Le Québec et les Québécois n’en finissent plus d’inspirer les Français. Des restaurants de poutines fleurissent à Paris pendant que celles et ceux qui réussissent dans la Belle Province font la Une d’émissions télé grand public. Pour autant, est-ce que cela suffit à faire taire certains Français plus tannants que les autres au sujet du Québec (et de ses habitant·es) ? Pas forcément. Voici 7 choses à ne plus faire, au risque de continuer à passer pour un maudit Français (ici ou ailleurs). En vous remerciant.
1- Focaliser sur l’accent québécois
On a tous un souvenir plus ou moins vague de la première fois où l’accent québécois a croisé notre chemin auditif. Pour certains, c’était au ciné ou à bord de leur premier vol Air Canada, parfois même seulement une fois arrivés au Québec. Quoiqu’il en soit, après la surprise ou la curiosité de découvrir de nouvelles sonorités : passez à autre chose ! Et par pitié, ne leur demandez pas de faire un selfie (égoportrait) avec vous, ce sont vos cousin·es, pas des bêtes de foire. D’ailleurs, ce n’est pas parce qu’ils ont un accent qu’ils ne sont pas citoyens français. Vous leur avez demandé ? Leur parcours vous surprendra peut-être davantage que la tournure de leurs phrases.
2- Corriger leur façon de parler
Certes, on ne dit pas les “chevals” mais des chevaux. On vous l’accorde, vous avez le droit de corriger les fautes d’orthographe. En revanche, inutile de forcer une communauté de personnes à dire une vidéo au lieu d’un vidéo ni de leur imposer de masculiniser le mot trampoline quand l’Office québécois de la langue française (OQLF) ne trouve rien à redire à une trampoline. Il n’y a pas de meilleur français, il y a une langue qu’on partage et qui évolue au gré des continents. Faites vous une raison.
3- Surnommer les Québécois les “caribous”
Savez-vous réellement ce qu’est un caribou ? Renseignez-vous. Sachez d’ailleurs qu’au Québec vous aurez plus de chances de croiser un raton laveur ou un coyote qu’un renne du Canada. Si vous continuez à “traiter” vos cousins québécois de “caribous”, il est fort à parier que vous aurez un peu de mal à vous intégrer. Et si l’utilisation de ce sobriquet vous paraît anodine, sachez pourtant que “ça en fâche” plus d’un·e, à commencer par Judith Lussier sur Urbania.
4- Crier “tabarnak” à tout bout de champ
C’est un peu comme si les Québécois nous lançaient “putain” à chaque fois qu’ils nous croisaient, sous prétexte qu’on a un accent français (certains le font, certes). Moins connus et pourtant plus savoureux, ses dérivés comme “tabarnouche” ou “tabarouette” s’utilisent en divers contextes (énervement, surprise, colère), faites-en bon usage : on finira peut-être par vous prendre pour un vrai Québécois, à force. En revanche, vous passerez définitivement pour un maudit Français, si vous prononcez “tabernacle” (ridicule) au lieu de “tabarnak”.
5- Comparer le Québec à la France
On ne le répétera jamais assez : les Français et les Québécois partagent une même langue (à quelques tournures près) mais possèdent une culture bien différente. Inutile donc de chercher absolument à tout comparer avec l’idée de trouver des ressemblances, c’est perdu d’avance. Cela vaut aussi lorsque vous pénétrez dans un supermarché québécois : oubliez la crème fraîche, le Cousteron, votre Fruit d’Or et vos bonbons préférés. Faites avec ce que vous trouvez sur place, dégustez votre nouvelle vie.
6- Zieuter bizarrement le look de certaines personnes (et donner son avis)
Au Québec et à Montréal en particulier, la tolérance est reine, à tous niveaux. Vous découvrirez rapidement que chacun fait ce qu’il veut en fonction de ce qu’il est, à mille lieues des standards attendus. Cheveux colorés, vêtements dépareillés et gougounes à paillettes font partie du paysage montréalais. Il n’est d’ailleurs pas rare (surtout en été) de croiser quelques drag-queens dans le Village ou ailleurs : au lieu de les regarder bizarrement, offrez-leur un verre. Bref, un vent de liberté souffle sur cette île âgée d’à peine 375 ans, il ne tient qu’à vous d’entretenir cette ouverture d’esprit connue et enviée de par le monde entier.
7- Réduire la culture musicale du Québec à Céline Dion
Il n’y a pas que Céline (ou Ginette Reno) dans la vie. L’industrie musicale québécoise regorge de pépites dont on ignore parfois l’existence : il n’est jamais trop tard pour se cultiver. Connaissez-vous Geoffroy, LaF, Charlotte Cardin, Safia Nolin ou encore Loud, entre autres ? Montez le son. Rien ne vous empêche non plus de réécouter les titres cultes des Cowboys Fringants et autres Trois Accords.
(Cet article a été publié initialement en 2018 sur Maudits Français).