Le 12 janvier 2018, le centenaire Café Cléopâtre aussi appelé Cafe Cleopatra de Montréal a accueilli la troupe du Burlesgeek Montreal pour rendre un dernier hommage à Johnny Hallyday. Animée par la drag-queen canadienne Uma Gahd (qui n’avait jamais entendu parler de Johnny), la soirée était à la hauteur de la légende…
Derrière la troupe du Burlesgeek Montreal se cache, entre autres, trois Français.es de Montréal dont les noms de scène vous disent peut-être déjà quelque chose : Madame Georges (parfois Georges Brian), Coeur de Lyon et Lulu Les Belles Mirettes, l’instigatrice de la soirée. Respectivement originaire de Montpellier, Lyon et Valence, elles sont installées à Montréal depuis plusieurs années et pratiquent le burlesque (ndlr : effeuillage théâtral) en passe-temps.
Une passion qu’elles prennent plaisir à pratiquer outre-Altantique où les codes sont un peu différents et le public autrement averti.
Madame Georges — qui déteste qu’on l’appelle “Mademoiselle”, “Miss” ou “Lady” — a été spectatrice de la mouvance burlesque en France au début des années 2010 et immédiatement, le déclic a opéré. “Je me suis tout de suite dit : un jour, je veux faire ça ! Un jour, je veux être à poil sur scène !”.
Si c’est à Montpellier qu’elle a commencé, c’est à Montréal qu’elle s’y est vraiment mise depuis 2012, après des études en Histoire des arts et un parcours en art dramatique. “Ici c’est plus underground, je trouve ! En France, la scène underground queer qui existait s’est un peu délocalisée et institutionnalisée”, raconte celle qui a voulu présenter un numéro de drag-king* en hommage à Johnny. “Je vais avoir des poils, pas de seins ni de règles ! Je suis là pour m’amuser avec toujours cette idée de casser et de reconstruire les codes… Pour un hommage à Johnny, c’est d’autant plus intéressant : c’était LE mégalo à la française ! (rires)”.
Face aux spectacles burlesques, Madame Georges estime que le public canadien a l’air plus habitué avec peut-être moins d’a priori. “En France, j’ai perdu des ami.es quand j’ai commencé le burlesque. Certains disaient que je faisais “la pute” parce que je me faisais payer pour danser nue ! Même si ça pourrait être affilié au travail du sexe, c’est bien différent que ce que mes ami.es putes font”, explique la Française avant d’ajouter que le “regard américain” apaise aussi les moeurs. “Ici, les performers sont là depuis les années 90 ! En France, c’est encore récent, d’où parfois certaines réticences.”
Juliette alias Coeur de Lyon, n’a quant à elle jamais fait de burlesque en France et s’y est mise à Montréal en 2014. “À l’époque, j’étais passionnée d’érotisme, je faisais du théâtre et de la danse. L’art du burlesque m’a rapidement intriguée : c’était une manière de tout rassembler sur scène et de se sentir très libre”. Pour l’hommage à Johnny, elle a eu envie de se déshabiller sur “L’envie”, une chanson très fidèle à son style de burlesque même si elle cherche encore parfois à le définir. “C’est quelque chose d’un peu brut, de super sexy et d’un peu guerrier voire d’animal… Sans trop me prendre au sérieux.”
À Montréal, de plus en plus de Français.es se mettent lentement mais sûrement au burlesque. “On doit être une petite dizaine pour le moment”, confie Lulu Les Belles Mirettes.
https://www.facebook.com/mauditsfrancaisca/videos/1408502035945209/
*NDLR drag-king : construction d’une identité masculine volontairement basée sur des archétypes de façon temporaire le temps d’un jeu de rôle. Par opposition à drag-queen.