Pour des raisons personnelles, Arsène Nalbandian (Koony pour les intimes), propriétaire du fameux café La Touche de l’avenue du Mont-Royal a décidé de vendre son commerce et de retourner en France. Le Marseillais avait ouvert son café il y a cinq ans, sur le principe du bar à vins. Retour sur son expérience montréalaise.
Le café La Touche, c’était une ambiance un peu désordonnée, des tables en bois faites main, des pancartes avec des citations et une odeur ambiante de grains de café. On s’y sentait un peu comme à la maison et c’était le but. « C’est un bordel rangé, comme une chambre, comme un espace à soi : les clients se sentent à l’aise ici », déclare Arsène Nalbandian, 39 ans, un sourire aux lèvres. Sur place, 20 cafés de type Arabica issus du commerce bio équitable, 37 variétés de thé, une quinzaine de smoothies, ou encore 8 types de chocolats chauds étaient proposés. « Chaque café a ses qualités et ses défauts : quand j’ai monté mon commerce, je voulais proposer une offre sur-mesure qui s’adapte aux goûts de chaque client ».
Le Français avait décidé d’offrir du haut de gamme local : « Mes cafés sont issus du commerce équitable et mes autres produits sont de la meilleure qualité que je puisse trouver. Tous mes fournisseurs sont locaux, mon boulanger travaille à cinq rues du café, mon torréfacteur et mon importateur de thés sont aussi montréalais. C’était important pour moi d’utiliser le commerce local et de faire vivre mon quartier ».
Si son café marche fort et qu’il est « extrêmement rentable » aujourd’hui, l’aventure n’a pas toujours été facile. Arrivé à Montréal il y a dix ans, Arsène Nalbandian a d’abord eu du mal à trouver du travail : « mon anglais n’étais pas très bon, ce qui m’a fait défaut au début. Pendant les deux premiers mois, j’ai dû envoyer entre 150 et 180 CVs, alors que j’avais déjà 5 ans de métier en tant que serveur », se souvient le trentenaire. Finalement, après avoir été embauché dans un restaurant et pris la gérance d’un autre, le Marseillais a voulu monter sa propre affaire. « Tout le monde m’a dit que j’étais fou : j’étais d’accord avec eux. Je suis fou alors je me suis lancé ! »
Un café à prendre (depuis janvier 2019)
« Il ne faut pas oublier qu’ici, nous sommes des immigrés. On imagine souvent que Montréal c’est une sorte d’eldorado, mais c’est très compliqué d’ouvrir son propre business », raconte Arsène Nalbandian qui parle en connaissance de cause. Il n’a d’abord pas trouvé de banque pour financer son projet. Une fois son café ouvert, « les deux premières années ont été très difficiles » : travailler 7 jours sur 7, tous les jours de l’année, 15h par jour… De quoi en décourager plus d’un.
« J’ai fait beaucoup d’erreurs, mais si c’était à refaire, je ne changerais rien. Je suis très heureux d’avoir réussi tout seul ! » Aujourd’hui, le café crée de l’emploi, a acquis une certaine notoriété et fonctionne bien. « Je travaille toujours beaucoup, mais c’est pour moi, mes clients et personne d’autre. » Arsène Nalbandian se félicite d’avoir pu transmettre sa passion, ses connaissance sur ses produits. « J’ai certains clients qui pensaient que le café n’était qu’une boisson chaude parmi tant d’autres et qui sont maintenant des férus de café, j’ai réussi à les plonger dans mon monde. » Mission accomplie.
Son conseil à celles et ceux qui voudraient ouvrir un café ou un restaurant à Montréal ? « Si vous voulez ouvrir un café, allez travailler dans un café deux ou trois ans avant de vous lancer. » Il faut connaître les différents types de clients, l’organisation des cafés, mais aussi se rendre compte des potentielles difficultés, qui sont nombreuses. « Et si vous n’êtes pas du métier, abstenez-vous ! On ne s’improvise pas gérant de café du jour au lendemain » Pour preuve, depuis qu’il a ouvert, « 8 cafés et restaurants ayant ouvert après moi ont déjà fermé ».
Cherchant un repreneur depuis le mois de janvier 2019, Arsène Nalbandian a décidé de réduire le prix de vente drastiquement. « Mon café est estimé à 150 000$, je le propose maintenant à moitié prix…. J’ai envie que l’histoire continue : si je reviens à Montréal, je veux pouvoir m’asseoir à une table et déguster un grand cru bio ici. »