On se souvient tous du fameux pain perdu, ce pain rassis transformé en un mets onctueux grâce à un savoureux mélange d’œufs, de lait et de sucre, le tout doré à la poêle. Si, aux Etats Unis, le pain perdu est connu sous le nom de “French toast”, au Québec, il n’est pas perdu mais doré ! On a mené l’enquête, sans en perdre une miette.
Petit rappel historique d’abord. Dans l’imaginaire collectif, le pain perdu provient de la nécessité de ne pas perdre de nourriture, simplement par économie mais aussi parce que jeter du pain, avec ses connotations religieuses, était socialement inacceptable. Les experts s’accordent à dire que le pain perdu remonte à la Rome antique. On trouve une recette similaire dans le livre d’Apicius datant du Ve siècle avant Jésus Christ. Les romains trempaient des tranches de pain dans du lait (et parfois des œufs) avant de les faire frire: c’est ce qu’on appelait le “Pan Dulcis”.
De “Pan Dulcis” à “pain perdu” en passant par “french toast” et “pain doré”, le nom a évolué au fil du temps et des cultures mais quid de sa préparation ? Mange-t-on tous du même pain ? L’Office québécois de la langue française rappelle qu’en Europe, le “pain doré” constitue un entremets. “On le saupoudre souvent de sucre et parfois de cannelle, tandis qu’en Amérique, on le nappe souvent de sirop et on le mange au repas du matin.”
Quant à l’origine de l’appellation, le doute demeure. “Nous n’avons pas l’information. Il semble que l’appellation “pain doré” soit une référence directe au fait que le pain soit doré à la poêle. Tel qu’indiqué dans le Grand dictionnaire terminologique de l’Office, “pain doré” est également en usage en Belgique et dans l’ouest de la France. Alors qu’en Suisse romande, c’est le terme “croûtes dorées” qui a la faveur populaire”, nous a indiqué Jean-Pierre Le Blanc, porte-parole et secrétaire à la coopération linguistique.
“Aux temps des colonies, les hivers étaient durs et rien ne devait se perdre. C’est pour cela qu’au Québec, nous avons depuis toujours plusieurs façons de récupérer le pain. Nous avons trouvé le pouding au pain cuit avec un caramel à la cassonade pour passer le pain sec sur la table du dessert. Le pain doré, quant à lui, est fait de pain frais trempé dans le mélange d’œuf, de lait et de vanille, puis “doré” au beurre, d’où peut-être son nom. Il est passé de l’état de dessert, où il remplaçait une base de gâteau ou de biscuit, à celui de spécial petit-déjeuner et il est maintenant servi avec des fruits et du sirop d’érable”, nous a raconté la chef québécoise Andrea Jourdan qui en a profité pour nous livrer sa recette de pain perdu à la québécoise (ça ne mange pas de pain).
Voici les instructions à suivre : dans un grand bol, au fouet, battre les 4 œufs, la crème légère de 15% (une tasse), le sirop d’érable (125 ml) et le gingembre (une cuillère à café). Tremper les 4 pointes de pain dans ce mélange pendant quelques minutes. Transférer le pain dans le plat. Couvrir du reste du mélange. Saupoudrer de sucre d’érable (4 cuillères à soupe). Cuire au four pendant 30 minutes ou jusqu’à ce que le pain soit doré. Sortir le plat du four. Servir avec du sirop d’érable pour les becs fins.
La chef a également indiqué que le pain perdu peut se cuire dans un poêlon, en le faisant revenir à feu moyen dans du beurre fondu, 5 min de chaque côté. Bon appétit !