Avec la proximité de langue et de la culture, on pense parfois qu’immigrer au Québec et y travailler ne sera pas si difficile que cela. Et pourtant… Ce n’est pas parce qu’on a une proximité culturelle et linguistique que les cultures de travail sont les mêmes.
Thomas Dumon, conseiller en emploi à la Fondation Ressource Jeunesse, spécialisée dans l’insertion professionnelle des jeunes adultes, a répondu à nos questions sur les compétences à développer pour une meilleure employabilité au Québec.
1 – Développer son réseau
“En Amérique du Nord, contrairement à la France, construire et faire vivre un réseau est extrêmement important, rappelle d’emblée Thomas Dumon avant de préciser que le marché de l’emploi s’appuie aussi sur un “marché caché”. “Le marché caché, ce sont les offres d’emplois qui ne vont pas être diffusées sur les sites de recherche d’emploi mais qui peuvent être obtenues via son réseau, entre autres”, explique le conseiller avant de préciser que, d’après ses estimations et d’une manière générale, jusqu’à 70 % des offres se trouveraient sur ce marché caché.
2 – Savoir se vendre
Plutôt que de donner à un employeur une liste de choses que l’on sait faire, il vaut mieux se considérer comme une personne offrant un service ou des compétences. “Il faut se placer dans l’idée que l’on répond à un besoin exprimé par l’entreprise. Avoir cet état d’esprit aide aussi à être plus convaincant en entrevue sur ce que l’on peut offrir plutôt que de se considérer comme un demandeur d’emploi qui subit une entrevue,” explique Thomas Dumon.
3 – Connaître le marché de l’emploi
Un CV n’est pas une accumulation de compétences. Pour un poste dans l’informatique, par exemple, il n’est pas forcément nécessaire de préciser que vous avez passé un été à vendre de la limonade. D’après Thomas Dumon, le CV n’est pas une fin en soi: “Bien sûr, il est important de le travailler correctement mais il faut d’abord s’assurer que son projet tienne la route.” Beaucoup de métiers sont réglementés au Québec, des certificats de compétence peuvent aussi être demandés dans certains cas et cela implique des démarches parfois longues. Il est donc important d’avoir fait toutes les recherches nécessaires avant de se lancer.
4 – Savoir s’adapter
La culture du travail en Amérique du Nord n’est pas la même qu’en France. Ici, on privilégie des discussions simples et efficaces. Les envolées lyriques et philosophiques, les patrons ne les comprendront pas. “Le modèle dans les entreprises est moins hiérarchisé qu’en France, on est beaucoup plus dans l’informel, explique Thomas Dumon. Ici, lorsqu’on intègre un emploi, on ne va pas systématiquement nous donner une procédure à suivre, il faut donc être capable d’aller chercher nous-même l’information.”
5 – Persévérer
Trouver l’emploi de ses rêves peut prendre du temps. Mais il ne faut pas se décourager dès les premiers refus. L’important, c’est d’analyser le pourquoi du comment et de s’en servir lors des prochains entretiens. “Il ne faut pas tomber dans le jugement si on veut comprendre comment fonctionne le marché”, prévient le conseiller. Enfin, si vous ne trouvez pas un emploi dans votre branche du premier coup, il ne faut pas hésiter à en accepter un dans une branche connexe : cela peut permettre de développer de nouvelles compétences et de prouver qu’on a toujours cherché à travailler. “Il faut savoir prendre l’initiative dans sa recherche d’emploi et surtout être persévérant,” explique Thomas Dumon.