Au début de la pandémie, ils voulaient simplement venir en aide aux commerçants du marché Jean-Talon, sinistrés par le confinement. Un an plus tard, le Panier Québécois est devenu une véritable entreprise, dont le chiffre d’affaire a explosé.
C’est en mars 2020, au début de la pandémie, que Christophe Paganon a l’idée d’agir. Il créé d’abord une page Facebook d’entraide, au moment ou tout ferme au Québec. « Les jobs étaient mis en pause, je ne pouvait pas rester sans rien faire », explique-t-il. Avec trois amis, Jean-Baptiste Paganon, Julie Abbotts et Thomas Lemoine, ils ont rapidement eu l’idée de faire quelque chose pour venir en aide aux commerçants du marché Jean Talon. Ils décident donc de braver la pandémie pour se mettre en action « nous voulions aider les commerçants du marché Jean Talon où j’allais faire mes courses. On s’est dit qu’on allait mettre en relation les marchands et les consommateurs, coincés chez eux, raconte Julie Abbotts. On voulait créer du lien, alors on s’est lancés. » Avec les connaissances informatiques de la bande, ils lancent une page web, en mai 2020. Leurs paniers sont garnis de fruits, légumes, viande. Ils partagent le site sur des groupes Facebook et réalisent tout de suite que la demande est forte. « On a démarré avec nos deux voitures sur le parking du marché jean Talon, c’étaient les nôtres, nous faisions les livraisons ! explique-t-elle. Au départ la première semaine, nous avions eu vingt commandes, puis nous sommes passés la semaine suivante à cinquante et la troisième on est passé à cent. » A partir de ce moment là, l’équipe décide de consolider le projet et développe une plateforme web qui offre tous les produits du marché Jean-Talon: fruits, légumes, pâtisseries, poisson, viande, produits laitiers, boulangerie, produits vegans…
Une croissance portée par l’énergie de l’entreprenariat Québécois
L’entreprise croit de jour en jour, de manière pérenne. La coopération des marchés publics de Montréal, l’organisme qui gère les locaux des grand marchés de la ville (Atwater, Maisonneuve, Jean-Talon) leur propose un partenariat : céder un local aux paniers québécois au sein du marché Jean-Talon. Bingo, l’entreprise prend son envol. « Je n’ai pas créé d’entreprise en France, explique Christophe Paganon, donc c’est difficile de comparer mais c’est sûr qu’il y a énormément d’aides possibles ici pour accompagner le développement des entreprises. On se sent soutenus, portés. On a eu la chance de faire parti d’un incubateur de start-up, on a la chance de bénéficier d’un coach et chacun nous avons des mentors, c’est précieux. » L’entreprise est toujours en croissance grâce à un fort engouement pour l’achat local, les produits frais et de qualité. Le million de dollars de chiffres d’affaire a été dépassé pour les un an de la structure, une fierté.
« C’est une très belle surprise, on ne s’y attendait pas du tout, s’émeut Julie Abbotts. C’est fou ! » L’équipe a fait le pari de commercialiser très tôt un modèle qui n’existe pas. Aujourd’hui les paniers québécois totalisent 1000 à 1500 commandes par mois. L’équipe fidélise sa clientèle. « On ne savait pas ou on allait, on est ravis que le socle de l’entreprise soit suffisamment solide, explique Christophe Paganon. Là on peut dire que le modèle est viable et on va continuer à le faire grandir, à le développer. »
Le développement durable au coeur de l’entreprise
« Panier Québécois » vise une empreinte écologique neutre. Une grande partie des livraisons se fait en vélo-cargo. L’équipe utilise des logiciels qui regroupent les commandes et optimisent le transport des marchandises. Les livraisons sont disponibles à Montréal, jusqu’au métro Côte-Vertu à l’ouest, Anjou à l’est, à la frontière de Laval au nord et et jusqu’à l’île Sainte-Hélène au sud. Les clients peuvent recevoir leur commande ou venir les chercher au point de collecte du local du marché Jean-Talon. La volonté de se rapprocher d’une démarche zéro déchet est grande. L’entreprise délaisse les cartons et privilégie les caisses réutilisables. Environ 95% de ses ingrédients sont livrés comme tels, dans des sacs kraft ou en vrac. Quant aux produits frais, ils sont transportés dans des sacs isothermes avec packs réfrigérés que les clients redonnent à leur prochaine livraison. Autre pilier de la start-up, un profond désir d’informer les consommateurs, comme le rappelle Julie : « donner une éducation alimentaire, c’est quelque chose qui nous tient à coeur. Quand tu vas dans un supermarché, tu as toute l’année les mêmes produits, mais il faut savoir qu’il y a une saisonnalité pour consommer des fruits et des légumes. On a à coeur d’être la vitrine du bien manger au Québec. On cherche à avoir une empreinte écologique la plus durable possible donc l’accès à ces informations nous parait très important. »
Une équipe soudée et fière
Aujourd’hui composée d’une quinzaine de salariés, l’entreprise espère poursuivre sa croissance. « A terme, on aimerait s’étendre à d’autres villes, à d’autres provinces, raconte Thomas Lemoine. On imagine par exemple appliquer le même modele au marché St. Lawrence de Toronto, ou au grand marché de la ville de Québec. On pense que le modele peut s’exporter. » Un an après le début de l’aventure, les quatre compères sont confiants, et reconnaissants.
« On est fiers de se lever le matin, parce qu’au quotidien notre rôle est aussi de promouvoir des producteurs et maraîchers québécois, termine Julie. On met en lumière leur savoir-faire et on permet à la population de Montréal et du grand-Montréal de bénéficier de produits de marché de qualité. »