Elle stresse les étudiants des lycées français et cégeps québécois et rend perplexes bon nombre de parents, qui en perdent leur latin. Voici quelques principes de base pour mieux comprendre la notion complexe de cote de rendement au collégial, dite “cote R”, le sésame permettant aux étudiants les mieux notés d’accéder aux plus prestigieuses universités québécoises.
Qui est concerné par la cote R ?
Lycéens de France ou étudiants fraîchement arrivés sur le sol québécois en terminale, vous pouvez oublier votre cote R. Cette valeur n’étant utilisée que pour les élèves ayant effectué les deux dernières années de leur scolarité au Québec, votre candidature aux universités québécoises sera étudiée sans la prendre en compte, comme pour les étudiants internationaux.
De la même manière, les étudiants inscrits dans un lycée français ou un cégep québécois qui souhaitent poursuivre leurs études supérieures en dehors du Québec n’auront pas à se préoccuper de leur cote R. “Je crois utile d’apprendre à relativiser l’importance de la cote R pour nos élèves qui se mettent une pression démesurée sur le sujet, souligne Eric Galice-Pacot, proviseur du Collège international Marie de France. La cote R revêt une réelle importance pour certains programmes, mais elle n’est valable que pour le Québec. Des études aussi prestigieuses peuvent être effectuées en dehors du Québec (Ontario, USA, Europe…).”
Comment est-elle calculée ?
“La Cote R est le positionnement de l’élève dans son groupe, explique Eric Galice-Pacot. Le calcul prend donc en compte les résultats de l’élève et les résultats du groupe pour chaque discipline concernée”. La méthode mise en oeuvre par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur peut théoriquement donner un résultat allant jusqu’à 50, mais il atteint rarement 40 en pratique. Elle a pour objectif de permettre une évaluation uniformisée et équitable des résultats scolaires pour tous les élèves du Québec, quel que soit leur établissement.
La cote R est calculée pour chaque cours sur la base de la note de l’étudiant et sa position par rapport à la moyenne de son groupe (écart-type), ce qui donne la cote Z (le groupe étant constitué des étudiants suivant avec un professeur le même cours, la même année, au même trimestre avec la même évaluation).
Depuis une réforme de 2017, la cote Z est pondérée par un indicateur de la force et de la dispersion du groupe, qui prend en compte les résultats d’examens des étudiants québecois à la fin du secondaire (équivalent des classes de 3ème et seconde). Au final, les valeurs obtenues pour chaque étudiant (cote R générale et par matière) sont réputées indiquer à quel degré il parvient à se démarquer de la moyenne de son groupe, tout en tenant compte du fait que la générosité des correcteurs varie et que tous les groupes ne sont pas égaux (pour plus de détails, voir les explications et le calcul exact de la Cote R sur ce document du Bureau de la coopération universitaire. On vous prévient, ce n’est pas simple !).
Le Collège international Marie de France et Stanislas appliquent cette méthode aux notes obtenues par leurs élèves dans le cadre de leur scolarité française. “Nous utilisons la moyenne et l’écart-type des résultats des examens du secondaire au Québec fournis par le Ministère et nous utilisons ces étalons là pour ajuster la cote Z de nos élèves“, explique Madame Marie-Françoise Buratti, proviseure adjointe à Marie de France. Dans cet établissement, la cote R moyenne des élèves de terminale au premier semestre 2018-2019 s’élevait à 31,5. Parmi ces étudiants, 57% affichaient un score supérieur à 30 et 9,7% dépassaient 38 .
Son impact sur les études supérieures au Québec
Votre cote R ou celle de vos enfants n’atteint pas des sommets ? Sachez que toutes les universités québécoises demandent la cote R, mais elle est principalement utilisée pour l’admissibilité des candidats aux programmes contingentés du premier cycle, pour lesquels le nombre de demandes est supérieur aux places disponibles. L’admission à ces programmes se fera sur la base de cette valeur, mais le processus pourra également comprendre des tests, entrevues et/ou portfolios.
À titre indicatif, les candidats à ces programmes peuvent consulter en ligne les cotes R les plus basses et/ou moyennes des étudiants admis l’année précédente pour évaluer leurs chances. Dans le programme extrêmement compétitif de médecine à McGill par exemple, les étudiants convoqués aux entrevues en 2019 atteignaient des scores de 34,569 au minimum et 37,031 en moyenne (voir pour d’autres exemples les statistiques de McGill, l’Université de Montréal et l’UQAM).
Les lycées français offrent par ailleurs aux universités québécoises d’autres critères d’évaluation. “Certaines universités et certains programmes ne recourent pas à notre cote R, indique Eric Galice-Pacot, et préfèrent l’étude classique des bulletins et les résultats au baccalauréat.” Avec leurs appréciations écrites de professeurs, les bulletins à la française offrent un autre regard sur le parcours des étudiants.