Le consulat général de France à Québec et le Studio XX organisent une rencontre intitulée “Le genre à l’épreuve de la ville” à Montréal. Ouverte à toutes et à tous, la discussion sera animée par la journaliste Judith Lussier qui fera dialoguer Arnaud Alessandrin, sociologue français du genre et des discriminations et Ianna Book, artiste-activiste montréalaise. L’événement invitera les personnes présentes à s’interroger sur la place accordée au genre dans l’espace urbain.
Comment la ville influe-t-elle sur les inégalités de genre et comment faire de nos villes des espaces plus inclusifs? On a profité de l’événement pour poser la question à Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn, chercheuses* à l’université de Bordeaux et codirectrices des Cahiers de la LCD (Lutte Contre les Discriminations). “Ce qui fait que la ville est plus anxiogène pour les femmes que pour les hommes -quoiqu’à ce stade déjà il faudrait nuancer- procède d’un faisceau de phénomènes relatifs aux heures d’usage de la ville, aux modes de transports utilisés, à l’éloignement urbain, au type de déplacement effectué, aux expériences de discriminations vécues ou perçues dans cette même ville, etc…”, expliquent les chercheuses selon qui la réponse en termes de “solutions” doit donc être prononcée au pluriel.
Les deux chercheuses préconisent, entre autres, un observatoire des discriminations sur un territoire local. “Diagnostiquer, quantifier et qualifier le phénomène à l’échelle d’une ville permet non seulement de faire apparaître des points saillants relatifs aux problèmes des sexismes dans la ville mais également de suivre sur le long terme l’impact des politiques mises en œuvre. L’alliance des élu.e.s, des chercheur.se.s et des acteurs du terrain est ici indispensable au bon fonctionnement de ces études.”
Enfin, d’après Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn, le Canada ou la Suisse sont bien plus en avance que la France en termes de politiques publiques. “La lutte contre le masculinisme à Montréal mais aussi contre l’homophobie sont bien plus avancées qu’en France. Mais les outils de communications (dans l’espace public, les transports) sont tout aussi peu nombreux. Pour qu’une politique de lutte contre les discriminations et le harcèlement dans la ville soit efficace, il faut que l’ensemble des victimes réelles ou potentielles se sente visé par les campagnes. La multitude des profils mis en scène est important.”
*Dans le texte, le féminin l’emporte volontairement sur le masculin à la demande d’Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn.