A 51 ans, Gad Elmaleh assume : “c’est le spectacle de la maturité”. Un spectacle, baptisé “D’ailleurs”, où il se dévoile comme jamais il ne l’avait fait. Il y parle de tout : de son âge, de sa vie d’artiste mais aussi et surtout de sa vie privée, lui qui a toujours été quelqu’un de plutôt discret. Après une tournée à guichets fermés en France, l’humoriste débarquera à Montréal au Centre Bell dimanche 30 octobre. Une manière pour lui de “boucler la boucle”.
Car c’est au Québec, où il a vécu quatre ans entre ses 17 et 21 ans, que tout a commencé pour lui, puisqu’il a fait ses premières scènes à Montréal, sa “ville de cœur” là même où il s’est épanoui en tant qu’artiste. “La première fois que je me suis présenté au public, c’était pour le cabaret Juste Pour Rire”, se souvient-il. Ce qu’il aime particulièrement dans cette province canadienne, c’est son attachement à la francophonie. “Ce sont des amoureux de la langue française, et la langue pour les auteurs, c’est plus qu’un outil, c’est une arme d’expression. On peut tout faire avec la langue, jouer avec, faire des accents”.
Son spectacle, “D’ailleurs”, est complètement “autobiographique”. Gad Elmaleh y aborde des thèmes comme la paternité (lui qui est papa de deux enfants dont le dernier est né de son union avec la princesse Charlotte Casiraghi, fille de Caroline de Monaco et petite-fille de Grace Kelly), son entrée justement dans une famille princière, la religion, ses débuts et ses premiers spectacles donnés à sa grand-mère, la mort, la maladie, son expérience aux Etats-Unis… La vérité et rien que la vérité : c’est un Gad Elmaleh sans fard que le public pourra ainsi découvrir. “Je suis arrivé à un stade de ma vie où je ne redoute plus les réactions. Avant j’arrondissais un peu les angles, je me cachais derrière des personnages”, confie l’humoriste, “mais là, j’ai voulu faire un spectacle plus intime, tout dire sans se cacher. C’est la maturité et je l’assume”.
Mais ce n’est pas parce qu’il va parler de sujets sérieux, qu’il va le faire sur un ton sérieux, car il est avant tout un humoriste hors pair à qui la scène avait cruellement manqué pendant ces mois compliqués de crise sanitaire. Mais le manque ressenti ne venait pas simplement du fait de ne plus pouvoir jouer et faire rire. “Cela allait bien au-delà. J’étais au concert de la chanteuse Isabelle Boulay il y a quelques jours. Elle a expliqué au public que pendant le confinement, ce qui lui avait le plus manqué, ce n’était pas de ne pas pouvoir chanter. Mais de ne pas pouvoir donner. C’est exactement cela. Et ça n’a rien à voir avec du sentimentalisme bidon. La mission d’un artiste, son ADN, c’est d’aller sur scène pour donner. À chaque spectacle, il y a cette émotion, quelque chose d’intense et émouvant. Et j’ai toujours adoré ces moments de retrouvailles”.
Retrouver la scène et le public, soit. Mais comment continuer à faire rire tous les publics, après 25 ans de scène et 50 printemps au compteur ? La clé du succès pour Gad Elmaleh réside dans la capacité à s’intéresser justement aux nouvelles générations. “Si un humoriste n’est pas au contact de la jeunesse, alors il perd de sa substance, il risque d’être déconnecté, d’être en décalage avec le public”. Cependant, pas question de changer de personnalité, simplement d’état d’esprit pour s’adapter. En tant qu’artiste, existe toujours cette crainte de devenir “has been”, de faire le spectacle de trop, ajoute l’artiste. “Mais le doute est un vrai moteur. Et puis, quand on est humoriste, on ne peut pas l’être toute sa vie”.
Reste à savoir l’accepter en dirigeant son énergie vers d’autres projets comme en transmettant son savoir via des collaborations avec de jeunes humoristes, ou en multipliant les perspectives dans le cinéma ou dans l’écriture de scénarios… Ce que Gad Elmaleh, artiste multi-talents (il sait très bien chanter), fait aujourd’hui, lui qui prête depuis plus de dix ans sa voix à Gru dans les films d’animation de la saga “Moi, moche et méchant”. Cependant, le natif de Casablanca ne s’interdit rien. “On a toujours l’envie de l’adrénaline et si à 60 ans, j’ai toujours autant envie de faire des blagues, et que je suis assez vif pour ça, alors pourquoi pas”.
Si Gad Elmaleh est souvent cité parmi les humoristes préférés des Français, c’est sans doute pour ça : sa capacité à vouloir être le plus vrai possible. “Mon inspiration vient de la vraie vie. Par exemple, quand je parle de mon expérience à Hollywood, j’explique comment, quand j’ai rencontré des grandes stars, j’ai pu me sentir comme un blédard dans certaines situations. Car en réalité, on est tous le blédard de quelqu’un”.