S’il est réalisateur, Emmanuel Itier est aussi et surtout le protégé de Sharon Stone avec laquelle il produit plusieurs de ses documentaires. Trois de ses films seront projetés au Festival Vues du Monde, qui se tiendra à Montréal du 18 au 24 septembre.
“C’est l’histoire d’une rencontre entre Yse Brisson (NDLR: déléguée générale du festival) et moi à Cannes cette année“, confie simplement Emmanuel Itier. “Quand elle a vu qu’un mec avait fait un film aussi féministe, elle s’est dit: cela n’arrive pas tous les jours! Ça vaut la peine de montrer ce film”.
Le documentaire féministe en question, c’est Femme (2013) produit par Sharon Stone et maintes fois primé. “J’ai dit à Sharon: je veux faire un film féministe. Elle m’a répondu: t’es un taré toi!“, s’amuse le réalisateur. Convaincue, elle le produit et figure également parmi les femmes qui y sont interviewées. Le film aborde la fin du patriarcat dans nos sociétés et la nécessité d’adopter un nouveau modèle. “Si ça ne va pas dans le monde, c’est parce qu’il y a un déséquilibre entre le masculin et le féminin“, commente Emmanuel Itier.
Femme sera projeté le 19 septembre au théâtre Rialto dans le cadre d’une journée du festival consacrée aux femmes dans les médias, et reprogrammé le 20 septembre en présence du réalisateur. Il s’insère parfaitement dans la philosophie du Festival Vues du Monde, créé l’année dernière à Montréal et dédié aux films, scénarios et musiques de films qui abordent les droits de l’Homme (notamment ceux des femmes et des enfants) et la protection de la planète.
Pour cette deuxième édition, les organisateurs ont décidé d’en profiter pour montrer également deux autres documentaires d’Emmanuel Itier: The Invocation, réalisé en 2010, et The Shamanic Trekker, nouveau film dans lequel Emmanuel Itier est parti au Pérou à la recherche des racines du chamanisme. “On est allés chez les indiens Q’eros qui sont les descendants des Incas, à plus de 14.000 pieds d’altitude. J’ai failli y perdre mon cameraman qui avait le mal d’altitude!”, se souvient-il.
Avec cette triple présence au festival, Emmanuel Itier pourra accroitre la visibilité de son travail mais ce ne sera sans doute pas suffisant pour améliorer sa santé financière. “J’ai eu une vingtaine de prix pour “Femme”, on continue de le montrer, et j’ai quand même dû déclarer faillite il y a quatre ou cinq ans”. Un fiasco commercial lié, selon lui, à une distribution bâclée. “Ils ne mettent plus les moyens. Il y a un problème de saturation et de piratage“, commente le réalisateur désabusé qui jongle avec des travaux de journaliste et de consultant à côté de ses réalisations pour s’en sortir.
Côté projets, Emmanuel Itier n’en manque pas! Il poursuit sa collaboration avec Sharon Stone sur deux nouveaux documentaires. We the people est une thèse sur l’économie et la politique. “Je veux lever le voile de la connerie pour révéler l’intelligence des gens“, lance le réalisateur. Dans les tuyaux également, le documentaire The Cure, qui aborde la médecine, la santé, la nutrition et l’environnement. “À chaque fois, ce sont vraiment de grosses thèses humanitaires (…) pour bien montrer que tout est lié, tout est connecté et qu’ensemble on peut tout solutionner“, annonce Emmanuel Itier, optimiste.
Gilbert Glogowski aussi
Le festival permettra également d’apprécier le travail d’un autre réalisateur français, Gilbert Glogowski. Son film Je t’aime à la folie, qui aborde le thème des violences conjugales, sera projeté en sa présence le 20 septembre à 11h au Centre des sciences. À l’issue de la projection, un débat aura lieu incluant notamment Janine Bonaggiunta et Nathalie Thomasini, les avocates de Jacqueline Sauvage. Pour mémoire, cette française avait été condamnée par la justice pour le meurtre de son mari dont elle et ses filles avaient dû subir la violence et les abus sexuels. Elle avait été finalement graciée par François Hollande en 2016.