Les AMAP françaises vous manquent? Ici, il y a l’ASC, qui n’a rien à leur envier! Dans les deux cas, l’inspiration vient du Japon, et des Teikei, un mouvement base ses principes sur l’autosuffisance locale et la coopération plutôt fraternelle que commerciale. Deux décennies plus tard, le mouvement se développe en Europe, mais aussi au Québec. Ici, c’est l’association Équiterre qui importe la pratique, baptisée au Québec agriculture biologique soutenue par la communauté (ASC). Depuis, l’association militante a passé la main. Le réseau Fermiers de famille est désormais géré par une autre association (Coopérative agricole de proximité écologique (CAPÉ). Mais la philosophie reste la même.
L’ADN de l’ASC, c’est celui de l’engagement communautaire: fermiers et consommateurs doivent y trouver leur compte. D’une part, les conditions d’acheminement des denrées alimentaires suivent un schéma de circuit court. En éliminant plusieurs intermédiaires, les fermiers ont plus de fonctions à occuper, ce qui leur assure un revenu plus élevé. D’autre part, les abonnées participent financièrement à l’avance pour diminuer la charge des agriculteurs. Les commandes en amont couvrent le décalage entre les dépenses des intrants pour lancer la production et le fruit de ce travail. Cette connexion entre producteurs et consommateurs implique une constance dans la production. De plus, planifier la consommation diminue l’incertitude des fermiers et le gaspillage alimentaire.
Côté producteurs, eux aussi certifient aux abonnés un montant invariable même dans un contexte de fluctuation des prix : le prix des paniers ne reflète pas l’inflation note Léon Bibeau-Mercier, Président de la CAPÉ. La monotonie qui peut résulter de productions exclusivement locales -par contraste avec les produits importés, est certes une point faible pour certains. Mais, note-t-il, « les fermiers font désormais davantage d’efforts dans la diversité pour répondre aux attentes sur consommateur ». Et les consommateurs eux-même s’adaptent, en découvrant par exemple les charmes des légumes d’hiver.
Quelques cent soixante fermes sont membre du réseau des Fermiers de Familles, qui compte quelque 28 000 abonnés (moins en hiver). Si elle gagne du terrain, la formule reste très minoritaire: les paniers issus de l’agriculture bio représentent 2,5 % des achats alimentaires. « On a beau unir nos forces pour diffuser le modèle et faire de l’éducation alimentaire, on ne pense pas avoir la capacité à doubler, voire quadrupler ce pourcentage d’un coup », estime Léon Bibeau, Mercier. Sur les quelque 30.000 fermes que compte le Québec, seules 215 sont certifiées écologiques à la CAPE. Mais le président de la CAPÉ remarque que l’appétit a grandi pendant la COVID: « Le nombre d’abonnements 2022 est 45% plus élevé qu’il n’était en 2019 ».