Plancher sur un mémoire ou une thèse, c’est ardu, solitaire et parfois décourageant. Mais au Québec, le concept de retraites collectives Thèsez-Vous? permet à des étudiants de disciplines variées de se retrouver au calme pendant trois jours pour se mettre au travail et améliorer leurs méthodes. Une formule qui séduit et traverse même l’Atlantique pour stimuler les étudiants français dès le 19 janvier 2018.
Une expérience d’émulation collective
Imaginé par les doctorantes Sara Mathieu-C. et Emilie Tremblay-Wragg, le concept de retraite de Thèsez-vous? a été inauguré en juin 2015. En avril prochain, l’association comptera déjà 28 retraites à son actif.
La formule répondait à un fort besoin. “La période de rédaction pour les étudiants en cycle supérieur est une période très difficile, explique Marie-eve Gadbois, chargée de projet pour Thèsez-Vous?. Ils ont un comité de recherche mais qui n’est pas toujours présent. Ils se retrouvent très souvent isolés, ils n’ont plus de cours et pas de stimulation offerte dans le programme universitaire. Ils doivent travailler de façon disciplinée pour y arriver. Le fait de les rassembler les soutient, et pendant les retraites on les expose à de nouvelles conditions de travail”, précise-t-elle. Une expérience qu’elle a vécue elle-même personnellement en participant en tant qu’étudiante au premier séjour de rédaction de l’association.
Pendant les trois jours de retraite, les étudiants se consacrent à d’intenses périodes de rédaction mais se ressourcent aussi à l’aide de séances d’activités physiques et ateliers divers. La formule leur permet d’appréhender leur travail autrement, non seulement pendant le séjour de rédaction mais aussi après.
Selon Marie-eve Gadbois, l’émulation collective joue un rôle très important dans le succès de ces retraites : “Cela fait du bien aux étudiants de se retrouver avec d’autres personnes qui vivent exactement la même situation qu’eux. Cela fonctionne d’autant mieux que nous sommes interdisciplinaires et interuniversitaires donc nous ne sommes attachés à aucune université. Les étudiants venant de plusieurs universités et disciplines, il n’y a aucune compétition entre les participants ! Les gens sont là pour se soutenir et s’aider“. Une ambiance saine sans rivalités qui offre donc un climat studieux et serein aux étudiants.
Un premier week-end organisé à Montpellier
Le 19 janvier, le concept imaginé par les doctorantes québécoises se déploiera pour la première fois en France, à l’initiative de Sophie Casanova, présidente de l’association La ParenThèse et maître de conférences en entreprenariat à Montpellier.
“J’étais dans ma dernière année de thèse l’année dernière et j’ai assez mal vécu cette dernière année, raconte-t-elle. Pour pouvoir rédiger dans de bonnes conditions, c’est difficile d’aller au sein de son laboratoire et d’être dans un open space car il faut beaucoup de concentration. Du coup, j’ai décidé de rédiger chez moi et j’ai beaucoup souffert de solitude“. En cherchant de meilleures conditions de travail, elle imagine un concept de retraite et découvre sur internet qu’il existe déjà au Québec. Elle contacte donc l’association Thèsez-Vous? pour le développer en France via une association ad hoc : “La ParenThèse”.
C’est notamment avec le soutien financier du Consulat général de France à Québec et de l’Université de Montpellier que le partenariat entre les deux associations à but non lucratif prend finalement forme, avec une première retraite de trois jours organisée à Saint-Martin-de-Londres dans la région de Montpellier, du 19 au 21 janvier 2018.
Au programme : plus de 20h de rédaction sur 3 jours complets comportant également des ateliers de ressourcement, du yoga, de la méditation et du coaching, dans un climat propice aux échanges entre étudiants. Ce week-end pilote incluant 10 participants venant majoritairement de l’Université de Montpellier mais aussi de Grenoble et de Dauphine, permettra d’affiner la formule en l’adaptant, si besoin, aux étudiants français pour de futurs séjours de rédaction dans l’hexagone qui pourraient commencer à partir du mois de juillet.
Au-delà de cette première retraite, l’objectif de La ParenThèse est de tisser des partenariats avec d’autres universités et écoles doctorales en France pour assurer un développement national du concept à un coût modéré pour les participants. Le premier week-end de rédaction coûte 150 € grâce aux subventions obtenues. L’idée est d’en trouver d’autres et d’inciter des universités françaises à financer complètement ou en partie le séjour pour leurs étudiants, à l’image de ce qui a pu être obtenu par Thèsez-vous? auprès de certaines universités ou associations étudiantes québécoises.
Marie-Eve Gadbois, qui se joindra à la première retraite ParenThèse pour Thèsez-vous? profitera également de son séjour en France pour rencontrer des acteurs locaux, encourager les initiatives et participer à une journée de rédaction organisée par un collectif de doctorants dans la région d’Angers.
Un certain nombre de mémoires et thèses devraient donc être bouclés des deux côtés de l’Atlantique avec le soutien des associations engagées dans le déploiement du concept. Une formule qui ferait parler d’elle jusqu’en Australie d’après Marie-Eve Gadbois. Affaire à suivre…