Il devient de plus en plus difficile d’accéder à la résidence permanente depuis le Québec. Après le gel du volet « Diplômés du Québec » du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), c’est désormais le tour du volet « Travailleurs étrangers temporaires » d’être suspendu. Une annonce tombée ce midi sans préavis et entrée en vigueur immédiatement. Plusieurs spécialistes en immigration dénoncent un manque flagrant de communication en amont. On vous résume ce qui se passe.
Gel total du Programme de l’expérience québécoise (PEQ)
- Le volet « Diplômés du Québec », initialement suspendu jusqu’au 30 juin, le restera finalement jusqu’au 30 novembre 2025.
- Le volet « Travailleurs étrangers temporaires », jusqu’ici épargné, est lui aussi suspendu jusqu’à la même date.
Concrètement, à partir d’aujourd’hui, il n’est plus possible de déposer une demande de sélection permanente dans aucun de ces deux volets. Pour le volet travailleurs, seules les demandes soumises avant le 5 juin 2025 seront traitées.
À noter également : la suspension de la réception des demandes d’engagement dans le Programme des personnes réfugiées à l’étranger (Parrainage collectif) est prolongée jusqu’au 31 décembre 2027.
Option alternative : le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ)
Une autre voie reste accessible pour obtenir la résidence permanente au Québec : le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ). Dès le 1er juillet, certains candidats qui auront soumis une déclaration d’intérêtrecevront une invitation à déposer une demande dans le cadre de ce programme.
Québec compte prioriser les personnes qui remplissent les critères suivants :
– Être déjà au Québec
– Parler français
– Détenir un diplôme délivré par une institution québécoise
– Exercer une profession en « déficit ou léger déficit de main-d’œuvre » (voir la liste des professions en vigueur – accessible plus facilement via Google Chrome)
Professions ciblées
Parmi les métiers en demande : enseignants au primaire, secondaire et préscolaire, travailleurs sociaux, éducateurs à la petite enfance, surveillants d’élèves, designers graphiques, techniciens en enregistrement audio et vidéo, animateurs et responsables de programmes de sport, directeurs de service de la restauration, caissiers et caissières… La liste est longue – vous pourriez être surpris de vous y retrouver.
Un programme en quatre volets
Le PSTQ permet de cibler des travailleuses et travailleurs dont le profil correspond aux besoins spécifiques du marché québécois. Il existe quatre volets, selon votre parcours.
Par exemple, le volet « Haute qualification et compétences spécialisées » s’adresse aux personnes exerçant une profession de catégorie FEER 0, 1 ou 2. Pour être admissible, il faut :
- Avoir travaillé au moins deux ans, dont un an au Québec, à temps plein dans le domaine visé
- Être diplômé dans ce domaine
- Si le diplôme a été obtenu au Québec, il doit être d’une durée d’au moins 900 heures
Le programme comprend aussi un volet dédié aux « talents d’exception ». Il cible des chercheurs et chercheuses « de haut calibre » ainsi que des titulaires de chaires de recherche.
Tous les détails sont sur cette page.
Comment procéder ?
Vous comptiez déposer votre demande grâce au PEQ volet « travailleurs diplômés temporaires » incessamment ? Tentez votre chance en déposant une déclaration d’intérêt sur la plateforme Arrima pour passer par le PSTQ.
« Il faut absolument faire sa demande, ça ne coûte rien, et c’est la seule façon d’espérer s’établir de manière permanente au Québec », conseille Alessandra Attias, consultante réglementée en immigration.
Après avoir déposé votre déclaration d’intérêt, il faudra attendre une invitation à déposer une candidature. Comme le PSTQ a vu le jour en étant gelé, on ignore encore quels profils seront réellement sélectionnés. « Ça reste une loterie », prévient Alessandra Attias.
Une logique assumée par le gouvernement
Avec ces nouvelles mesures, le gouvernement de la CAQ poursuit sa réduction des seuils d’immigration.
« Une diminution claire, mais responsable, qui vise à réduire la pression sur les services publics et la disponibilité des logements, tout en considérant les besoins de main-d’œuvre des régions », a déclaré ce matin le Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
« Ils ciblent maintenant les métiers qui les intéressent. Comme ils réduisent le nombre d’immigrants, ils vont chercher les postes en pénurie — il y a quand même une logique derrière tout ça », analyse Alessandra Attias.
Une communication critiquée
Le cœur de plusieurs a sans doute bondi hier soir. L’annonce du gel complet du PEQ a d’abord été publiée par erreur sur le site du gouvernement avant d’être retirée, puis relayée officieusement sur les groupes Facebook d’immigrants francophones au Québec. Ce n’est que ce midi que le gouvernement a confirmé l’information, validant les spéculations qui circulaient depuis la veille.
« Il n’y a eu aucun préavis. Au moins, le fédéral a l’élégance d’annoncer ses mesures une ou deux semaines à l’avance. C’est un manque de respect, ça met les gens dans une précarité encore plus grande », déplore Alessandra Attias.
Comment se tenir informé et prendre les bonnes décisions ?
Pour suivre l’évolution des réglementations, nous recommandons :
- S’inscrire au fil de nouvelles de l’IRCC (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada). Cliquez ici pour voir les annonces et ici pour les recevoir par courriel.
- Rejoindre des groupes communautaires comme Les Français à Montréal ou PVTistes à Montréal. Les discussions abordent souvent les dernières mises à jour.
En cas de doute sur votre situation, consultez un professionnel :
- Les consultants en immigration réglementés sont recensés sur le site d’Immigration Québec et celui du Collège des consultants.
- Un avocat en immigration peut être nécessaire pour les situations complexes, mais les frais sont nettement plus élevés.