Du 16 au 25 octobre, le Palais des Congrès de Montréal recevra des professionnels du design du monde entier pour le premier Sommet Mondial du Design. Architectes, urbanistes, architectes de paysage, designers d’intérieur, industriels et graphiques de tous pays se sont donné rendez-vous pour une manifestation d’envergure incluant 350 exposants, 650 conférenciers experts et 50 organisations internationales. L’exposition consacrée au design français “No Taste for Bad Taste” sera présentée pendant l’événement.
Débats et première déclaration internationale
Le programme du sommet, placé sous le thème général “Provoquer le changement par le design”, est ambitieux. Du 16 au 19 octobre, des experts réunis en congrès échangeront sur 108 sujets de débats identifiés autour de six thèmes centraux : le design et la terre, la participation, la transformation, la beauté, la vente, les extrêmes. Ils proposeront des solutions aux membres du sommet (ONG, leaders politiques et autres) qui se rencontreront jusqu’au 25 octobre et élaboreront notamment la “Déclaration de Montréal sur le design”.
“Le World Design Summit est un moment pour discuter, échanger, faire naître de nouvelles idées“, nous explique Antoine Roset, arrière-arrière petit-fils du fondateur de Ligne Roset qui dirige l’entreprise familiale en Amérique et participe à l’événement. “Le nombre et la diversité des participants (…) en font un moment incontournable pour les acteurs du monde du design.”
Le designer franco-suisse Ruedi Baur, reconnu pour ses nombreux projets touchant à l’orientation, l’information, la représentation et la mise en scène dans les espaces publics, revient à Montréal où il a créé l’identité du Quartier des spectacles, pour participer au sommet. Il se réjouit de cette opportunité de resserrer le lien entre le design et d’autres disciplines : “L’ambition qui est posée à Montréal est énorme (…) Souvent les designers parlent aux designers, explique-t-il, et je trouve qu’il y a une véritable attente qui dépasse la question du design et qui nous permet de nous remettre en lien avec les disciplines de science, les disciplines sociales, celles liées aux problématiques écologiques, qui sont dans une certaine attente par rapport à nous“.
Il évoque plus particulièrement certains défis à relever dans son domaine. “La réflexion que l’on mène, c’est comment passer d’un design de concurrence à un design de relations. Comment arriver à représenter des relations, des liens, des synergies“. La nécessité de trouver d’autres modèles s’observe notamment en France. “Chaque village se croit le centre du monde et se met en concurrence, surtout avec son voisin. Il ne veut surtout pas être pareil que son voisin. C’est un non-sens incroyable et une perte de crédibilité de l’espace public“, observe le designer.
Lors de son travail à Montréal, Ruedi Baur a d’ailleurs apprécié le rapprochement et la synergie des différents acteurs impliqués dans le projet du Quartier des spectacles. “Au départ c’était le regroupement d’institutions culturelles avec la décision de ne plus se mettre en concurrence mais de travailler ensemble. Cela change tout et n’a absolument pas enlevé leurs particularités“.
Il évoque également le défi de représentation du multiple à l’intérieur d’un ensemble. “Une ville est un rassemblement de choses complètement contradictoires et différentes, explique-t-il. D’où la nécessité de trouver des voies pour “mettre en avant le pluriel en matière de représentation“.
Antoine Roset estime de son côté que certains secteurs pourraient particulièrement bénéficier d’avancées en matière de design. “Aujourd’hui le design a beaucoup aidé des secteurs tels que la santé, l’éducation, l’intérieur. Je pense que l’hôtellerie et l’environnement professionnel (bureaux, espace de travail) vont encore beaucoup évoluer grâce au design”.
L’exposition : des innovations et un espace réservé au design français
Du 17 au 20 octobre, le sommet propose également un volet exposition, permettant aux 350 exposants de présenter leurs innovations en matière de design. Cet espace sera ouvert au public le 19 octobre de 16h à 20h (billets ici).
Le design français sera à l’honneur avec l’exposition nomade No Taste for Bad Taste, mise sur pied par le VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement) et l’Institut Français et présentée pour la première fois au Salone del Mobile de Milan en avril dernier. Avec une scénographie originale signée Jean-Charles de Castelbajac, elle illustre à travers quarante pièces maîtresses du design français, l’excellence de l’art de vivre à la française. On y retrouvera notamment le fauteuil Ben-Hur imaginé par Jean-Paul Gaultier pour Roche Bobois ou la lampe Vertigo créée par Constance Guisset pour Petite Friture.
Selon Antoine Roset, deux valeurs sont essentielles au design français : “Notre savoir-faire et notre culture qui nous permettent d’avoir une approche particulière souvent décrite comme étant le French Flair. Les deux valeurs associées nous permettent d’appréhender le futur sans perdre nos racines“, analyse-t-il.