Chaque automne, le festival CINEMANIA célèbre le cinéma francophone à travers des projections et des rencontres avec celles et ceux qui le font vivre. D’année en année, un constat s’impose : les collaborations internationales se multiplient et enrichissent la francophonie cinématographique. Les frontières tombent, les cultures et les accents se croisent. Des réalisateurs québécois tournent en France, des acteurs français s’installent sur les plateaux québécois, et de nouvelles coproductions émergent avec le Maroc, le Luxembourg ou la Belgique. Guilhem Caillard, directeur général et artistique du festival, suit cette effervescence de près et en est convaincu : c’est là que se joue l’avenir du cinéma francophone.
Le festival CINÉMANIA se tiendra du 4 au 16 novembre à Montréal. 
La programmation complète est ici. 
Des coproductions qui se multiplient
Cette année encore, la programmation de CINÉMANIA reflète un réseau francophone en pleine expansion. Si les collaborations entre le Québec et la France restent solides, de nouveaux partenariats voient le jour avec le Luxembourg, la Belgique ou encore le Maroc. Le cinéma s’ouvre, se mélange et rayonne.
« Il y a maintenant beaucoup d’histoires entrecroisées, des acteurs français dans des films québécois parmi les plus attendus », constate Guilhem Caillard.
On sera heureux, le film d’ouverture du festival, est une coproduction québéco-luxembourgeoise signée Léa Pool. Jonathan Cohen partage l’affiche avec Magalie Lépine-Blondeau dans L’âme idéale, tandis que Fanon réunit le Luxembourg, la Belgique, la France et le Canada. Même Xavier Dolan endosse un rôle de représentant du gouvernement français dans L’inconnu de la Grande Arche. Une chose est sûre : le milieu se mêle, et de plus en plus.
Aux yeux du directeur du festival, ces connexions sont vitales: « Ce pont est la clé de la survie du cinéma québécois. Si le cinéma québécois fait du cinéma juste pour lui-même, c’est un peu le début de la fin. La coproduction, c’est l’avenir. » Un constat d’autant plus vrai que les financements se font de plus en plus rares et les budgets, plus serrés.
Et cette union se ressent jusque dans les chiffres, comme l’illustre Guilhem Caillard: « Cette année, on a 30 % de partenaires en plus, et ce sont souvent des partenaires français ou d’autres pays francophones qui veulent percer le marché québécois. »

Une francophonie soudée face aux États-Unis
Derrière cette dynamique, il y a aussi une part de résistance, une volonté de défendre la souveraineté culturelle francophone.
« Avec cette agressivité depuis le début de l’année en provenance des États-Unis sur la souveraineté culturelle du Canada et du Québec, les Québécois se rendent compte que la francophonie internationale, c’est une solution à laquelle il faut se rattacher », affirme Guilhem Caillard.
Et cette solidarité face aux États-Unis se ressent jusque dans le milieu culturel européen. Au Festival du film de Cabourg, Guillaume Gallienne a remis le Grand prix du jury à la réalisatrice québécoise Anne Émond pour son film L’Amour apocalypse. « Son message, c’était de dire : nous, le cinéma québécois, ça nous parle, et encore plus aujourd’hui avec ce qui se passe aux États-Unis », rapporte Guilhem Caillard, qui était présent pour l’occasion.
Même scénario au Festival d’Angoulême, qui a remis à plus tard son hommage au Cambodge pour offrir une vitrine au Québec, avec un grand « Vive le Québec » inscrit sur l’affiche.
« D’une certaine manière, merci à Monsieur Trump, parce que je pense que ça a motivé les troupes, ça a créé du lien entre tout le monde », se réjouit Guilhem Caillard.
Une histoire du Québec qui rayonne autrement
CINÉMANIA cultive cette ouverture internationale également à travers les histoires qu’il met de l’avant. Parmi les films présentés cette année, le documentaire Baie James 1975, le choc des nations plonge le spectateur dans un pan méconnu de l’histoire québécoise : un grand projet hydroélectrique et la résistance des Cris et des Inuits. Une façon de faire connaître davantage l’histoire autochtone du Québec à travers la francophonie.
Un festival en pleine ascension
Le festival grandit, et les têtes d’affiche se multiplient. Cette année, on retrouve Jean Dujardin – qui a malheureusement annulé sa venue, Juliette Binoche, Raphaël Quenard, Arnaud Desplechin, Reda Kateb, Jonathan Cohen… mais aussi Niels Schneider, Xavier Dolan, Monia Chokri, ces artistes qui, depuis longtemps, tissent des liens entre la France et le Québec. Monia Chokri recevra d’ailleurs le CINÉMANIA d’honneur pour son rôle dans le rayonnement du cinéma québécois dans la francophonie.
Et Guilhem Caillard compte sur la présence d’invités pour que le public continue de cultiver son amour pour le cinéma : « Si on veut rallumer la flamme cinéphilique à Montréal, ça passe par les tapis rouges, les classes de maître et les rencontres publiques. Pour nous, un événement de cinéma sans invités, ça n’a pas de sens. »

