Lionel Larribau, fondateur de Caribou Jobs, est un « trappeur de têtes » : il accompagne les talents français et francophones à trouver leur prochaine aventure professionnelle au Québec. Rencontre avec cet entrepreneur qui compte bien rebattre les cartes du recrutement transatlantique.
L’aventure Caribou Jobs est née un peu par hasard, lorsqu’à l’été 2018, un ami québécois demande à Lionel Larribau s’il a de bons candidats francophones à lui recommander. « Il y a une énorme demande de talents parlant français au Québec et les premiers francophones à 7000km à la ronde… et bien c’est nous ! », raconte-t-il simplement. Rapidement, cet ancien commercial rompu aux grands groupes (Danone, Pernod Ricard), SSII mais aussi environnement startups, décide de cofonder « Caribou Jobs » en partenariat avec un cabinet d’avocat québécois spécialisé dans les Ressources Humaines, Therrien Couture.
L’idée ? Prendre en compte le projet d’expatriation dans sa globalité, et non juste sous l’angle de l’emploi. Lionel Garribeau se félicite d’avoir créé un « mixte entre une agence de voyage et de rencontres » car les formules proposées sont all inclusives. Les collaborateurs de Caribou Jobs aident les candidats à trouver un appartement, favorise la mobilité du conjoint, aident à trouver une école aux enfants, et viennent même chercher les nouveaux arrivants à l’aéroport. Si les candidats ont généralement un projet assez mûr, ils ont besoin d’être accompagnés, car souvent lâcher un CDI (voire deux pour un couple) pour l’inconnu est plus qu’angoissant. « Je traite actuellement le cas d’une famille où on gère les deux dossiers en parallèle », raconte Lionel Larribau .
L’entrepreneur définit un recrutement comme la rencontre de deux angoisses « d’un employeur sur le sérieux et les compétences d’un candidat », et d’un candidat « sur l’environnement de travail dans lequel il débarque ». C’est pourquoi Caribou Jobs a fait le choix d’être un tiers de confiance, une sorte de « pont transatlantique » du recrutement, au ton décalé mais au sérieux bien ancré.
Car le rêve de Lionel Larribau, c’est de pouvoir à terme s’affranchir du diplôme. Si les profils les plus demandés aujourd’hui au Québec sont les talents techniques — qu’ils soient outilleurs ou opérateurs de productions — l’entrepreneur regrette parfois le manque d’équivalence d’un pays à un autre. « Si un électromécanicien a 20 ans d’expérience professionnelle en France, mais qu’il a un CAP Boulangerie, il ne coche pas les cases juridiques, et ça ne marche pas ». Or l’ambition de Caribou Jobs, c’est d’apporter un œil neuf sur le recrutement, en mettant en valeur les « Caribous à trois pattes ».
Ce pro de la communication sur les réseaux sociaux a d’ailleurs gagné en visibilité sur Linkedin grâce à cette poétique métaphore. « Les employeurs ont souvent tendance à faire des listes au Père Noël, cherchant le fameux mouton à cinq pattes. Or ça n’existe pas. Quatre pattes c’est déjà parfait, mais mon idée, c’est de laisser leur chance aux caribous à seulement trois pattes, moins armés mais plein de soft skills : grâce à la formation, ils peuvent rapidement acquérir une quatrième patte » !
Pour détecter ces personnalités, les process de Caribou Jobs se veulent sélectifs sur la motivation des candidats, en commençant d’abord par un entretien Skype. « À cette étape, on perd souvent 2/3 de candidats, mais ça permet de garder les plus motivés », raconte Lionel Larribau qui n’hésite pas à challenger la détermination des aspirants expats en leur envoyant… des vidéos de l’hiver canadien. Et il ne cesse d’insister sur la patience nécessaire à un départ bien rodé : souvent près de six mois sont nécessaires pour obtenir un permis de travail.
Les candidats de Caribou Jobs ont pour point commun de vouloir partir à l’aventure. « Notre philosophie ? Que la finalité ne soit pas de trouver un job, mais de partir à l’aventure », clame Lionel Larribau. Pour changer de vie, il faut un métier, être rémunéré… et un permis de travail !
Le « trappeur » de têtes bien faites a beaucoup de projets pour 2019. D’abord, une communication accélérée sur les réseaux sociaux en testant Instagram comme vecteur de recrutement (« au lieu de bouffe, mode et voyage »). Puis une levée de fonds pour recruter afin de faire passer le plus d’entretiens possibles aux talents aspirants à l’aventure québécoise, et accélérer les partenariats déjà en cours (avec certaines universités françaises, et Pôle Emploi International).
À terme, Caribou Jobs a vocation de s’étendre dans d’autres pays francophones, en Europe mais surtout en Afrique. « On essaye de se rapprocher des programmes PRIIME pour aider la visibilité des minorités visibles et l’intégration des nouveaux arrivants ». Finalement, pour Lionel Larribau, une expatriation réussie tient à « une bonne organisation, des renseignements sur la culture, le pays, la météo, une prise en compte des composantes familiales… et un coup de fil à Caribou Jobs ! ».