Jusqu’au 7 janvier 2018, 780 petits soldats en tricot, français, canadiens et autres, sont exposés dans le Pavillon pour la Paix du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Une exposition à voir en famille pour se souvenir de la première guerre mondiale.
“Cette installation est extrêmement belle, très émouvante et en même temps très douce“, commentait Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du musée lors du vernissage de l’exposition le 10 novembre. Ce “projet intelligemment ficelé” selon les termes de la directrice, réunit en bataillon les petits soldats bleu ciel (“les poilus”) avec leurs homologues canadiens, russes et bien d’autres. En tout, ce sont les soldats de 19 des États engagés pendant le conflit, alliés comme ennemis, qui sont exposés.
Tout commence en France, lorsque la plasticienne française Délit Maille est mandatée en 2013 par Le Musée de la Piscine de Roubaix, pour concevoir une oeuvre en prévision du centenaire de la Grande Guerre. Très vite, elle se rend compte qu’elle ne pourra mener à bien seule le projet de tricot qu’elle a en tête et décide de lancer un appel aux bénévoles sur les réseaux sociaux. “J’espérais en avoir trente et trois jours après ils étaient 500″, raconte-t-elle.
Ce sont donc 500 tricoteurs du monde entier, experts ou débutants, qui se sont lancés dans cette aventure participative, tissant un lien entre les continents et les générations. Les soldats, d’une hauteur de 15 cm chacun, s’assemblent sur une longue colonne de 18 m qui ravive le souvenir de millions de vies broyées pendant la première guerre mondiale.
“Je voulais une armée la plus grande possible et qu’on soit dans la démesure et en même temps le minuscule, entre le dérisoire et l’important, confie la plasticienne pour expliquer sa démarche. Paradoxalement, l’important ce n’est pas le nombre, c’est la fragilité. Et là, mon média fonctionnait“.
Exposés tout d’abord en France, les petits soldats ont pris le chemin de Montréal. Parmi eux figurent les soldat canadiens, en uniforme beige avec un écusson sur le bras, rappelant ainsi le rôle majeur qu’ils ont joué dans le conflit en réussissant la prise de la Crête de Vimy en 1917. 11 285 soldats canadiens, morts en France au combat, y sont ensevelis. “La symbolique de faire traverser l’Atlantique à ces soldats en sens inverse 100 ans après est énorme“, commente Délit Maille.
Cette exposition s’inscrit dans le cadre de l’année de la Paix au Musée des beaux-arts. Elle rappelle l’importance de garder un lien entre les nations et la fragilité de ce lien. “Ici au Québec il y a une expression : “être tricotés serrés”, rappelait Natalie Bondil le soir du vernissage. Cela veut dire se tenir ensemble, s’aimer ensemble, c’est très joli.”
De quoi donner du fil à retordre à l’intolérance et la xénophobie.