Si nous partageons la même langue entre le Québec et la France, la manière de communiquer peut parfois s’émailler de subtilités déconcertantes. Ces subtilités peuvent avoir des répercussions insoupçonnées de prime abord. La connaissances des expressions idiomatiques est un premier pas pour embrasser une culture, certes. Mais un même mot peut être porteur d’une référence et signification différentes, que l’on soit français ou québécois, parfois même aux antipodes. D’où l’importance de saisir à quoi on fait référence, surtout de manière implicite.
Le fameux “OUI, MAIS” français, fruit de notre conditionnement culturel, peut teinter nos échanges, en réunion professionnelle comme au bar avec nos amis québécois. Nous vous proposons d’aborder ensemble les rouages de cette dynamique et d’explorer quelques pistes pour améliorer la communication pour des rapports plus fluides.
Le “OUI, MAIS”, deux visions
Le “OUI, MAIS” français, c’est cet équilibre entre l’approbation et la réserve. On est d’accord, mais on a un besoin prégnant de soulever des objections. On ne veut pas tomber dans le manichéisme. En France, cela est souvent perçu positivement comme un signe d’esprit critique, de notre capacité à témoigner de la complexité d’une situation. Au Québec, ce ‘’oui, mais’’ peut être interprété de manière différente. On pourrait percevoir cette équipe de deux petits mots, presque antinomiques, comme une opposition, qui pourrait glisser vers le passif agressif.
Au Québec, on est dans le concret, dans un esprit d’agilité on tend directement vers une solution. Ce n’est pas que l’on voit tout rose, loin de là. C’est juste qu’on désire aller droit au but, aller à l’essentiel, voire idéalement vers une piste de solution. Alors, un ‘’oui, mais’’ c’est un peu comme s’engager, mais pas vraiment. C’est être d’accord, mais vouloir refaire le monde, sans pour autant amener des idées pour aller au-delà du défi. Les Québécois sont ouverts à la critique pour peu qu’elle soit constructive et bienveillante ! Un exercice qui peut relever de l’acrobatie pour un Français. Vous êtes les bienvenus pour remettre en cause, ou souligner une incohérence, mais en y ajoutant simultanément des pistes de solutions concrètes, réfléchies et étayées, pas uniquement des théories.
Critiquer pour critiquer, cela ne passe pas. On est bien content que vous soyez capables de souligner un point à améliorer, mais si vous n’apportez pas des idées concrètes pour avancer, on n’y voit pas de plus-value. Plutôt juste un esprit chagrin qui ne voit que le négatif. On y ressent un certain agacement, car pas de plan pour trouver une solution. Concrètement, on apprécie moyennement que vous fassiez étalage de votre esprit critique sans apporter votre contribution pour aller plus loin.
« Un jour j’irai vivre en Théorie »
« Un jour j’irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien ». Cette phrase est régulièrement attribuée à l’humoriste français Pierre Desproges, sans qu’on en soit certain, mais qu’importe. Ce qui est certain, c’est que la dynamique québécoise n’apprécie pas le fait de revenir sans cesse à la théorie. Rappelez-vous, nous sommes en Amérique du Nord. Une des valeurs primordiales du continent est l’aspect pragmatique et l’orientation vers une solution. Le Québec incarne cette particularité culturelle avec fierté et bienveillance.
Une piste de changement positif
Le « Oui, mais » est une expression qui peut freiner la communication, l’innovation et l’efficacité ainsi que la dynamique de groupe, qu’on soit français ou québécois. C’est une façon de parasiter la coopération et l’écoute active. On place ça de manière inconsciente, presque un tic de langage. On veut défendre notre point de vue, prouver notre esprit rebelle ou notre bon droit.
Le « oui, ET »
Une stratégie gagnante est d’adopter sans réserve le « Oui, ET ». Ainsi on peut garder notre esprit critique avec une dynamique positive. On embarque avec la proposition ET on participe à la discussion avec un ajout notable et concret.
L’intégration se fait en trois phases :
Cela paraît pédagogique, voire simpliste, mais tentez l’expérience, vous verrez que votre dynamique de communication, avec vos interlocuteurs français comme québécois, au travail et dans la vie sociale, va prendre un chemin plus agréable et beaucoup plus efficace !
Autant comprendre, pour mieux trouver vos marques et prendre votre place !
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Cécile Lazartigues-Chartier est