Un événement immersif à taille humaine consacré à l’art et la culture des pays scandinaves. Tel est FIKA(S), le festival pensé et créé de toutes pièces par Christel Durand, une Française de Montréal originaire de Néoules, un petit village dans le Var.
La première fois qu’elle est venue au Québec, c’était pour un stage de 3 mois via l’OFQJ à Sherbrooke. “Après j’ai découvert Montréal… Et j’ai décidé de rester ici ! Cela fait 12 ans que ça dure”, lance la pétillante directrice de communication de 39 ans, fan de l’aspect multiculturel de sa ville d’adoption.
Si le FIKA(S) est né “dans sa tête” il y a 8 ans environ, il n’a été lancé officiellement qu’en 2016. Son idée de départ : créer un festival musical par amour pour la musique qui “la motive” au quotidien. “Mais après avoir discuté avec Jérôme Remy, le directeur français du festival Les Boréales (ndlr, le plus gros festival d’art scandinave en Europe), j’ai décidé de créer un événement pluridisciplinaire”, raconte Christel Durand, passionnée par la musique scandinave depuis une vingtaine d’années et par la culture des pays nordiques en général. Même sa soeur, ethnologue, a fait sa thèse en Suède pour étudier les Sami, peuple autochtone des pays nordiques. Il faut croire qu’il y a un “truc” qui la relie aux pays scandinaves depuis toujours.
“Je crois que parfois les choses doivent se faire”
“On est partis de rien ! Comme quoi, tout est possible”, lance la Française qui a l’habitude de “foncer” pour y arriver, avec ou sans budget. “Je suis très amie avec l’univers ! (rires)”, confie la créatrice du FIKA(S) qui ne sait ni pourquoi ni comment son festival a aussi émergé au moment où Icelandair a décidé d’ouvrir une ligne au départ de Montréal. “C’est le hasard ou de la synchronicité, comme les hasards nécessaires ! Je crois que parfois les choses doivent se faire. Je trouve ça fou que personne n’ait lancé ce festival avant moi”, confie simplement Christel Durand dont le festival est né d’une frustration. “Je trouvais improbable que des artistes scandinaves extraordinaires ne viennent pas se produire en Amérique du Nord. Il y en avait bien quelques-uns, les plus connus comme Sigur Rós ou Agnès Obel entre autres, mais pas assez (…). Égoïstement, je me suis dit : je vais inviter tous les autres aussi ! (rires)”
“J’y vais vraiment avec mes goûts pour l’instant, comme je suis bénévole, autant me faire plaisir et faire venir des gens que j’aime ! (rires)”, raconte la passionnée ravie de compter le groupe Tuvaband (mené par Tuva Hellum Marschhäuser) parmi les artistes présents au FIKA(S) cette année. Après des passages remarqués dans plusieurs festivals européens comme Eurosonic, The Great Escape, Iceland Airwaves et une tournée en première partie du groupe suédois First Aid Kit, le groupe se produira pour la première fois au Québec et au Canada grâce au FIKA(S). Rien que ça. “Mon but c’est qu’il se développe un petit public ici pour aller plus loin ensuite”, raconte Christel Durand dont le festival est soutenu par le Conseil des arts de Montréal depuis le début.
Jouer “un petit rôle” dans la carrière des artistes
En 2017, le Festival clôturait sa deuxième édition avec la prestation du bluesman suédois Bror Gunnar Jansson. Il sera de retour cette année pour plusieurs dates au Québec avant de s’envoler pour le festival SXSW d’Austin au Texas. “C’est le but que je cherche à atteindre avec FIKA(S) : créer un lien à moyen terme avec les artistes. Bror Gunnar Jansson est l’exemple parfait de ce que j’aimerais développer avec les autres artistes, à savoir qu’ils viennent et reviennent”, raconte la Française qui essaie de jouer “un petit rôle” dans la carrière de celles et ceux qui le méritent vraiment.
À ne surtout pas rater cette année au FIKA(S) : le coup d’envoi du festival ce vendredi 8 mars à 20h au Centre-Phi avec KROY, alias Camille Poliquin, membre du duo électro-pop Milk & Bone. Au programme, une soirée en deux temps où KROY proposera des reprises singulières et uniques d’artistes scandinaves suivi d’un concert de ses compositions. “Cette année, je voulais aussi souligner l’appartenance du Québec au concept de nordicité intimement lié aux pays scandinaves et nordiques : voilà pourquoi on a invité KROY à ouvrir le festival et à faire des reprises d’artistes scandinaves de son choix ! Je trouve ça fun”, confie la directrice du FIKA(S) qui aimerait que ce concept de reprises scandinaves par un·e artiste québécois devienne un rituel d’ouverture du festival.
Son objectif final ? “Que Montréal soit entièrement scandinave pendant la semaine FIKA(S) !”, avoue celle dont le Festival se produira, pour la première fois, dans le Quartier des spectacles avec l’exposition de photos “Papas / Swedish Dads” du Suédois Johan Bävman. “Mon but c’est aussi de continuer à emmener le FIKA(S) à Sherbrooke et à Québec mais aussi, pourquoi pas, à Saint-Jérôme, etc. Tout le monde a droit à la culture ! Moi ce qui m’intéresse c’est véhiculer des valeurs”, affirme la Française qui fourmille d’idées pour parvenir à ses fins.
Au fait pourquoi “fika” ? En référence à la fameuse pause-café suédoise pour fraterniser au travail. “C’est un moment de sociabilité où l’on va parler de tout sauf du travail. Cela permet aussi de savoir comment va réellement son interlocuteur (…) Bref, on veut que ce soit un festival où les gens se parlent”, confie Christel Durand qui n’envisage pas autrement son FIKA(S). “Pour moi, l’avenir des festivals, c’est ça.”
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