Pourquoi caribou est le premier mot qui vient en tête (ex aequo avec tabarnak) lorsqu’on dit à quelqu’un qu’on vit ou qu’on voyage au Canada ? Et surtout pourquoi a-t-on l’impression qu’on ne peut voir cet animal qu’aux confins de l’Amérique du Nord ?
Le renne et le caribou sont à première vue un seul et même animal, le rangifer tarandus. Il s’agit d’un cervidé observable dans les régions arctiques et subarctiques d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord.
Serait-ce donc correct de dire que le traîneau du Père Noël est tiré par neufs caribous ? Pas tout à fait. Le petit Rudolph est bel et bien un renne, et nous allons vous expliquer pourquoi.
Il existe bien une variante entre les appellations renne et caribou. Le caribou est la version sauvage de l’espèce tandis que le renne renvoie à un animal qui a été domestiqué par l’homme il y a un millier d’années. Les rennes sont des animaux élevés en semi-liberté, utilisés pour leur viande, leur lait et pour le cuir. Ils sont également utilisés comme en tant que bêtes d’attelage. S’il était tiré par des caribous, le traîneau du Père Noël ne serait pas aussi rapide et efficace lors de sa tournée.
Le caribou, le rangifer tarandus sauvage, vit principalement dans les provinces et territoires du nord du Canada, au Groenland et en Alaska. Selon le biologiste Steeve Côté, qui intervient régulièrement dans les médias pour faire un point sur la situation du caribou au Canada, il existe trois types de caribous : le caribou de Peary, le caribou de la toundra (considéré comme une espèce menacée depuis 2016 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada) et le caribou des bois.
Petite anecdote à retenir pour vos prochaines soirées quizz : parmi toutes les femelles cervidés, les caribous sont les seules à être dotées de bois.
Pourquoi a-t-on adopté l’appellation caribou, et pourquoi est-elle associée au Québec ? Tout simplement parce que le terme est né d’un mot d’une langue autochtone du Canada : le mi’kmaq. Les Micmacs (ou Mi’kmaq) constituent l’une des onze nations autochtones vivant sur le territoire du Québec. Ils sont très présents dans la région de la Gaspésie.
Caribou est donc un mot issu de kálibu (xalibú), un mot en mi’kmaq signifiant plus ou moins « un animal qui pioche avec ses pattes pour se nourrir ». De nombreux mots du lexique du français québécois tirent leurs origines de langues autochtones. Canada par exemple est un mot qui signifie « village » en langue iroquoise. Geneviève Breton nous en dit plus dans une vidéo YouTube.
Jules Vernes abordait l’origine du terme caribou dans son ouvrage Le Pays des fourrures (1873) : « […] et ces rennes, — ou plutôt ces ‘caribous’, pour leur restituer leur nom indien, — trompés par l’apparence, s’approchaient à portée des chasseurs, qui ne les manquaient point. »
Afin de donner une dimension plus contemporaine à ce court extrait, précisons qu’on ne désigne plus les populations autochtones en employant le terme « indien ». Pour rappel, les populations autochtones du Canada sont divisées en trois groupes : les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Le nombre d’Autochtones vivant au Canada était estimé en 2016 à 1,67 millions, mais cette donnée ne renvoie qu’aux individus recensés. Les Premières Nations représenteraient 630 communautés réparties entre 50 Nations et une cinquantaine de langues distinctes. Vous pouvez consulter les documents produits par le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) pour en savoir plus sur le processus de réconciliation entre les Autochtones et le reste du Canada.