Dans le paysage québécois, de nombreux édifices religieux se dévoilent sous une nouvelle identité. Jadis sanctuaires de prière et de méditation, certains de ces bâtiments sacrés sont transformés en espaces de culture et de rassemblement. Ce phénomène s’explique par la baisse de la pratique religieuse et par conséquent la chute des revenus des diverses autorités religieuses. D’après une étude déjà ancienne du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) en 2012, sur 2 751 édifices religieux, 270 étaient soit en vente, soit en fermeture, soit en transformation physique. Les édifices deviennent des centres sportifs, des espaces destinés à l’insertion sociale, et parfois des résidences. Certains sont démolis, d’autres sont complètement réinventés et trouvent une nouvelle raison d’être. Le CPRQ œuvre pour que les églises et les chapelles conservent une part de leur essence et servent les besoins actuels de la communauté locale. Petit tour d’horizons des plus intéressants à Montréal.
L’Espace Thomas incarne parfaitement la fusion entre histoire et modernité. Ce qui fut autrefois un lieu de culte est devenu un spa et un centre de conditionnement sportif haut de gamme. C’est une revitalisation pleine d’audace. L’architecte en charge du projet est parvenu à intégrer harmonieusement un design contemporain à une bâtisse néo-gothique centenaire.
L’église Sanctuaire du Rosaire et de Saint-Jude a longtemps été la propriété des frères Dominicains du Canada, qui en ont fait l’acquisition en 1953. L’état de la bâtisse s’est détérioré au fil des années, jusqu’à son rachat et sa transformation dès 2010. L’espace de bien-être Saint-Jude Espace Tonus a vu le jour en 2013, remplacé quelques années plus tard, en 2019, par l’Espace Thomas.
Espace Thomas (3988 rue Saint-Denis, Montréal)
Un cabaret de cirque dans une église anglicane à Montréal ? Vous avez bien entendu. L’église anglicane St.James the Apostle, qui existait depuis 1864, a fait face aux mêmes problèmes financiers que de nombreux autres édifices religieux. Elle a suspendu ses activités régulières en 2015 avant de se réinventer sous un autre nom et avec une mission sensiblement différente.
Elle s’appelle désormais le centre St.Jax, et son administration rentabilise les lieux en collaborant avec la communauté. Il abrite des organismes comme Action réfugiés Montréal et Innovation assistance, qui oeuvre contre l’insécurité alimentaire, mais il a un autre colocataire plutôt singulier : Le Monastère.
Lorsqu’il y a un spectacle, et en dehors des messes du dimanche matin, l’église vit au rythme des arts de la scène. Que diriez-vous de vous laisser impressionner par quelques acrobaties dans un décor religieux et intimiste ? Les artistes offrent plusieurs soirées de spectacle en mars, et tout au long de l’année.
Le Monastère (1439 rue Sainte-Catherine, Montréal)
Dans le centre-ville de Montréal se dresse l’imposante église unie Saint-James, l’une des plus grands lieux de culte protestants de la ville.
Une étrange colocation s’est organisée derrière ses portes. L’église partage son espace avec une salle de spectacle singulière. Le Balcon est une antre de la musique, où résonnent la soul, le funk, le blues mais également des hommages réguliers au répertoire de la chanson française. Ce lieu de rendez-vous atypique propose une formule rare en ville, celle du souper-spectacle. L’immersion dans l’univers religieux est totale pour les spectateurs qui rejoignent la salle par l’entrée principale de l’église. Le Balcon illustre la possibilité d’une cohabitation entre un lieu sacré et un de faire cohabiter un espace artistique vibrant.
Le Balcon (463 rue Sainte-Catherine, Montréal)
Cette salle de spectacle est le fruit du rêve exaucé d’un philanthrope du nom de Pierre Bourgie. À travers la Fondation Arte Musica, ce passionné d’art engagé dans la dynamisation de la vie culturelle montréalaise a créé une collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal.
Il a permis l’ouverture en 2011 de la Salle Bourgie dans ce qui fut autrefois l’église Erskine and American United, un temple presbytérien.
Les vitraux de la bâtisse qui lui donnent un cachet unique sont signés par le célèbre artiste et designer américain Louis C. Tiffany. « Il s’agit de la plus importante collection du genre au Canada et de l’une des rares séries religieuses de Tiffany subsistant en Amérique du Nord », peut-on lire sur le site du Musée des beaux-arts de Montréal.
La salle Bourgie est un temple de la musique. On s’y rend pour écouter des récitals, de l’opéra, de la musique baroque, du jazz et des spectacles de tous genres, pour toute la famille.
Salle Bourgie (1339 rue Sherbrooke ouest, Montréal)
Cette salle de spectacle polyvalente est ouverte depuis 2014. Avec ses hauts plafonds et ses vitraux, la nef de l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours donne à cet espace culturel un cachet difficilement imitable.
De nombreux événements s’organisent dans cet espace multi-usage, événements privés, corporatifs, tournages, concerts… mêmes des collectifs de musique électronique de type Drum and Bass y ont organisé des soirées. Ce lieu culturel à l’âme religieuse s’ouvre à des événements d’une diversité à toute épreuve.
Le Théâtre Paradoxe appartient au Groupe Paradoxe, un organisme communautaire et d’économie sociale qui oeuvre pour l’insertion professionnelle et sociale des jeunes à travers le monde du spectacle et l’événementiel. De plus, la salle est reconnue être un modèle en matière d’éco-responsabilité.
Théâtre Paradoxe (5959 boulevard Monk, Montréal)
Petit bonus : Allez jeter un oeil au pavillon Judith Jasmin, le coeur de l’Université du Québec à Montréal. L’ancienne église Saint-Jacques, classée monument historique, a fusionné avec le bâtiment universitaire. C’est surprenant !