Cyrillus, Sergent Major, Petit Bateau… À l’origine de Picoti Picota, deux mamans françaises et un projet : donner accès aux marques françaises pour enfant à moindre coût, et en seconde main. Rencontre avec Gaëlle Aflalo et Julie Tardieu, les fondatrices de ce site de mode enfantine responsable.
Tout a commencé devant une sortie d’école sur le Plateau. Julie Tardieu, maman de deux petites filles de 7 et 5 ans, arrivée avec son mari au Canada il y a plus de 11 ans, est de retour à Montréal, après huit ans passés à Edmonton. C’est dans la capitale de l’Alberta que la trentenaire a été sensibilisée à l’univers de la mode enfantine, puisqu’elle y était gérante d’un magasin de vêtements pour enfants. Gaëlle Aflalo, elle, est fraîchement débarquée de Paris en 2017, avec son conjoint et ses deux filles de 3 et 7 ans. « Je venais d’arriver, et j’ai été surprise qu’il n’y ait pas plus d’offre de vêtements de qualité pour les enfants », raconte cette ancienne banquière. « À part Zara ou Gap, on ne trouve presque rien ! », renchérit Julie Tardieu, qui travaille dans une maternelle à temps partiel.
Rapidement, les deux trentenaires sympathisent autour d’un même projet : aider les parents à habiller leur progéniture à moindre coût, mais avec style. Rapidement, un même constat : « Sur le Plateau, la plupart recherche des marques françaises ! ». Pour mettre fin aux clichés, une précision : « les parents québécois aussi apprécient les marques françaises. Même la maîtresse regarde les étiquettes ! », plaisante Julie Tardieu.
Alors, dès la rentrée de septembre 2018, les deux compères s’attèlent au projet. Déjà, en octobre, les statuts de l’entreprise sont créés. Le titre de la chanson que chantait à l’époque la fille de Julie, « Picoti, Picota », s’impose rapidement comme nom de société, pour son « clin d’œil au duo et à l’enfance ».
Le principe se veut simple : acheter par lots les articles (entre 1 et 3 dollars selon la marque), faire le tri, puis revendre les pièces à 70% du prix qui était pratiqué en magasin. Un gain financier, mais aussi de temps pour des parents parfois pressés. « Ils n’ont souvent pas le temps de vendre les vêtements trop petits de leurs enfants un à un sur Kijiji », explique Gaëlle Aflalo. Les vêtements ainsi récoltés sont pour l’instant stockés au domicile de Julie Tardieu. « Quand les pièces sont légèrement abîmées, on les donne à des associations », précise cette dernière. Si les marques sont privilégiées, surtout celles de l’Hexagone, les pièces juste « jolies » sont parfois acceptées.
Très actives dans les vide-greniers et ventes de quartiers pour « tester les besoins des parents », les deux fondatrices se sont aussi rapidement attelées à la création d’une plateforme Internet. Ainsi, depuis avril dernier, le site est en ligne, proposant des vêtements de 0 à 6 ans, « principalement des marques françaises, mais pas que ». Si les parents viennent en principe chercher eux-mêmes les vêtements achetés en ligne, la livraison reste possible. « L’intérêt d’être en ligne, c’est de toucher tous les quartiers, et pas que le Plateau ! ».
En sept jours ouvrés, les parents reçoivent les vêtements lavés, repassés et sous pochette, pour les faire essayer à leurs bambins. Prochain objectif des deux entrepreneures : améliorer leur emballage « pour être plus éco-responsable ». Une sensibilité écologique qu’elles ont particulièrement développée à Montréal. « L’école demande des sacs à lunch et des pailles sans plastiques, les enfants sont sensibilisés très tôt au respect de l’environnement », raconte Julie Tardieu.
Un terrain « eco-friendly » mais surtout propice à l’entrepreunariat en général. « À Montréal, il y a plus de place pour tenter son aventure, le marché n’est pas saturé comme en France », se réjouit Gaëlle Aflalo. « Même l’immatriculation d’une société y est plus simple ». Alors, pour pousser les ventes et mettre en avant leur tout jeune site, le duo d’entrepreneures compte bien miser sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram surtout), les groupes de parents, et continuer de participer à de nombreuses ventes privées, comme au café The Yeti.
Leur prochain projet ? « S’étendre sur tout le Québec ». Un vent (écolo) de Petit Bateau promet de souffler sur la Belle Province…