Cela fait des années qu’Aurélie Sauthier enjoint les entreprises à dialoguer avec leur clientèle. Le savoir-faire de Made In, l’agence montréalaise qu’elle a lancée avec sa soeur, Sophie Benarab ? “L’opposé de la publicité”, revendique la Savoyarde, pionnière du marketing d’influence au Québec. “Les entreprises qui sortiront grandies de la crise seront celles qui auront le mieux appris à communiquer avec leurs consommateurs et se seront requestionnées sur la valeur qu’elles peuvent leur apporter directement”, clame la Française qui s’était installée à Montréal “un peu par hasard”… il y a quinze ans.
De HEC Montréal au marketing d’influence
Aurélie Sauthier n’avait jamais mis les pieds au Québec lorsqu’elle rejoint HEC Montréal en 2005. “A l’époque, c’était beaucoup moins l’eldorado des Français qu’aujourd’hui”, explique celle qui a découvert l’école de commerce grâce à une publicité en noir et blanc dans le magazine L’Etudiant. Depuis, les méthodes marketing ont un peu changé… Et la Française de Chambéry y contribue à sa manière.
Car après avoir vécu “dans une petite bulle d’étudiants” à HEC, Aurélie Sauthier saisit en 2008 une opportunité professionnelle à Montréal et “commence à vraiment connaître, comprendre et apprécier” sa vie au Québec. Elle rencontre son mari québécois – le couple est aujourd’hui sur le point d’accueillir des jumeaux – et crée en 2011 son agence Made In à Montréal en partenariat avec sa soeur, Sophie Benarab qui gère aujourd’hui le bureau de Paris ouvert en 2016.
“Nous accompagnons nos clients dans l’élaboration de leur stratégie de contenu et d’influence et leur présence numérique, pour aller parler à leurs consommateurs de façon pertinente” explique la Française qui collabore avec plus de 650 marques. Des stratégies qui ont une place particulière en cette période de crise. “En ce moment, le marketing de contenu prend tout son sens, déclare Aurélie Sauthier, et beaucoup d’entreprises le comprennent car il y a tellement de faux-pas potentiels !”.
La communication en temps de pandémie
Depuis le début de la crise, Aurélie Sauthier a remarqué trois stratégies adoptées par les entreprises : certaines se sont mises “en mode autruche” et on disparu de la circulation, tandis que les “sauveurs” ont communiqué uniquement sur des sujets connexes à la crise, à travers des dons généreux notamment. D’autres entreprises, prenant conscience de la détresse de leurs clients à la vie chamboulée, ont requestionné leur utilité en tant que marque pour leurs consommateurs. Des gestes dont ces derniers se souviendront, selon la professionnelle du marketing.
Un bon exemple ? La marque française Petit Bateau. “Leur stratégie a été tellement bien exécutée pendant la crise !“, s’enthousiasme Aurélie Sauthier. “Ils ont organisé de nombreuses vidéos en direct sur Instagram, pour apprendre à dessiner des animaux avec l’illustratrice Soledad Bravi, ou des ateliers bricolage pour les enfants”. Malin, lorsque les mamans – clientèle cible de la marque – sont débordées par leur travail et l’école à la maison.
Conseils aux entreprises : osez !
“Tant mieux si les entreprises mènent de grandes actions sociétales mais cela ne doit pas être que cela (…). Il ne faut pas avoir peur de sortir du contenu COVID !”, lance Aurélie Sauthier pour qui les gens, saturés d’informations autour du virus, ont besoin de rafraîchissement dans ce contexte anxiogène. “De l’utile, de l’inspirant ou du divertissant, mais pas de publicité car les gens n’en veulent plus !”, conseille celle qui se réjouit que la crise ait permis de démystifier certaines pratiques.
“Avant la crise, la vidéo en direct faisait peur, explique l’entrepreneuse. Les gens sont sortis de leur zone de confort et il y a des choses positives qui vont ressortir de ça. La vidéo live a vraiment explosé ces derniers mois, ainsi que le fait d’être à l’écoute de son consommateur, dans un échange bidirectionnel”. Une stratégie éprouvée par les influenceurs, que les marques gagnent à s’approprier.
Car la professionnelle du marketing d’influence le recommande en tout temps : il faut “aller chercher du feedback consommateur en continu”. Les Français Michel et Augustin, qui cartonnent en Amérique du Nord et interrogent leurs clients chaque fois qu’ils changent leur packaging, l’ont bien compris.