On lui doit le Village au Pied-Du-Courant, Les Jardineries et bien d’autres espaces de vie en communauté à Montréal et à Québec. Portrait d’un Français qui crée un lien entre la ville et ses citoyens avec des projets rassembleurs, pas si éphémères.
“Les deux premières années, je ne suis pas forcément tombé en amour avec Montréal, ville très hétérogène au niveau de l’architecture“, avoue Jérôme Glad qui fantasmait sur le Canada pendant son enfance. Etudiant à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal pour “apprendre à dessiner” — après des études d’architecture en Suisse qui l’ont laissé sur sa faim — le Français a finalement fait de cette ville son terrain d’action. Il y apprécie “la qualité de vie et la place qui est faite aux gens”.
C’est au cours de son travail au sein de l’Association du design urbain du Québec (ADUQ), créée avec des amis, qu’il rencontre son futur associé, le Québécois Maxim Bragoli. Avec l’ADUQ, le Français a créé un village éphémère d’une journée au Canal de Lachine, dont le succès encourage les deux partenaires à lancer et gérer des projets de plus grand ampleur. “On voulait créer des lieux qui donnent du sens sans attendre que la ville le fasse“, raconte Jérôme Glad qui estime que “les villes ne sont pas assez rapides pour créer ce genre de projets”. L’organisme à but non lucratif La Pépinière | Espaces Collectifs voit le jour en 2014.
Son principe est inspiré de modèles américains de gestion d’espaces publics comme Bryant Park ou la High Line à New York, avec une touche européenne. “En Europe, on a une vision un peu plus effervescente de l’espace public, explique le Français. Il y a plus de petits recoins où la vie prend naturellement, comme les vieux qui jouent à la pétanque par exemple“.
Car Jérôme Glad entend développer la ville participative en mettant en place des structures faites pour dépasser l’évènementiel et l’éphémère. Il nous explique ainsi l’objectif de La Pépinière : “créer des espaces qui ont une dynamique de vie. Il faut que les lieux vivent d’eux-même (…), qu’il y ait un écosystème d’activités qui fait qu’il y a une diversité de gens qui se retrouvent (…).” L’idée étant de les “ancrer dans les quartiers et les communautés”. À la clé, une appropriation collective des espaces.
Le Village au Pied-du-Courant, premier projet du jeune organisme (créé au départ en collaboration avec l’ADUQ) reste à ce jour le plus ambitieux et le plus connu. Une plage urbaine qui revient régulièrement l’été, incluant notamment hamacs, terrains de jeux, bacs de plantation et une station astronomique.
La Pépinière a ensuite développé son expertise sur différents types de projets. “Les “laboratoires” sont nos propres projets dans lesquels on expérimente des choses, commente Jérôme Glad. Ce sont Le Village au Pied-du-Courant, Les Jardineries au pied du stade olympique, le “Hub de la ville participative” dans nos bureaux qui se met actuellement en place, où nous aurons des structures de sport et d’accueil pour beaucoup d’initiatives (…).” Un projet qui devrait éclore en 2019.
L’entreprise a développé par ailleurs une trentaine de “lieux de vie”, des projets locaux sur commande de tiers (par exemple les Jardins Gamelin à l’initiative du Quartier des spectacles ou des commandes d’arrondissements comme la Place du Marché au marché Atwater, les Quais Masson, etc.). Certains font désormais partie intégrante et durable du paysage urbain. “La moitié de nos projets ne sont plus démontés”, se réjouit Jérôme Glad. C’est le cas par exemple de la Marina Saint-Roch, à Québec. “Elle sera là pour 10 ans au moins“, indique le Français.
Au-delà de ces projets ou commandes, La Pépinière veut aussi servir de support pour des initiatives de citoyens ou d’organismes car “toute personne qui a la passion, qui est intéressée par la ville et prête à entreprendre pour le mieux-être collectif peut participer à la ville“, souligne Jérôme Glad.
Du 16 janvier au 15 février 2019, un appel à candidatures est d’ailleurs lancé dans le cadre de “Vivace“, le nouveau programme d’accompagnement d’initiatives collectives de La Pépinière. Quatre projets d’initiative urbaine seront retenus avec à la clé, jusqu’à 20.000 $ de participation, une formation et des forces vives pour la mise en place. La Pépinière vous invite à une rencontre le 22 janvier pour en savoir plus. Et si vous vous impliquiez dans la ville ?