Le nom de jeune fille de sa mère suédoise (Dahlström) lui a inspiré le nom de sa marque Dahls”. Français par son père, Nils Chartier a grandi à Paris et Poitiers avant de poursuivre ses études supérieures à Pau. Devenu montréalais d’adoption, son expérience dans la restauration lui a donné l’idée de fabriquer des tabliers. Portrait d’un artisan aux influences multiples.
C’est un peu par hasard que Nils Chartier s’est installé à Montréal. En France, ses études de langues l’orientaient plutôt vers des métiers de traduction, mais le Franco-suédois fraîchement diplômé n’avait pas encore de projet précis. “Je n’avais plus d’attaches à Pau, mes parents étaient partis en Dordogne et mes frères faisaient leur vie à Paris et à Bruxelles.” Il décide alors de partir à l’étranger, plutôt dans un pays anglophone.
“C’est à moitié loupé !“, plaisante-t-il. “Je suis tombé par hasard sur le PVT en avril 2006 et en octobre j’étais parti. Je voulais perfectionner mon anglais, vivre dans un environnement bilingue et me trouver professionnellement“.
À son arrivée à Montréal, Nils Chartier enchaîne les petits boulots pendant plusieurs années, d’abord chez Foot Locker puis dans la restauration chez des traiteurs, dans des bars et des restaurants, notamment le Mile-Ex. Il se sent progressivement emporté par “l’énergie entrepreneuriale et artistique qui se dégage de Montréal (…). J’ai vu des amis autour de moi ouvrir une boutique, un restaurant, faire de la musique et se développer“, confie-t-il. Et cela lui fait envie…
Son expérience dans la restauration lui donne alors l’idée de se lancer dans la confection d’un premier tablier en 2012, auquel il ajoute un sac (tote bag). “Montréal s’y prête bien avec ses nombreux marchés de designers ou d’artisans, tous les studios, et la disponibilité des matières premières sur place, en particulier pour le tissu et le cuir“. Nils Chartier partage un atelier dans le Mile-Ex et se fournit presque exclusivement auprès de fournisseurs montréalais, sauf pour le hardware (la quincaillerie) acheté aux Etats-Unis.
Le style Dahls” ? De la simplicité, des coloris neutres, un look sobre et unisexe. “Pas de logos visibles, pas de surpiqûres d’autres couleurs ni de détails encombrants“, commente Nils Chartier. L’accent est mis sur la fabrication à la main et l’usage de matérieux durables, naturels et pour l’essentiel, locaux. “C’est du coton et du cuir et le hardware c’est du laiton. Il n’y a pas de produits chimiques, de plastique ni de pétrole“, souligne l’entrepreneur.
Sa clientèle inclut des particuliers et des professionnels variés. “Beaucoup de gens achètent les tabliers pour faire des cadeaux“, raconte Nils Chartier. Mais il fournit également des restaurants, bars ou cafés ainsi que des ébénistes, tatoueurs, vitriers, céramistes et autres artisans qui recherchent la qualité du produit.
Les vestes de travail se sont ajoutées aux tabliers et sacs en 2016. Inspirées des bleus de travail français avec des matériaux nord-américains et des boutons en corne naturelle, elles accompagnent volontiers leurs propriétaires dans la vie de tous les jours.
Aujourd’hui, les produits Dahls” sont distribués en ligne, chez Yul Designs, V de V, Magasin Général Lambert Gratton et Café Markt (dont on a parlé ici) à Montréal, ainsi qu’à Québec, Winnipeg et Vancouver (liste des points de vente ici). La petite entreprise commence même à s’internationaliser depuis le dernier salon Maison & Objet où elle a conquis des clients français et japonais.
Nils Chartier avait néanmoins besoin d’élargir son financement pour assurer une nouvelle production de vestes de travail fabriquées en Estrie, dans des coloris marine et noir. Il a donc fait appel aux services de la plate-forme de sociofinancement Ulule avec pour objectif de récolter 4.000 $ en 30 jours. Les contributeurs bénéficient de réductions sur les produits et peuvent pré-commander une veste. L’opération est lancée ! On lui souhaite d’atteindre sa cible.