Vous en avez assez de voir votre budget se volatiliser au rythme des bouteilles de vin que vous achetez à la SAQ ? Et si vous envisagiez de fabriquer votre propre vin ? Au Québec, des centres de vinification offrent l’opportunité de transformer soi-même le raisin en vin. Est-ce une pratique révolutionnaire ou un sacrilège ? Nous avons entrepris de répondre à la question.
En 2020, Nicolas Lenoir, son épouse et ses trois enfants ont quitté la France pour une nouvelle vie au Québec. Le couple est devenu l’heureux propriétaire de la Cuve à Vin, un centre de fabrication artisanale de vin et de bière à Pointe-aux-Trembles, un quartier de l’Est de Montréal. « Le centre de vinification, à ma connaissance, est un concept qui n’existe pas en France », explique Nicolas Lenoir, qui s’est spécialisé dans l’œnologie lorsqu’il vivait dans l’Hexagone. Il existe une quarantaine d’entreprises de vinification dans la province.
Un centre de vinification offre tout ce dont vous avez besoin pour transformer du jus de raisin en vin, des équipements aux ingrédients en passant par les conseils d’experts qui vous accompagnent tout au long du processus de fabrication.
Vous avez le choix entre fabriquer votre vin chez vous et laisser le soin aux professionnels de le faire pour vous. Si vous souhaitez repartir chez vous avec votre kit de vinification, une petite formation ainsi qu’un guide à suivre étape par étape vous seront offerts. Si vous laissez la transformation se faire sur place, vous n’aurez qu’à revenir au bout de quelques semaines pour procéder à l’embouteillage. Vous pourrez même donner un petit nom à votre cuvée en lui apposant votre propre étiquette personnalisée.
Selon Nicolas Lenoir, la moitié de ses clients fabrique son vin à la maison, et l’autre moitié choisit de ne procéder qu’à l’embouteillage. « C’est avant tout le plaisir et la fierté de faire soi-même », souligne-t-il.
Sur place, les experts vous aident à choisir parmi une quarantaine de cépages différents. Ensuite, la transformation du jus de raisin en vin prend entre 4 et 8 semaines. Si vous décidez de prendre les rênes et de tout faire par vous-même (pensée spéciale pour les petits appartements montréalais), préparez-vous à réserver 2m² pour installer votre cuve de fermentation et pouvoir soutirer le jus. Vous devrez également prévoir l’espace nécessaire pour stocker vos bouteilles.
Selon Nicolas Lenoir, la vinification maison revient généralement à deux ou trois fois moins cher que l’achat de bouteilles équivalentes à la Société des alcools du Québec (SAQ).
Concrètement, s’il s’agit de vos premiers pas dans l’aventure vinicole, vous devrez prévoir environ 250 dollars pour vous procurer les équipements nécessaires comme la cuve de fermentation et les ingrédients. C’est un petit investissement. La fois suivante, vous n’aurez plus que les ingrédients à vous procurer, et votre production sera encore moins coûteuse. De plus, en fabriquant votre vin, vous contrez le monopole d’État en échappant aux taxes ponctionnées par le gouvernement.
(Lire aussi: Pourquoi la SAQ a-t-elle un monopole ?)
En produisant dans un centre, attendez-vous à vous retrouver avec une quantité non négligeable de bouteilles. Chaque trousse de vinification fournit 23 litres de vin, ce qui équivaut à environ 28 bouteilles de 750 ml. Soyez prêt à les stocker et à développer votre plaisir d’offrir.
Fabriquer son propre vin va bien au-delà de la simple économie. C’est un choix écologique et une option a priori plus saine pour votre corps.
Contrairement à la plupart des grands fabricants de vin qui utilisent des produits pour assurer la conservation du vin pendant plus de dix ans, la fabrication maison permet d’obtenir des produits plus naturels. Nicolas Lenoir assure que ses vins contiennent considérablement moins de sulfites, ce qui raccourcit leur durée de vie à 3 à 4 ans, mais réduit considérablement les effets néfastes sur la santé, maux de tête et réactions allergiques chez certains consommateurs.
Par ailleurs, la fabrication artisanale vous offre le choix entre de nombreux cépages du monde entier. Vous pouvez ainsi choisir la région d’origine de votre raisin, et ainsi privilégier les productions plus locales.
La vinification n’est pas qu’une affaire de professionnel. De nombreux néophytes poussent la porte de la Cuve à Vin pour créer leurs propres cuvées.
La clientèle de Nicolas Lenoir se compose principalement de Québécois et d’Italiens. « Les Italiens ont toujours eu l’habitude culturelle de faire le vin à la maison, ils retrouvent ce plaisir de fabriquer et d’offrir des bouteilles de vin qu’ils ont faites eux-mêmes », raconte ce dernier.
Et, à sa grande surprise, il raconte attirer très peu de Français. « Culturellement, ils se disent sûrement qu’on ne peut pas fabriquer du vin soi-même, que cela se fait dans un château avec un œnologue, des fûts de chêne et beaucoup de temps », estime le propriétaire. À ce propos, seulement 5% du vin produit dans le monde a droit à un passage dans une barrique de bois.
La question doit vous être passée par la tête, le vin ne risque-t-il pas d’être de qualité médiocre s’il est fabriqué par un débutant en la matière ? Si l’on en croit nicolas Lenoir, en suivant les étapes pas à pas, le risque d’échec est proche de zéro. « En général, ce n’est pas la première fois que vous allez rater, mais plutôt la dixième, parce que c’est au fil du temps qu’on prend des mauvaises habitudes », assure le commerçant, qui estime rater une production sur mille.
Alors, tentés ?