“Ce n’est pas du réchauffé, précise Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des Beaux Arts de Montréal (MBAM). C’est un bouquet final“. L’exposition “Love is Love – Le mariage pour tous selon Jean Paul Gaultier” clôt avec style la tournée de l’exposition “La planète mode de Jean-Paul Gaultier : de la rue aux étoiles” imaginée par le MBAM il y a 6 ans et qui a rassemblé depuis plus de 2 millions de visiteurs dans 12 villes à travers le monde.
“On voulait la conclure de manière pertinente, élégante, chaleureuse et amoureuse“, s’enthousiasme Nathalie Bondil. Il est en effet question d’amour dans cette exposition qui célèbre le mariage en rassemblant pour la première fois 35 robes de mariée et habits de noces choisis parmi les pièces les plus belles et iconiques du créateur. Des créations en mousseline de soie, guipure, tulle plissé façon “Madame Grès”… dont certaines sont le fruit de plus de 400 heures de travail.
Les tenues sont exposées dans le Carré d’art contemporain du musée autour d’un gigantesque gâteau de mariage. Le néerlandais Jurgen Bey, du studio Makkink & Bey, a participé à la mise en scène avec une installation constituée de meubles et d’objets recouverts de tissu élastique comme des cocons. L’une des mariées se laisse bercer sur une balançoire agrémentée de tissu vaporeux. Quelques mannequins sont animés par la compagnie montréalaise de théâtre d’avant-garde UBU.
Un clin d’oeil à l’amour donc, célébré à la fin des défilés de haute couture avec l’apparition de la robe de mariée sur le podium. “Avec un vrai message qui nous engage pour le mariage pour tous“, commente Nathalie Bondil. Le titre “Love is Love” fait référence au discours de Barack Obama annonçant en 2015 la légalisation du mariage homosexuel dans tous les États américains. “Le mariage entre hommes était permis dans les tribus amérindiennes jusqu’en 1870, rappelle Thierry-Maxime Loriot, commissaire de l’exposition. Finalement, on se bat pour quelque chose qui a déjà existé“.
La scénographie mêle donc des mannequins masculins et féminins, couples de tout genre et de toute orientation. “Jean-Paul Gaultier, défenseur de la diversité, a revendiqué la liberté d’expression et de la différence avec son imagination débridée en revisitant la classique robe blanche, en bouleversant les codes vestimentaires et en incarnant une vision inclusive de la société“, commente Thierry-Maxime Loriot. Un engagement mis en scène avec impertinence et humour sur les podiums par le couturier, que l’on pourra peut-être bientôt apercevoir en personne au MBAM ou dans les rues de Montréal. “Il y a plein de choses qui se passent à Paris et je ne pouvais absolument pas partir de France mais je viendrai voir l’exposition“, promet-il.