Malgré le décalage horaire et un programme bien chargé, Paul Duan, fondateur de l’ONG Bayes Impact, a pris le temps de partager avec nous sa première fois montréalaise. L’entrepreneur social avait été invité à la série de conférences “Possibles : innovation sociale et technologie” pour partager son expérience avec différents acteurs du changement québécois.
À seulement 27 ans, Paul Duan est le président de Bayes Impact, sa propre entreprise fondée en 2014. Après avoir fait des études en France, à Sciences Po Paris et à la Sorbonne, son parcours l’a conduit à l’Université de Berkeley, en Californie, le rapprochant alors de la Silicon Valley où il deviendra “datascientist”. Bien que “tombé en amour pour l’écosystème de San Franscico”, Paul Duan confie : “Dans la Silicon Valley, il y avait un énorme décalage entre la richesse créée et le problème des sans-abris qui est l’un des plus criants des Etats-unis“, raconte celui qui voulait en faire plus. “On a toujours l’impression de n’aider qu’une personne à la fois”.
En 2014, il décide de passer à l’action en renonçant à sa vie (et à sa paie à 6 chiffres annuel) de datascientist pour mettre ses talents aux services du bien commun. Il co-fonde alors Bayes impact avec pour ambition de “construire la technologie pour servir l’intérêt général“. Cce que je fais aujourd’hui a beaucoup plus de sens”, explique Paul Duan qui espère révolutionner les services publics de demain.
Aujourd’hui, son ONG est pleinement engagée dans l’accompagnement à la recherche d’emploi, une mission qu’il développe pour le moment en France avec le projet Bob, qui a soutenu 180.000 chômeurs en 3 ans. En passant des intérêts privés à l’intérêt général, Paul Duan à diviser son salaire par trois, une situation qui le satisfait pleinement. “On grandit dans un engrenage, où on a toujours l’impression de devoir faire plus. Ce qui compte vraiment, je pense, c’est de savoir ce qu’on veut pour soi”. Le jeune entrepreneur social doit maintenant faire face à de nouveaux défis, plus humains : “C’est compliqué de faire comprendre à certaines personnes que la technologie n’est pas là pour les remplacer, ni tuer leur travail, mais pour leur permettre de le faire dans de meilleures conditions. Il faut trouver comment collaborer. La technologie est essentielle, mais ce n’est que le début de l’histoire. Il faut ensuite qu’elle soit acceptée pour lui donner un réel impact“.
Coup de coeur pour Montréal ?
Sans aucun doute. Montréal et son écosystème IA ont su séduire Paul Duan : “Ici, il y a une conscience sociale, des gens qui réfléchissent à la manière dont l’intelligence artificielle peut être utilisée pour le bien commun, et on est pile-poil dans le créneau“. Pourrait-on imaginer Bayes Impact s’impliquer au Canada ? Rien n’est moins sûr. “Au Québec, s’il n’y a pas forcément de problème d’emplois, il y a toujours la question de l’insertion chez les jeunes et de l’accompagnement personnalisé qui méritent d’être bonifiés”, raconte le Français qui n’en dira pas plus. “Avec Bayes Impact, on réfléchit à la façon dont on pourrait créer de nouveaux services publics digitaux mais aussi les déployer et les mutualiser entre pays. Si cela peut m’amener plus souvent à Montréal j’en serais très content, c’est une très belle ville !”. À suivre…