Ce ‘‘Voyou’’-là n’en est pas vraiment un. Avec ses yeux bleus, ses longs cheveux blonds et ses tatouages de train et de petit dinosaure, il respire la bienveillance. Thibaud Vanhooland, alias Voyou, a pris le parti de l’optimisme. ‘‘C’est essentiel de ne pas être fataliste. On a tous besoin d’un peu d’optimisme dans cette époque de changements et de menaces.’’
Originaire de la banlieue lilloise, Thibaud Vanhooland découvre la musique grâce à la trompette dès son plus jeune âge. A 12 ans, il déménage à Nantes et délaisse le conservatoire. Il commence alors à apprendre la batterie, la guitare, la basse. ‘‘Pour faire du rock et faire chier mes parents’’, confie-t-il.
Le bac en poche, Voyou collabore avec trois groupes aux inspirations différentes : le groupe de rock Rhum for Pauline, le duo pop Elephanz et le projet électro Pegase. ‘‘Après le lycée, j’ai de suite essayé de faire de la musique mon métier.’’ Le jeune Lillois estime que ces années passées dans un ‘‘band’’ lui ont permis d’apprendre beaucoup sur la musique. ‘‘Un des groupes s’est arrêté. Le deuxième était entre deux albums, et le troisième était en tournée avec d’autres musiciens.’’ C’était pour Voyou le moment de lancer sa carrière solo.
Celui qui estime être ‘‘plutôt un gentil garçon’’ a choisi un nom de scène qui tranche avec son image. “Le voyou, c’est peut-être le jeune libre qui profite du monde, en opposition aux vieux réacs. C’est aussi assez tendre.Tu es un petit voyou quand la bêtise te fait quand même un peu marrer !”
Multi-instrumentaliste, compositeur et chanteur, Voyou continue de se décrire comme un musicien. ‘‘Je crois que je n’arriverais jamais à me considérer comme un chanteur. Pour moi, c’est un être libidineux, un peu prétentieux… Je chante parce que ce sont mes morceaux. Mais je n’ai jamais été un mec qui chante à fond sous la douche’’, confie-t-il en riant.
Seul sur scène ou entouré de son band, Thibaud Vanhooland n’en est pas à son premier passage à Montréal. La ville l’a d’ailleurs aidé à trouver son inspiration. ‘‘Je suis venu trois mois, j’ai écrit un maximum de morceaux avant de repartir. C’est une ville qui a un cadre de vie exceptionnel.’’ Sur scène pendant les Francos 2018, il jouait face à un public qui ne le connaissait pas. ‘‘C’était très agréable, le public était vraiment attentif.’’ Il en est sûr, ‘‘je reviendrai !’’
Dans ‘‘Les bruits de la ville’’, son premier album, Voyou parle d’optimisme avec des chansons très narratives et ‘‘colorées’’. Il estime que ses musiques ont ‘‘plusieurs niveaux de lectures.’’ ‘‘On me dit que mes chansons peuvent laisser perplexes à la première écoute, mais qu’il faut creuser. Je ne me pose pas trop de questions quand j’écris mais tant mieux si mes textes portent à réfléchir !’’ Thibaud Vanhooland essaye aussi de ne pas se cantonner à un type de musique en particulier. ‘‘J’aimerais dire que ma musique est libre. Parce que je me sens libre quand je compose.’’
Ses textes, tous écrits en français, et ses rythmes entrainants de pop musique aux airs électros sont remplis de promesses et de nostalgie. Ils racontent un amour impossible (‘‘Le Naufragé’’), une séparation (‘‘Seul sur ton tandem’’) ou encore les questions existentielles qui le traversent (‘‘Les soirées’’). ‘‘Je m’inspire de ce qui se passe autour de moi, de mes voyages et des endroits pas forcément existants que je fantasme dans ma tête. J’aime aussi parler de ce qu’est l’être humain et de la manière dont il se construit.’’
Onze petites histoires dans cet album, aux décors installés par les instrus. Énoncées comme des nouvelles musicales, optimistes et pas moralisatrices, les chansons de Voyou racontent l’inconstance de notre quotidien. Romantique, nonchalant mais lucide, l’artiste affirme avec ‘‘Les bruits de la ville’’ son talent de parolier.