Samedi 25 mai, à Montréal – et dans toute l’Amérique du Nord – on vote ! Les élections européennes y ont lieu de manière anticipée, au lieu de dimanche 26 mai comme en France. À cette occasion, rencontre avec Roland Lescure. Pour le député de la première circonscription des Français établis hors de France, les “expats” garderaient l’Europe dans leur coeur.
Pour Roland Lescure, “les Français d’Amérique du Nord sont assez impliqués dans la vie politique”. Historiquement, ils se “retrouveraient moins” dans les clivages politiques classiques. Selon le député, cet engagement expliquerait “l’engouement qu’il y a eu pour LREM” au moment des présidentielles de 2017. À Montréal, cela se traduit en chiffres : la plateforme En Marche ! mise en place en 2016 compterait aujourd’hui environ 700 adhérents.
Aujourd’hui, Roland Lescure tente de mobiliser les Français d’Amérique du Nord en vue des Européennes. Car en 2014, seulement 10% des Français de l’étranger se sont déplacés. “Pour avoir de l’impact sur les décisions en métropole, ils doivent s’impliquer et se mobiliser le 25 mai.” Le message que veut faire passer Roland Lescure est clair. “Samedi, tous aux urnes !”
Brièvement membre du Parti socialiste dans les rangs de Dominique Strauss-Kahn, Roland Lescure a rejoint La République en Marche pour “sa vision pro-européenne“. L’ancien premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec se dit convaincu que “l’avenir de la France” ne puisse se construire “que dans une Europe plus forte.”
Selon cet ancien polytechnicien, l’Europe doit se construire comme une alternative aux modèles américain et chinois. “Nous devons offrir une option entre la politique néolibérale des États-Unis et le capitalisme d’État de la Chine”, estime-t-il. Si elle souvent jugée technocratique et trop compliquée, il considère qu’il faut “reconnecter” l’Europe aux citoyens. Avant tout, Roland Lescure se dit pour une “Europe des solutions“, plutôt que pour “des solutions à court terme“. “Plus de démocratie participative permettrait de rendre l’Union Européenne plus proche des citoyens”, explique-t-il.
Selon Roland Lescure, les Français de l’étranger ont tendance à être plutôt pro-européens. “Nous l’avons vu pendant les présidentielles. Le score du Rassemblement National était très faible, au premier tour comme au deuxième.” La raison ? Les Français de l’étranger seraient plus au fait “de l’ouverture à l’international et de ses bienfaits“.
La mobilité serait d’ailleurs une des principales attentes des Français d’Amérique du Nord. D’autant plus que le profil des Français de l’étranger a changé. Alors qu’il y a 25 ans, les expatriés ne restaient que quelques années pour des raisons professionnelles, l’Amérique du Nord accueille de plus en plus d’étudiants et de jeunes professionnels. La plupart vienne pour s’installer, explique le président de la Commission des affaires économiques. “Le développement des formations à l’étranger et des programmes Erasmus font partis des attentes de la population française établie à Montréal et en Amérique du Nord”.
“Pour mettre en place des politiques ambitieuses, il faut qu’elles soient prises au niveau européen.” Surtout, Roland Lescure rappelle que l’Europe s’est d’abord construite autour de la paix. “Dans les années 1980, la construction européenne a repris autour du marché commun et de la monnaie. Son principal défi aujourd’hui, c’est d’amorcer une transition écologique.’’
Or, les attentes des Français d’Amérique du Nord seraient très axées sur le développement durable. ‘‘La population se rend compte du recul de la cause environnementale aux Etats-Unis et des contradictions sur le sujet au Canada. Au contraire, les thématiques européennes sont plutôt en phase avec leurs attentes “.
Alors, dans son programme, la liste européenne de LREM – Renaissance – propose la création d’une Banque Européenne pour le climat. Cette dernière aurait pour mission de financer des projets environnementaux. ‘‘Nous devons aussi créer des champions européens dans le domaine environnemental’’, continue Roland Lescure.
Porteur de la loi Pacte 2019, le député se dit favorable à étendre le concept ‘‘d’entreprise à mission’’ et la notion d’intérêt social de l’entreprise au niveau européen. ‘‘Nous pourrions inciter la mise en place d’une mission sociétale de l’entreprise, en plus de l’objectif commercial. Si plusieurs pays mettent en place ce type d’entreprise, nous pouvons créer un effet boule de neige’’, explique le député.
Pourtant, dans le contexte de la crise des gilets jaunes en France, le député craint que les élections européennes “se transforment en référendum pro ou contre Emmanuel Macron”. “L’Union Européenne ne s’est pas construite autour de clivages partisans”, rappelle-t-il.
Pour en savoir plus sur le programme européen de Renaissance, rendez-vous au meeting de Roland Lescure, mercredi 22 mai 2019 à 18h30 au Bain Mathieu.
Margaux Otter, avec Claire Estagnasié