Le réalisateur franco-canadien Albéric Aurtenèche tourne son premier long métrage “La contemplation du mystère” entre France et Québec.
Dans l’église, Éloi, personnage principal de “La contemplation du mystère”, vient de se faire sacrer chevalier de l’ordre de Saint-Hubert. Tout le monde retient son souffle. Albéric Aurtenèche crie “coupé”, et l’agitation reprend dans la nef. À 40 ans, le Franco-canadien a déjà deux court-métrages à son actif et réalise aujourd’hui son premier long-métrage : « Quand je suis sorti de l’école, j’étais persuadé que je tournerai mon premier film avant 30 ans, rit celui qui accomplit enfin son rêve. Je suis exalté, ça fait 10 ans que j’attends ça. »
“La contemplation du mystère” porte sans aucun doute possible la trace des deux pays du réalisateur. Entre sa terre d’origine et sa terre d’accueil, impossible de choisir. Plus Français ou Québécois ? « Ni l’un, ni l’autre », répond-t-il. Pourtant, Albéric Aurtenèche ne conçoit que difficilement une carrière en France : « Trop de concurrence et quand on a grandi dans une culture du vivre et du laisser vivre, comme au Québec, c’est difficile de s’imaginer vivre en France. »
Ce film se déroule majoritairement au Québec, seules quelques scènes se dérouleront au château de Celle-les-Bordes, en France. Une présence tricolore à l’écran très fugace mais qui joue un rôle plus important qu’il pourrait n’y paraître : « Lorsqu’on voit les sonneurs de trompes lors du sacrement d’Éloi, c’est un souvenir très français pour moi. J’ai fait de la trompe avec certains de ces hommes en France quand j’avais 14 ans. »
Pour ce premier long-métrage, Albéric Aurtenèche a fait confiance à l’acteur et comédien québécois Emmanuel Schwartz, avec qui il avait déjà travaillé sur le court-métrage Sigismond sans images.
Emmanuel Schwartz raconte : « Albéric m’a contacté il y a trois ans, le scénario était encore en écriture. J’avais déjà tourné avec lui, je savais qu’il allait me faire quelque chose de bien, donc j’ai tout de suite accepté. » Le choix était en effet sans équivoque pour le réalisateur : « Le film aborde des thématiques que l’on pourrait qualifier d’intellectuelles, mais Éloi est un personnage décalé qui a vraiment une présence physique un peu incongrue. Emmanuel est, d’après moi, le seul de sa génération capable d’en rendre compte sans prétention. » L’acteur incarne donc devant la caméra un rôle qui lui va comme un gant : « Quand un scénariste t’appelle avant même d’avoir écrit le film, dans notre métier, c’est un cadeau extraordinaire. Puis, dans ce film, tout me plaît, l’action, le thriller et le mythe. »
Mythes et suspens
Éloi retourne, un an après la mort de son père, Lambert Cournoyer, sur les terres dont il a héritées. Son père étant décédé dans un accident de chasse, Éloi est invité à participer à un hommage rendu en sa mémoire par l’Ordre des chevaliers de Saint-Hubert, saint patron des chasseurs. Éloi est, pour Emmanuel Schwartz, « un endeuillé qui s’ignore », un homme qui vient faire la paix avec son père et qui se retrouve plongé dans un thriller aux notes mystiques, lié à ce mystérieux accident de chasse ayant causé la mort de son père. Installé sur les bancs de l’église, Albéric Aurtenèche annonce ne pas être chrétien pantoute. Pour lui, c’est son affection pour la mythologie qui justifie la thématique de son film : « Les mythes sont très présents dans ce film : Actéon, Diane, Artémis et Saint-Hubert patron des chasseurs bien sûr. Je ne suis pas chrétien. Baptisé c’est tout. Pour le reste je considère le christianisme et les religions comme une sorte de mythologie. »