Montréal occupe une place toute particulière dans le cœur de Grand Corps Malade. Depuis sa première venue en 2006 pour les Francofolies, l’artiste n’a cessé de tisser un lien privilégié avec la ville et son public. Aujourd’hui, après une quinzaine de séjours dans la métropole québécoise, et alors que s’ouvre une nouvelle tournée, Fabien nous livre son regard sur cette ville qui l’inspire tant.
Dès ses premiers pas à Montréal, Fabien a été marqué par l’énergie de la ville. « Moi, j’aime les villes qui bouillonnent, où les cultures se croisent », explique-t-il. « Ici, il y a ce mélange unique entre une ambiance nord-américaine et un îlot francophone qui crée une dynamique vraiment spéciale. Les gens ne se jugent pas. »
Si l’accueil québécois est souvent perçu comme chaleureux, l’artiste souligne cependant une certaine réserve. « Les gens sont bienveillants, mais ça ne veut pas dire qu’on entre facilement dans leur vie privée. Il y a un équilibre entre ouverture et retenue qui est intéressant. »
Fabien a eu l’occasion de croiser et de travailler avec plusieurs artistes montréalais. Parmi eux, il cite avec admiration Queen Ka, une figure incontournable du slam québécois, ainsi que le slameur Ivy, un des premiers de la scène québécoise. Il a également partagé la scène avec Samian, rappeur engagé qui mélange français et algonquin dans ses textes.
« Montréal regorge d’artistes qui jouent avec les mots d’une façon unique. Il y a un sens de la narration et de la métaphore que je retrouve beaucoup ici, et qui résonne avec mon propre travail », confie-t-il.
Pourtant, il constate que les scènes française et québécoise se connaissent mal. « En France, on connaît surtout les artistes qui viennent chez nous : Céline Dion, Garou, Isabelle Boulay… Mais la scène locale regorge de talents qu’on ne soupçonne pas », dit-il. Il constate que l’inverse est aussi vrai : des artistes très populaires en France restent méconnus au Québec. « Johnny Hallyday, par exemple, ici il fait sourire, on le voit comme quelqu’un qui voulait faire l’Américain. »
« Avant, quand je venais à Montréal, c’était un peu n’importe quoi, j’avais des rituels éclatés, en bon Français ! », raconte-t-il en riant. Mais avec le temps, ses séjours se sont améliorés. Comme beaucoup de visiteurs français, Fabien a d’abord découvert le Plateau-Mont-Royal et le centre-ville avant d’élargir ses horizons. « Maintenant que je connais mieux la ville, j’ai trouvé des endroits plus agréables, loin des circuits touristiques classiques. » Parmi ses coups de cœur, il cite le brunch de La Grocerie sur Laurier, le Café Sauvage sur Bernard et le restaurant Damas sur Van Horne. Il aime aussi flâner dans le Mile End, où il apprécie le mélange d’artistes, de cafés indépendants et d’ateliers créatifs.
Lorsqu’il séjourne à Montréal, il essaie de se fondre dans le rythme local. « J’adore marcher dans les quartiers, observer l’architecture, écouter les discussions autour de moi. Ça me permet de mieux ressentir l’ambiance de la ville. »
Pour sa tournée actuelle, il a décidé de s’entourer d’une équipe québécoise. « C’est une belle façon d’adapter le spectacle au public d’ici, de mieux capter l’énergie locale », explique-t-il. Il a aussi choisi d’étaler ses dates sur trois mois, entre janvier et avril, au lieu de tout concentrer en quelques jours comme il l’a souvent fait par le passé. « Ça me permet de vraiment profiter de la ville, de mieux la vivre au quotidien. »
D’autant plus qu’il est ici en famille pour un an. « C’est une expérience différente, être ici en tant que résident et pas juste en touriste ou en tournée. Je découvre la ville sous un autre angle. »
Pour marquer cette immersion, il rejouera notamment « Les voyages en train » et a même pimpé « À Montréal » pour mieux coller à l’ambiance et à ce qu’il ressent ici. « C’était important pour moi d’apporter cette touche locale au spectacle. »
L’un des souvenirs les plus marquants de sa carrière reste son premier concert aux Francos en 2006. « J’étais en début de carrière et je ne m’attendais pas à un tel accueil. Voir un public si loin de chez moi connaître mes textes, c’était une claque. » Depuis, il a enchaîné les scènes au Québec, du Théâtre Maisonneuve au Festival d’été de Québec, où il se souvient d’une prestation sous une pluie battante devant des milliers de spectateurs déterminés à ne pas bouger.
« Ce qui est frappant ici, c’est la réactivité du public. Ils n’hésitent pas à applaudir au milieu d’une chanson, à réagir spontanément. C’est quelque chose que j’adore. »
Pour celles et ceux qui souhaitent vivre cette immersion unique dans l’univers de Grand Corps Malade, l’artiste sera sur scène à travers le Québec du 13 mars au 10 avril 2025. Les dates et lieux de ses concerts sont à retrouver ici, pour une occasion rare de le découvrir sous un nouveau jour, au cœur des villes qui l’inspirent tant.