Après le vin (de tomate), le Québec s’attaque au… pastis. À 6000 kilomètres de la capitale mère du pastis, Marseille, les “Fils du Roy” confectionnent “La Grande Hermine” (du nom du deuxième bateau de Jacques Cartier), un pastis entièrement québécois qui puise ses origines dans le Bas-Saint-Laurent. Leur recette du succès ? Aucun sucre, juste des plantes.
La Grande Hermine est un pastis inspiré du style “pastis de Marseille” dont le premier ingrédient en importance est l’anis étoilé, d’où ce bon goût de réglisse. “Je suis tombé par hasard sur une plante qui poussait sur le terrain d’une ancienne ferme agricole d’un ami, raconte Jonathan Roy. Cette plante goûtait super bon, c’était du carvi sauvage !”, se souvient le producteur qui ne savait pas encore quoi en faire. “Deux ans plus tard, j’ai eu l’idée d’en faire du pastis”.
Au Canada, si la culture du pastis n’est pas (encore) très populaire, c’est que le gin lui vole la vedette. “Souvent, les gens connaissent le pastis parce qu’ils l’ont testé durant un séjour en Europe mais ça s’arrête là”, confie le Québécois, fier de proposer enfin un pastis d’ici(tte) avec 45% d’alcool par volume et distribué dans une centaine de SAQ à travers le Québec.
“Avant de me lancer, je m’étais renseigné sur le sujet. J’ai appris qu’on pouvait produire le fameux pastis de Marseille depuis n’importe où”, raconte Jonathan Roy qui souhaitait créer un “petit jaune” encore plus naturel que son cousin français. Son pastis est donc conçu sans aucune forme de colorant, sans arôme artificiel et sans sucre ajouté. Toute sa saveur provient uniquement d’ingrédients naturels macérés et distillés. “C’est une boisson qui se consomme facilement, c’est léger, surtout si la partie de pétanque se prolonge !”, lance le Québécois en riant.
“On a également ajouté une deuxième plante, la gaspache, originaire de l’Alberta. Elle est très anisée, légèrement poivrée”, explique le passionné avant de rappeler qu’il faut attendre deux ans et demi avant de pouvoir faire du pastis avec la graine du carvi. “Ensuite, une fois que les ingrédients sont récoltés et séchés, on met environ 10 jours à faire notre pastis”, confie celui qui a reçu une médaille d’or lors du Berlin International spirit competition grâce à sa Grande Hermine.
Son but ? Faire découvrir le pastis aux Canadiens. “C’est une boisson encore méconnue mais il y a un réel engouement pour les produits locaux en ce moment au Québec alors je pense qu’on a une carte à jouer”, rapporte Jonathan Roy qui organise régulièrement des dégustations gratuites au sein de sa distillerie. “Les gens sont surpris d’aimer ça !”
Enfin, pour celles et ceux qui aimeraient déguster ce pastis québécois autour d’un repas, Jonathan Roy conseille de l’accompagner de fruits de mer ou de poissons. “On peut aussi faire cuire du poisson en l’arrosant avec ce pastis, c’est vraiment bon !”. Avant d’asperger votre poisson de Grande Hermine, sachez qu’il vous faudra tout de même débourser 50$ pour une bouteille (contre une vingtaine d’euros pour une bouteille de pastis en France). Mais quand on aime, on ne compte pas…