Le dernier Klapisch, les drames de Claude Sautet que l’on revoit avec émotion, un bon polar du dimanche soir… On voudrait pourvoir regarder un film français quand on veut, mais lorsqu’on vit aux Etats-Unis ou au Canada, cela tient parfois du parcours du combattant. On a beau cherché sur les principales plateformes, le choix est restreint, et la recherche chronophage.
« Sur Netflix, seulement 2% des films sont en français, et ce sont en majorité des productions de ses propres studios. Expatrié à Singapour, en Chine puis en Californie, ce manque de films français est un problème auquel je suis moi-même confronté, et qui m’a donné l’idée de Cinessance », explique Clément Monnet, fondateur de cette nouvelle plateforme dédiée aux films français. « C’est une offre de complément par rapport à Netflix et Amazon, qui s’inscrit dans une tendance aux plateformes dites de niche. Il en existe pour les drames coréens, les films d’horreur, et désormais pour les films francophones, sous-titrés en français et en anglais. » Cinessance n’est toutefois pas la première plateforme à offrir des films en français, France Channel est également disponible aux Etats-Unis depuis septembre 2021.
Un public potentiel de 300 millions de francophones
Avant de se lancer dans cette aventure, Clément Monnet a bien étudié le marché potentiel de Cinessance. Le but : vérifier que ses difficultés à trouver des films français était partagé par beaucoup. En interrogeant le large réseau qu’il s’est constitué à l’étranger, et en réalisant des enquêtes sur Facebook, il a confirmé l’appétence du public pour le cinéma français. « Cinessance peut espérer toucher 13 millions de francophones en Amérique du Nord pour commencer, puis s’étendre au 300 millions de francophones, 120 millions de francophiles et 3 millions d’expatriés français dans le monde », annonce-t-il.
Disponible sous la forme d’une application web, iOS et Android, que l’on peut diffuser sur sa télévision, Cinessance proposera dès le 16 novembre un catalogue d’une centaine d’œuvres qui s’étoffera au fil du temps et des accords avec les studios de production. « Nous avons déjà signé avec Studio Canal, TF1, EuropaCorp et nous sommes en discussion avec d’autres studios. Tous sont enthousiastes à l’idée d’exporter le cinéma français grâce à Cinessance. » La France est en effet le deuxième pays exportateur de films après les Etats-Unis, et pourtant l’accès à ces films reste trop souvent limité ou confidentiel.
Une offre de complément, à $6.99 par mois
Ce désir de faire connaître un cinéma très riche, mais pauvrement diffusé et distribué à l’étranger se matérialise dans le nom de la plateforme. « Cinessance est un mélange de « cinéma » et de « Renaissance », au sens historique du terme. Le but est de remettre au goût du jour des œuvres formidables », explique Clément Monnet.
Cinessance est disponible pour $6,99 par mois, avec la possibilité de louer les films individuellement pour $3.99. Clément Monnet espère rapidement convaincre plusieurs milliers d’abonnés, et prévoit d’ajouter de nouveaux films chaque mois.
Dans le catalogue de départ, on trouve aussi bien des comédies populaires comme « Podium », « Pédale douce », « Le bonheur est dans le pré », que les classiques de Claude Sautet et de Jacques Audiard ou les œuvres de Cédric Klapisch. Au delà de l’audience francophone, Clément Monnet espère bien toucher un public beaucoup plus large : « La marque France marche très bien à l’étranger. « Fauteuils d’orchestre » par exemple est un film typiquement parisien qui va plaire aux amoureux de la France, qu’ils parlent français ou non. »
Cet amoureux des films avec Jean Gabin et des longs métrages de Claude Sautet ambitionne également de faire de Cinessance un outil pédagogique, disponible pour les plus grand nombre. « Nous avons la chance d’avoir le soutien des chambres de commerce et des alliances françaises. Ce serait vraiment formidable de voir Cinessance devenir un outil aussi précieux qu’un manuel scolaire dans le cartable des élèves. »
À voir également, l’interview de Clément Monnet dans French Boss.