N’ayant pas le droit de faire grève, les policiers de Montréal font un accroc à l’uniforme en guise de contestation.
Le mouvement, qui concerne également d’autres municipalités au Québec, ne date pas d’hier. Dès 1984, la Fraternité des policiers de Montréal avait introduit les jeans pour la première fois dans l’uniforme. Cette nouvelle mode a évolué en 2000 vers des pantalons plus colorés désignés depuis dans la presse sous les termes “pantalons de camouflage”, “cargos” ou “pantalons de clowns”.
L’objet principal de la contestation actuelle, initiée en 2014, c’est une loi imposant un partage moitié-moitié du coût des régimes de retraite municipaux entre les villes et leurs employés. Cette loi “coupera à terme l’équivalent de 9000$ de bénéfices par année (en pertes de prestations et en augmentation de cotisations), sans négociation, à chacun des policiers et policières de Montréal“, s’insurge Martin Desrochers, directeur de la recherche et de la communication de la Fraternité des policiers de Montréal. Il nous indique par ailleurs que “les policiers de Montréal sont sans contrat de travail depuis deux ans et demi“.
Cette touche de fantaisie des policiers est peu appréciée par Martin Coiteux, ministre des Affaires Municipales et de la Sécurité publique, qui estime qu’elle compromet le sentiment de sécurité de la population. Récemment, les policiers de Granby ont décidé de rentrer dans le rang en abandonnant le pantalon de camouflage. Pour mettre la pression à l’ensemble des policiers, Martin Coiteux a déposé fin avril un projet de loi qui les forcerait à porter leur uniforme en prévoyant des sanctions pénales en cas d’infraction. Martin Desrochers dénonce ce “projet de loi anticonstitutionnel” visant à empêcher ce qu’il défend comme “le seul moyen de protester“.
Au Québec, la Fraternité des policiers a lancé une vraie tendance qui s’est étendue à d’autres professions. En janvier dernier, les infirmières de l’hôpital de Terrebonne ont adopté le pantalon de camouflage pour protester contre leurs horaires de travail. Les ambulanciers ont également abandonné leur pantalon d’uniforme pour protester contre le retard dans la renégociation de leur convention collective, échue depuis 2015. Quant aux constables spéciaux des palais de justice, ils ont sorti, pour les mêmes motifs, l’artillerie lourde : des tee-shirts de shérif rose bonbon. Ces derniers sont eux aussi visés par le projet de loi de Martin Coiteux.
Les policiers de Montréal sont, quant à eux, bien déterminés à continuer leur protestation. Selon certains médias québécois, ils ont prévu de s’inviter au 375ème anniversaire de Montréal le 16 mai en défilant de 18h à 22h entre le Plateau Mont-Royal et l’Hôtel de ville. Leur arrivée devrait coïncider avec l’illumination du pont Jacques-Cartier, qui lancera les festivités d’anniversaire. Elle promet d’être haute en couleurs puisque la consigne est d’arborer pantalons de camouflage et casquettes rouges.