or. Si les familles des deux parents de Lise Dang ont fui la guerre au Vietnam, la branche maternelle s’est établie au Canada tandis que la famille paternelle a immigré en France. Enfant à Marseille, Lise Dang fréquente assidûment les cuisines de sa grand-mère, où elle regarde sa mère rouler les nems.
A 16 ans, ses parents l'”expédient” au Québec avec sa soeur auprès de leur famille maternelle. “Ma mère trouvait qu’à Marseille les perspectives étaient plus difficiles après le bac“, explique la jeune femme. Elle intègre HEC Montréal, où elle apprend le marketing et le management, et rencontre son mari toulousain, Jean-Paul Belmont, associé aujourd’hui au Petit Sao. C’est lors d’un cours sur la création d’entreprise que la Marseillaise sent une “étincelle” et décide de l’allier à son appétit pour la restauration.
Avant de se lancer, l’entrepreneuse fait d’abord ses armes chez ses parents, qui ont quitté Marseille et sont repartis de zéro à Montréal. Forts du succès d’un premier restaurant à Côte-des-Neiges, ils ouvrent Sao Sao avec leur fille à Brossard, établissement trois fois plus grand avec une équipe réduite. Une expérience éprouvante pour celle qui sort à peine de ses cours théoriques. “Je me suis pris une énorme claque ! (…). C’était très difficile, je pleurais tous les soirs !“, raconte Lise Dang. Mais l’aventure confirme sa passion pour la restauration, qu’elle déclinera désormais à sa sauce au Petit Sao.
Le nom “Sao Sao” (“étoile étoile”) avait été choisi par le père de Lise Dang en référence à ses deux filles. Lorsqu’elle ouvre Le Petit Sao à Pointe-Saint-Charles en mai 2018, peu après le décès de ce dernier, la restauratrice lui rend hommage en faisant réaliser une très belle murale la représentant avec sa soeur, réalisée par l’artiste Matéo. Quatre ans plus tôt, le Français avait réalisé le portrait de la grand-mère pour le premier Petit Sao, ouvert dans un centre commercial de l’Île-des-Soeurs.
Aujourd’hui à la tête d’un petit réseau qui tourne bien avec les 85 places assises des deux restaurants réunis, la vente à emporter ou à livrer, un service de traiteur et le kiosque au marché Atwater, Lise Dang ambitionne de continuer à faire grandir ses Petit Sao en “allant chercher les résidents” pour que les soirées soient aussi animées que les lunchs. Peut-être des Français, attirés par les nems à enrouler dans les feuilles de laitue ? Une denrée appréciée dans l’Hexagone et difficile à trouver au Québec, aux dires de la Marseillaise. Avis aux amateurs…