Sous ses mains, l’érable canadien se transforme en meubles et objets minimalistes, organiques et sensuels. Exposé deux fois au salon WantedDesign et distribué à New York, le Montréalais Loïc Bard a remporté deux prix des deux côtés de l’Atlantique en 2018 : l’un à la Design Parade de Hyères et l’autre à Toronto auprès de l’éditeur Mobilia. Rencontre avec l’artiste-ébéniste, dont vous pourrez notamment découvrir les dernières créations à partir du 27 novembre au marché de design Souk@sat de Montréal.
Après avoir commencé sa carrière dans un laboratoire de recherche en agronomie à Chartres, Loïc Bard a des envies d’ailleurs mais lorsqu’il s’envole vers le Québec en 2007, il ne sait pas encore que cette expatriation va lui permettre de changer de métier.
Un an et demi plus tard, c’est en suivant les cours de l’Ecole d’ébénisterie d’art de Montréal, sur laquelle il est “tombé par hasard“, que le Bourguignon passionné de travail manuel, réalise qu’il a trouvé sa voie. “J’avais plus de trente ans et il n’y a pas de limite d’âge (…). En France, j’aurais dû faire des formations pour adultes, cela n’aurait pas été la même chose “, raconte le designer. En 2012, il ouvre son studio à Montréal et quitte, pour de bon, le monde des laboratoires.
Dans son atelier de Rosemont–La Petite-Patrie, le bois clair et le noir priment, les formes sont pures, douces et arrondies. Son matériau de prédilection ? L’érable. “C’est un bois très dur, assez difficile à travailler mais c’est l’un des meilleurs bois en ébénisterie (…) et j’en suis tombé amoureux, raconte Loïc Bard. J’aime sa couleur brute très claire (…), je trouve cela apaisant, discret. Je n’aime pas le tape-à-l’oeil“. Le Français aime le blanchir ou le brûler en surface selon une technique japonaise, ces deux finitions lui donnant un aspect très clair ou au contraire noir.
Ses influences sont multiples : la forme organique de ses créations rappelle son enfance dans la ferme bourguignonne de ses parents à Saulx-le-Duc, dont il fréquentait régulièrement le petit atelier d’ébénisterie. Du Japon, où il a effectué un voyage qui l’a marqué, il a retenu le “minimalisme et l’utilité des objets. Mes objets sont simples tout en ayant à chaque fois un caractère unique“, explique le designer qui s’est notamment fait connaître par ses meubles aux compartiments discrets permettant de ranger magazines ou petits objets.
À Montréal, il apprécie la “qualité de vie en tant qu’artiste, à la fois pour l’accessibilité des ateliers et l’entourage. J’ai beaucoup d’amis artistes ou artisans comme moi, il y a une belle dynamique de communauté“, se réjouit Loïc Bard. Même si c’est plus difficile commercialement au niveau local. “‘J’avais du mal à vendre mes grosses pièces ici. Elles sont parties à l’étranger : en Europe et beaucoup aux Etats-Unis, commente l’ébéniste. On a cet avantage d’être très proche de New York, qui est à la même distance que Toronto !”
Sa nouvelle collection “Bone“, aux courbes sensuelles, lui a été inspirée par une collaboration avec une amie pour des objets destinés aux mal-voyants. “On pourrait la découvrir juste en la touchant, comme on peut découvrir un corps humain, des articulations, une autre personne“, commente le designer qui travaille également dans son atelier sur un petit meuble de rangement. “Souvent, on s’imagine une armoire ou un coffre assez monumental et j’aime cette idée d’une petite armoire ou d’un petit coffre à l’intérieur duquel on peut déposer des objets précieux“.
Pour découvrir les oeuvres de Loïc Bard à Montréal, rendez-vous à Souk@sat et ailleurs (voir notre encadré). Un travail fin à la fois épuré et sensuel, qui sublime le bois canadien sans avoir rien à envier aux designers scandinaves ou japonais. À suivre de très près !