Trouver un emploi au Québec : un défi grandissant pour les jeunes et les immigrants

Trouver un emploi au Québec : un défi grandissant pour les jeunes et les immigrants

Par Marie-Hélène Dufays Marinescu / Le 1 juillet 2025 / Vivre ici

Vu d’Europe, le marché de l’emploi canadien – et québécois en particulier – peut sembler très ouvert. Mais est-ce toujours le cas en 2025 ? Si vous avez l’impression qu’il est devenu plus difficile de trouver un emploi au Québec, vous ne rêvez pas. Le marché s’est resserré, surtout pour les jeunes diplômés… et encore plus lorsqu’on est né à l’étranger.

Selon Simon Savard, économiste principal à l’Institut du Québec, le taux de chômage des immigrants temporaires est trois fois plus élevé que celui des personnes nées au Canada et deux fois plus élevé pour celui des immigrants permanents.

Le contexte économique et démographique

Alors que le taux de chômage a atteint 7 % au Canada, le Québec s’en sort un peu mieux, avec un taux avoisinant les 5,8 %. En parallèle, le nombre de postes vacants a chuté de plus de moitié, passant de 254 000 au début de 2022 à 121 000 à la fin de 2024, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Pourtant, en avril 2022, peu après la pandémie, la province faisait encore face à un important besoin de main-d’œuvre. Mais le contexte économique marqué par l’inflation a poussé certains employeurs à renoncer à pourvoir certains postes, ce qui a freiné les embauches. La guerre tarifaire avec les États-Unis a également joué un rôle, en freinant une croissance économique déjà ralentie depuis 2024, explique l’économiste Simon Savard.

Cette baisse de la production de biens et de services s’explique aussi, selon Yves Chochard, directeur de l’Observatoire compétences-emplois, par une forme de prudence alimentée par le climat d’incertitude. « On repousse […] les investissements et on évite peut-être d’embaucher… », avance-t-il.

Le facteur immigration

Ce contexte économique, conjugué à l’augmentation de la population active liée à l’immigration, a élargi l’offre de main-d’œuvre, alors même que le nombre de postes disponibles diminuait, analyse Simon Savard. Sans immigration, ajoute-t-il, le vieillissement de la population ferait en sorte que davantage de personnes quitteraient le marché du travail qu’il n’en arriverait.

D’ailleurs, Québec agit en ce moment pour réduire les seuils d’immigration. Des consultations sont en cours et plusieurs programmes ont été suspendus.

Le chômage des jeunes en hausse

L’économiste souligne également l’augmentation du chômage auprès des jeunes diplômés possédant un baccalauréat ou plus. Ce qui n’était pas le cas auparavant, lorsque « les jeunes diplômés affichaient un taux de chômage plus bas que la moyenne », indique l’IDQ.

De plus, explique l’économiste, les postes laissés vacants par les départs à la retraite ne sont pas toujours comblés par les employeurs, et ce en raison du contexte économique.

Bien qu’il y ait effectivement une pénurie dans certains secteurs, il arrive que les diplômés décident de patienter, en espérant trouver un emploi dans leur domaine, ou de reprendre des études, indique Simon Savard. Cela pourrait également expliquer ce taux de chômage plus important chez les jeunes diplômés. Par ailleurs, l’utilisation progressive de l’intelligence artificielle et l’automatisation de certaines tâches d’entrée de carrière peuvent également affecter leur employabilité. 

La fin de la pénurie de main-d’œuvre généralisée ?

La pénurie de main-d’œuvre généralisée, telle qu’on l’a connue en 2021-2022, « semble être derrière nous », croit Simon Savard, bien que des « pénuries sectorielles » soient encore d’actualité.

Malgré une augmentation du chômage, le recrutement de travailleurs qualifiés « reste un défi, surtout en région », où la croissance démographique est moins accrue qu’en région montréalaise, explique Simon Savard. C’est ce que révèle un récent sondage réalisé auprès des entreprises québécoises. Le quart des entreprises sondées peinent à recruter des employés qualifiés, et 20% d’entre elles sont en pénurie de main-d’œuvre, indique encore l’économiste.

Au Québec, la demande se fait sentir surtout pour les « métiers spécialisés ou très spécialisés », précise Yves Chochard.

Par ailleurs, parmi les professions affichant le plus grand nombre de postes vacants, on retrouve : 

  • Infirmier autorisé et infirmier autorisé psychiatrique
  • Serveur au comptoir, aide de cuisine et personnel de soutien assimilé
  • Vendeur dans le commerce de détail

L’économiste principal de l’IDQ souligne enfin que les diplômes gardent une « certaine valeur ». Ils facilitent la mobilité professionnelle, ce qui rend les personnes diplômées plus résilientes face aux fluctuations du marché de l’emploi.

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