Vous ne connaissez rien à la politique québécoise ? C’est le moment de vous réveiller : les élections provinciales sont en train de se dérouler sous vos yeux — impossible de passer à côté des affiches électorales répandues aux 4 coins de la Province. Le parti élu au pouvoir risque bien d’avoir une incidence sur les futures politiques d’immigration au Québec, entre autres sujets qui nous concernent (même si on est déjà citoyen). Pour vous aider à ne pas passer à côté de cette campagne, voici notre guide des élections québécoises pour les nuls. De rien.
Quand est-ce qu’on vote ?
Le 1er octobre 2018 (seul et unique jour de vote), après une campagne de 33 jours, très exactement. La loi québécoise (Loi 3) encadre le nombre officiel de jours de campagne autorisée, qui ne peut pas durer moins de 33 jours ni dépasser 39 jours. Cette même loi a aussi mis en place des élections à date fixe : tous les 4 ans, le 1er octobre, les électeurs sont appelés aux urnes.
Comment se déroule le vote ?
Lors des élections provinciales, les Québécois élisent 125 députés, qui siègeront à l’Assemblée nationale de la ville de Québec.
Ils sont élus par un scrutin majoritaire uninominal à un tour. Autrement dit, le candidat qui a réuni le plus de voix le jour de l’élection devient député. Le parti qui a obtenu le plus de candidats élus forme le gouvernement, peu importe le nombre de voix obtenues par chaque candidat. “Le chef de parti qui emporte la majorité le jour de l’élection devient automatiquement le Premier ministre du Québec,” explique Bernard Motulsky, professeur au département de communication sociale et publique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Ce mode de vote est aussi utilisé lors des élections fédérales et la révision est réclamée à chaque élection, par tous les partis. Mais le débat en est resté, pour le moment, aux promesses de campagnes. Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau avait promis de réviser le mode de scrutin, la promesse n’a pas encore été tenue.
Selon Bernard Motulsky, l’avantage du système québécois, c’est qu’il y a moins de tractations entre les partis. “En France, entre le premier et le deuxième tour, on voit qu’il y a souvent toutes sortes de négociations.” L’inconvénient du système québécois selon lui ? “La difficulté pour les tiers partis à prendre leur place.”
Les partis en campagne
Parlant de tiers partis, savez-vous qu’il existe 22 partis politiques autorisés au Québec ? Dans les médias, on entend principalement parler de 3 partis seulement. À savoir ceux qui ont des députés à l’Assemblée : le Parti Libéral, la CAQ et le Parti Québécois. Depuis peu, Québec Solidaire attire également tous les regards, bien qu’il s’agisse d’un parti jeune, avec seulement trois députés, tous élus dans des circonscriptions montréalaises.
Lors de votre prochain 5@7, pour épater vos amis québécois (et les autres), parlez-leur du Parti Culinaire du Québec qui milite pour “la bouffe comme plateforme politique”, et qui veut implanter une “gastronocratie.” Ou encore du Bloc pot, qui “veut lever l’interdiction du cannabis au Québec.” Maintenant que le cannabis est presque légal au Canada (d’ici octobre), on se demande bien quel sera leur prochain combat…
Enfin, oubliez les dichotomies gauche/droite telles qu’on peut les connaître en France : les positionnements des partis québécois se font sur d’autres problématiques. “Bien sûr, il y a des partis extrêmes mais ils n’ont qu’une influence marginale“, selon Bernard Motulsky.
En termes de comparaison gauche/droite, on pourrait tracer une ligne comme celle-ci : le Parti Québécois et le Parti Solidaire sont plutôt à gauche. La CAQ et le Parti Libéral sont plutôt de droite. La CAQ ? Une droite plus dure que le Parti Libéral, que l’on pourrait placer au centre.
Leurs idées
Côté CAQ, ses idées sont les suivantes : moins d’intervention de l’Etat, moins d’immigration et plus de nationalisme. Ce parti qui n’a jamais été au pouvoir, pourrait être comparé au parti des “Républicains” en France, surtout en termes de placement idéologique. Mais la CAQ est bien loin d’avoir une ligne aussi dure que celle sur laquelle Les Républicains se placent. Le chef de parti : François Legault. La CAQ semble rassembler de nombreuses intentions de vote cette année. À voir si cela se traduit par un changement de parti au pouvoir dans les urnes ce 1er octobre…
Le Parti libéral du Québec, au centre si l’on se réfère à l’échiquier politique français, souhaite un rôle de l’Etat “raisonnable”, dans tous les aspects de la vie de ses citoyens. C’est le parti actuellement au pouvoir sous la houlette de Philippe Couillard, actuel Premier ministre du Québec depuis 2014. Sur les vingt dernières années, les Libéraux ont été au pouvoir pendant 18 ans. lls n’ont été dans l’opposition que 18 mois, lorsque le Parti québécois de Pauline Marois a réussi à les battre. Une victoire de courte durée… Selon les derniers sondages en cours, la CAQ est le parti qui pourrait renverser le règne des Libéraux.
Le Parti Québécois, qui a longtemps fait campagne sur le Québec indépendant, a décidé cette année de mettre cette revendication en sourdine. Ils doivent donc retrouver un positionnement, par rapport à leur électorat. Cela dit, ils sont plutôt à gauche, avec un état interventionniste, fort, qui régule. S’ils sont élus, Jean-François Lisée, chef du parti, a déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de référendum sur l’indépendance du Québec lors de leur premier mandat, mais peut-être, lors du second mandat. Ce référendum a été la pierre angulaire de leur parti pendant la dernière décennie, au moins.
Québec Solidaire ? C’est le petit nouveau sur la scène politique, et il fait des vagues. Plutôt à gauche sur l’échiquier politique, il souhaite “une nouvelle constitution pour le Québec qui servira de base à un Québec indépendant.” L’un de leur slogan clame d’ailleurs haut et fort “Un nouveau pays à écrire”. Les têtes d’affiche du parti : Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois dont on a déjà parlé ici lors de la potentielle venue de Mélenchon à Montréal en décembre 2017.
C’est bon, prêts à briller en soirée ?